[Knight] Journal de Bord - John Doe

Journal de Bord - Entrée 1 - Lundi 6 Juillet 2037

Je ne sais pas trop pourquoi j'écris cela mais on m'a dit que cela pourrait être utile...
J'aurais préféré tenir ce journal avant de perdre tous mes souvenirs...
Bref, faisons les choses dans l'ordre et évitons d'avoir à tout recommencer à nouveau...

On m'a retrouvé en haut d'un bâtiment, en France, à Paris... Au sommet du Sacré Coeur...
Si je savais ce que je pouvais bien foutre là-bas...
Apparemment, j'aurais abattu une créature avec un fusil de précision...
Pourquoi je ne me souviens de rien ?!

Tout ce qu'on a pu retrouver sur moi, c'est cette plaque, gravé du nom de "Death Strike"...
Ca fait déjà 6 mois qu'on m'a rapatrié ici, à Londres, et à peine une semaine que je me suis réveillé...
J'ai entendu les médecins échanger avec des types en armures : ils parlaient de me faire candidater au Knight...
Mais où est-ce que je suis tombé ?!

En l'absence de quelque élément pouvant donner un indice sur mon identité, ils ont décidé de m'appeler John Doe...
Pourquoi pas ? Simple, efficace... Pour ma part, Death Strike me convient tout autant... Au moins, on ne viendra pas m'emmerder...
Ce qui m'inquiète davantage, ce sont les cauchemars que je fais depuis mon réveil... Des images floues, imperceptibles, mais les cris... Les hurlements... Toujours ces cris ! Pourquoi ?!
Les médecins pensent que ça peut avoir un rapport avec mon passé, comme des souvenirs enfouis dans l'inconscient... Mais quelle vie ai-je pu mener pour entendre de telles atrocités ?!

J'ai besoin de me reposer mais... Je le sais... Je sais qu'à peine les yeux fermés, je les entendrai... Ces voix qui me hantent...

Journal de Bord - Entrée 2 - Vendredi 17 Juillet 2037

Ca y est, on m'a enfin laissé sortir... au-delà du jardin de l'hosto, j'entends...
Les médecins ont beau dire que j'ai récupéré étonnamment vite, j'ai vraiment trouvé ce séjour beaucoup trop long...
Et comme si ça ne suffisait pas, on me sort de ces murs pour m'emmener dans d'autres...
Un chevalier est venu me chercher pour me faire passer un "test" (il a vraiment mimé des guillemets) afin d'entrer au sein du Knight...
On part dans 1h...
Il m'a promis de m'expliquer en chemin... Qu'est-ce que j'ai à perdre de toutes façons ?

Journal de Bord - Entrée 3 - Vendredi 17 Juillet 2037

Bon, nous voilà arrivés... Il était temps !
Je n'en pouvais plus des jacasseries de ce type ! Quel bavard !
Ceci dit, je dois reconnaître qu'il est plutôt bon concernant la promotion du Knight...
Pour ce que j'en ai compris, il s'agit d'une organisation qui cherche à lutter contre l'Anathème, cette saloperie qui ronge le monde... D'ailleurs, c'est assez étrange mais, lorsqu'il a abordé le sujet, c'est un peu comme si cela me semblait plus ou moins familier... Comme si je connaissais déjà cette histoire de Ténèbres...
A vrai dire, il m'a même convaincu de rejoindre leurs rangs : leur cause me semble noble et juste et, très franchement, je n'ai rien d'autre dans ma vie : ni passé, ni présent, ni avenir. Il y a de grandes chances pour que cette issue soit la seule qui permette de trouver un but et sûrement des réponses. Autant m'y consacrer pleinement.

A l'heure où j'écris ces quelques lignes, je suis assis avec cet étrange personnage, dans un bar...
Il m'a invité, ce que je ne comprends pas vraiment... Qu'est-ce qu'il a à me coller comme ça ? Il n'a pas d'ami ou quoi ? Il a dit qu'il me trouvait sympathique... Pourtant, je n'ai pas lâché un mot et je ne pense pas avoir le visage le plus joyeux du monde...
Soit ce mec a un pète au casque, soit il se sent vraiment seul !
Enfin, ce n'est pas un mauvais gars, loin de là même... Et soyons honnête, ça fait du bien de pouvoir s'appuyer sur quelqu'un quand on ne connaît personne...
D'ailleurs, je devrais peut-être lever les yeux de mon carnet... Ce n'est pas forcément très respectueux de laisser parler seul... Il revient avec deux pintes, donnons-lui sa chance !

Journal de Bord - Entrée 4 - Samedi 18 Juillet 2037

Nous y voilà... Le Hall d'Accueil des Prospects !
Après de longs monologue de la part de mon nouveau... je ne sais pas encore comment le définir mais il a fini par me donner son nom : Jean-Christophe Hembert, un Français.
D'ailleurs, il faisait apparemment partie de la coterie qui m'a retrouvé, à Paris.
J'ai encore du mal à croire que ce type soit chevalier...
Sérieusement, si vous le voyiez, vous comprendriez mes doutes... Ceci dit, j'apprécie son côté joyeux et bon vivant. Il aime manger, et ça se voit !

Pendant que nous descendions nos pintes et que nous dînions, JC (c'est ainsi qu'il m'a demandé de l'appeler) m'a parler de ce qui aurait lieu le lendemain : il m'emmènerait d'abord au Hall d'Accueil des Prospects, où l'on me mettrait un casque sur le crâne afin de passer le test de "réponse". Apparemment, sans cela, on ne passe même pas les Tests d'Aptitudes... De ce que j'en ai compris, les jours à venir vont être riches en tests...
JC me répète que j'ai toutes mes chances, que tout ça c'est dans la tête... Dans la tête, hein... Dois-je vraiment lui rappeler que la mienne est plus vide qu'autre chose ?

Selon lui, elle est davantage verrouillée que vide, comme si tout était encore là mais sous un verrou inconscient...
Mais dans ce cas, quelle serait la clé ? Ce qui est certain, c'est qu'attendre sans rien faire ne m'apportera aucune lumière.
Autant que je tente le tout pour le tout en rejoignant ces types : non seulement je pourrai aider mais, en plus, je maximiserai mes chances de trouver des éléments de mon passé qui pourraient me permettre de retrouver mes souvenirs.

Suite à un repas plus que copieux (ça m'a bien changé de l'hôpital), JC m'a payé une chambre pour passer la nuit.
Ce matin, ce bougre d'âne n'a rien trouvé de mieux à faire que de me réveiller en hurlant ! J'ai bien failli lui lancer un couteau, que j'avais caché sous mon oreiller, entre les deux yeux ! Fort heureusement pour lui, le fait de réaliser cette action au réveil a réduit ma précision, amenant le couteau à se ficher dans le mur... Pour ce qui est du couteau, je ne me souvenais pas l'avoir emporter avec moi... Il s'agissait de celui qui m'avait servi à couper ma viande la veille... Je ne me savais même pas capable de ce genre de lancers, pour tout dire...
Après avoir repris des couleurs, JC a recommencé avec son histoire de "verrou mnémonique" : "Tu vois ! Ton corps se souvient ! T'as dû sacrément t'entraîner pour développer des réflexes et des techniques pareilles !"
Bon sang mais qui suis-je ?

Nous avons pris un petit-déjeuner, rapidement, payé par mon hôte, et ce dernier s'est empressé de m'emmener à Camelot, le fameux QG du Knight...
Je dois avouer que je ne m'attendais pas à cela : c'est vraiment impressionnant... L'édifice mais également la circulation qu'on peut y voir... On y sent une sorte de souffle... épique ! Comme si les lieux étaient empreints d'une énergie incroyable ! Tout ici respire l'héroïsme !
JC semblait surexcité à l'idée que je puisse rejoindre le Knight, et sa coterie... C'est un bon gars mais... Si je pouvais éviter de me le coltiner  constamment, j'aimerais autant...

Arrivés devant les portes du Hall d'Accueil des Prospects, Jean-Christophe a soudain été investi d'un calme et d'un sérieux qu'il ne m'avait jamais montré jusqu'ici... Il s'est tourné vers moi et m'a souhaité bonne chance, avant de me pousser à l'intérieur d'une main imprégnée d'une énergie étrange : "J'espère que tu réussiras" me dit-il avec un clin d'oeil...

A présent, j'attends, assis par terre, que l'on veuille bien me donner le résultat de mon test de réponse...

Journal de Bord - Entrée 5 - Samedi 18 Juillet 2037

La première journée à Camelot est terminée, autant en profiter pour mettre à jour le journal de bord...
Bon, j'ai enfin été appelé, après une bonne heure d'attente...
Cela dit, ça m'a permis d'observer un peu les autres "candidats"... Je trouve ça absurde mais c'est ma seule chance, pour le moment, d'obtenir les moyens d'enquêter sur ma vie d'avant...

Mon regard s'arrêta sur une jeune femme aux yeux verts et aux cheveux châtains, bientôt rejointe par un homme d'une cinquantaine d'années, une housse de guitare à la main. Quelque chose m'avait fait m'arrêter sur cette jeune femme, mais quoi ? C'est au moment où elle releva le col de son pull que je compris ce qui m'avait arrêté : un genre de plaque rouge couvrait une partie de son cou jusqu'à l'oreille. Pourquoi est-ce que cela me taraude autant ? Maintenant encore, je ne comprends pas ce qu'est cette plaque et, pourtant, cette image reste figée dans mon esprit...
Cela pourrait-il avoir un rapport avec mon passé ?
La voix qui appelait les candidats finit par annoncer « Susan Engelmann, positif. Veuillez vous rendre hall deux s’il vous plait »...
A ces mots, la jeune femme se leva et se dirigea vers le hall deux tandis que les gens autour applaudissaient...
Bande d'imbéciles... Vous applaudissez une personne qui vient d'être sélectionnée pour être instrumentalisée... Moi, au moins, je me porte volontaire en sachant que je serai une arme... mais en l'absence d'autre solution à mon amnésie, c'est encore mon meilleur choix... Combien resteront lorsqu'ils comprendront que ce n'est pas un jeu...?

Après quelques minutes d'attente supplémentaire, je vis un homme entrer, escorté par un chevalier en armure... Ce type m'a tout l'air d'un bel emmerdeur...
A peine le temps de songer à cela que mon "nom" retentit enfin. Positif.

Première étape réussie...

Journal de Bord - Entrée 6 - Lundi 20 Juillet 2037

Aujourd'hui, on m'a fait passer des examens médicaux...
On m'a demandé ce dont je me souvenais...
Avant l'hosto, rien...
Cependant, je leur ai fait part de mes rêves et de cette fixation sur la plaque rouge de la jeune femme...
Ils ne m'ont rien appris de plus que ce que j'avais déjà envisagé... Décidément, je commence à croire de moins en moins à la résolution de mon amnésie grâce au KNIGHT...
Quoique je n'irais pas jusqu'à dire que cet examen fut totalement inutile.
D'après eux, j'ai suivi un entraînement intensif et exigeant. Ma forme physique, mes réflexes et mes capacités cognitives semblent en attester.
Mais je crains que ça ne crée de la méfiance à mon encontre. J'ai vu leurs regards : ils étaient anxieux, comme si ces données pouvaient sous entendre que j'eus pu être un ennemi. Je vais avoir besoin de renseignements pour mieux comprendre la situation. Il doit exister d'autres organisations que le KNIGHT. Peut-être en ai-je fait partie ?
QUAND EST-CE QUE CETTE FOUTUE MEMOIRE VA ME REVENIR ?!

Le reste n'a pas duré bien longtemps.
Ils ont fait quelques prélèvements, demander quelques dépôts afin de réaliser des dépistages et m'ont également fait une biopsie du cerveau (des fois qu'ils trouvent quelque chose)...
Je ne suis vraiment pas mécontent que ce soit fini...

Pourtant, cette dernière phrase du médecin me reste en tête : "Il vaut parfois mieux ne pas se souvenir de qui l'on était..."

Journal de Bord - Entrée 7 - Mardi 21 Juillet 2037

Les journées s'enchaînent mais aucune ne ressemble à la précédente...
J'ai eu l'occasion d'échanger avec JC, ce matin : il est assez surpris que l'on me fasse enchaîner les tests à cette cadence... C'est assez inhabituel... Selon lui, c'est parce que je suis "exceptionnel !"... Quel optimiste, comme d'habitude... Pour ma part, je pense surtout qu'ils veulent rapidement définir si je suis ou non une menace... Si je devais être un espion, me garder trop longtemps dans Camelot pourrait s'avérer fatal...
Je ne leur en veux pas... Je n'ai pas de passé, pas de nom... Rien ne permet de me faire pleinement confiance...

Aujourd'hui, on m'a fait passer un test psychologique... Afin de déterminer si je suis apte ou non, au vu de mon état mental, à intégrer le KNIGHT... J'ai bien senti qu'ils cherchaient également à cerner la véracité de mon histoire...
Suite à cela, on m'a envoyé dans un vestiaire, pour enfiler une combinaison.
Ils appellent ça un Guardian. JC en porte une lorsqu'il n'est pas en mission.
J'ai eu le droit à un speech par haut-parleur pour m'expliquer de quoi il ressortait : en gros, la combinaison est une meta-armure "au repos". Lorsqu'elle se déploie, on parler de "folder" l'armure. Etant donné mes qualités de tireur, on m'a assigné une meta-armure de type Ranger. Je dois avouer que je l'aime bien, je me sens à l'aise avec.
Mais quelque chose me chiffonne... Cette espèce de présence... Ils m'ont parlé d'un "fantôme"... Ce qui m'inquiète le plus, c'est qu'ils ne sont même pas capable de m'expliquer exactement de quoi il s'agit... Je n'aime pas ça...

Ensuite, nous avons rapidement enchaîné : folding de l'armure puis tests de pilotage.
Cette armure est incroyable ! Elle est très intuitive !
Une fois lancé, je ne voulais plus m'arrêter, je voulais continuer les tests et essayer toutes les performances que peut offrir cette armure !
J'étais grisé ! Au point que je n'ai pas remarqué que l'énergie de l'armure s'épuisait à force de trop la solliciter...
Ca a bien fait rire l'ingénieur qui regardait le spectacle... Il m'a dit que c'était une bonne chose : j'avais pu expérimenter une "panne sèche" dans des conditions sécurisées...
Au moins, maintenant, je sais que cette armure est loin de rendre invulnérable... Ceci dit, elle a été conçu pour le tir. A distance, je pourrai davantage me permettre de prendre des risques que mes compagnons au contact... "Compagnons" ? C'est étrange que ce mot me soit venu... Ai-je déjà fait équipe par le passé ? Etions-nous proches ? Encore trop de questions en suspens.

Bon, mon armure vient de terminer de se recharger complètement (plutôt pratique d'ailleurs, ce système)... Il est temps d'y retourner !

Journal de Bord - Entrée 8 - Vendredi 31 Juillet 2037

Enfin !
Ca fait des jours que je passe mon temps à m'entraîner avec mon armure (je lui ai d'ailleurs trouvé un nom. Enfin, à mon IA : Death Scythe ! Quoi de mieux pour l'arme d'un homme surnommé Death Strike ?)...
Ce fusil est incroyable ! Couplé avec l'attirail du reste de l'armure, c'en devient un véritable bijou !
Je note que je ressens en certain enthousiasme vis-à-vis des armes, même si l'idée de tuer ne m'enchante pas vraiment... Mais lorsque je me concentre pour tirer, j'ai l'impression que mon esprit se vide automatiquement, comme si plus rien à part ma cible n'existait... C'est peut-être également lié à l'armure...
J'avoue ne plus trop savoir ce qui appartient à quoi ou à qui : je porte cette armure jour et nuit, je ne la lâche plus... On m'a conseillé de la porter le plus souvent possible afin de m'y habituer mais je ne veux tout simplement plus l'enlever... Elle me rassure, la nuit, lorsque je fais ces cauchemars...

Bref, je viens de recevoir un message me convoquant devant le chevalier "Dagonet".
D'après JC, j'aurais pu tomber sur bien pire, même si, "il a pas l'air toujours très net"...
Ce n'est pas vraiment pour me rassurer...
Je dois me rendre à Camelot pour 21h soit dans une heure.
JC a proposé de m'accompagner et, étrangement, j'ai accepté... Et ça m'a rassuré...
Ce personnage haut en couleurs n'en finit décidément pas de m'étonner...

Bon, il est temps : direction Camelot...

Journal de Bord - Entrée 9 - Vendredi 31 Juillet 2037

Je viens rentré de Camelot, accompagné de JC...

J'ai rencontré le fameux "Dagonet" : il est effrayant...
Pas tant par sa carrure ou son attitude, mais plutôt par son intelligence qui transpire par tous les pores de sa peau...
Cet homme est m'a inspiré le plus grand respect et, si tous les chevaliers de la table ronde sont aussi impressionnants que lui, nul doute que je les servirai avec ferveur.
Toujours est-il que s'il m'a convoqué, ce n'est pas pour me demander de rejoindre ses rangs. Je suis assigné aux ordres du chevalier Lancelot.
Malheureusement indisponible, celui-ci ne pouvait me recevoir...
J'ai donc été nommé écuyer... En soi, je n'appartiens à aucune section...
Dagonet m'a proposé de rejoindre la sienne, par la suite, si cela m'intéresse... Il a entendu parler de mon amnésie et pense que sa section est certainement la meilleure dans mon cas : elle me permettra de faire des recherches, de découvrir des choses et peut-être de faire resurgir des éléments de mon passé...
Je n'y crois pas vraiment, pour ma part... Et je pense que mes compétences seraient bien plus à propos dans une autre section...
En soi, ne pas avoir de section est peut-être une bonne chose : cela me permet de mûrir une décision en fonction des expériences que je ferai au KNIGHT...

Une fois congédié par Dagonet, j'ai rejoint JC et nous sommes allé boire un coup pour fêter ça !

Ca y est : je fais partie du KNIGHT et j'ai un ami !

Journal de Bord - Entrée 10 - Mardi 31 Octobre 2037

Je n'ai pas eu de beaucoup de temps pour moi, ces derniers mois.
Il m'a fallu m'entraîner seul puis en groupe.
J'espérais travailler de concert avec JC mais l'on a préféré m'assigner à un autre groupe.
Une coterie... C'est comme cela qu'ils les appellent...

Ainsi, j'ai rejoint Red, la jeune femme que j'avais vu le premier jour de mon arrivée au Knight, ainsi que Berger, le type escorté par un chevalier ce même jour...
Pas le temps de se présenter, réunis dans la Danger Room, l'entraînement fut lancé sans avertissement aucun !
L'idée était de voir comment nous allions gérer la situation spontanément et voir quels seraient notre cohésion et notre travail d'équipe : ce fut un fiasco...
J'ai tenté de tirer sur un des automates mais Red a couru en travers de ma ligne de mire pour aider Berger qui semblait plus occupé à vouloir lancer tout ce qui lui tombait sous la main plutôt qu'autre chose. Résultat, la balle en caoutchouc est venue frapper le genou de Red qui a trébuché sur Berger, lequel, pris d'une crise de rage, s'est mis à hurler qu'on ne le prendrait pas vivant...

Peu de temps après, on nous fit visionner la vidéo de notre... exploit...
Si ça avait été une vraie mission, j'aurais signé l'arrêt de mort de mes camarades...

Ainsi, nous passâmes les mois suivants à travailler d'arrache-pied, sans jamais relâcher nos efforts : individuellement, nous étions excellents, mais en équipe, nous ne valions rien... Mais au fil des entraînements, nous finîmes par mieux communiquer, nous accorder parvenir à nous entendre et nous découvrir.
Red m'a parlé de son amour perdu ainsi que de son père ; Berger est resté plus évasif, expliquant qu'il avait fait de son mieux en s'improvisant meneur d'une petite ville qui fut emportée par les ténèbres. Je comprends mieux ses "crises"... ; pour ma part, je n'avais pas grand-chose à leur partager... Mes souvenirs n'étant toujours pas revenus... Je leur ai parlé de JC et de la façon dont j'avais été amené jusqu'au KNIGHT... Ils n'avaient pas plus de réponse quant à la fameuse plaque militaire...

Nous fûmes ensuite rejoints par Triple, dont la famille avait été massacrée par l'Anathème... Les débuts avec elle ont été... explosifs...
Je ne comprends pas bien pourquoi mais elle semble vouloir tout exploser à grands coups de grenades... Autant dire que la finesse n'est pas son fort... Cependant, elle n'abandonne jamais les membres de son équipe et est capable de mettre sa vie en péril au profit de ses camarades ! On n'est pas toujours d'accord sur la manière de faire mais, une chose est sûre, c'est un vrai chevalier !

Notre équipe a travaillé dur et, aujourd'hui, on nous envoie sur notre première mission !
Enfin l'occasion de sortir de Camelot et, avec un peu de chance, trouver des informations sur mon passé !

J'espère que tout se passera bien...

Journal de Bord - Entrée 11 - Mercredi 1er Novembre 2037

Il est 3 h du matin, nous venons de terminer notre première mission et nous avons rendu notre rapport à Lancelot...

Il paraît que le 31 octobre est le soir durant lequel on fêtait Halloween, à une époque... Une fête durant laquelle on portait des masques pour faire peur... Quelle ironie...

Il y a quelques heures à peine, en fin d’après-midi, nous recevions notre premier ordre de mission : un meurtre avait été commis dans une conforteresse de Londres. La victime était Emilie Jones. Le crime était… anormal… Notre objectif : trouver les coupables et les ramener à Camelot.

En fin de journée, vers 21 h environ, nous arrivâmes sur une place proche.
Nous fûmes accueillis par le chef de milice Barns, un homme marqué par le temps mais surtout par sa fonction. Il avait sûrement déjà dû en voir de belles mais, cette fois-ci, il avait vraiment l’air d’avoir pris un coup. Il ne laissait pas paraître grand-chose mais son regard en disait long.
Tandis que Red échangeait avec lui, nous avancions jusqu’à l’appartement de la victime, le 133. Selon Barns, le corps avait été retrouvé par le voisin d’en face.
Une petite visite ne serait sûrement pas de trop.
Barns ouvrit la porte et nous entrâmes en déployant nos armures. Nous scannâmes l’étage afin de s’assurer qu’aucun danger ne viendrait à nous surprendre : rien, à part le barman dans son appartement, en face.
L’appartement était vide, à l’exception d’une femme, le corps nu et suspendu, comme crucifiée.
Son visage était caché par un masque blanc mais sa peau, découverte, laissait à voir neuf lacérations profondes ainsi qu’un souillon rouge faisant office de collier. Neuf fils noirs, se terminant par des crochets, fixés au sol et au plafond, permettaient de maintenir le cadavre dans cette position sacrilège, telle une marionnette immobile. Des bougies étaient allumées tout autour et éclairaient, de leur lumière vacillante, la scène macabre qui se jouait devant nous.

Après un instant de surprise et de malaise, nous lançâmes les investigations.
Sur la table, deux verres d’alcool. La victime n’était donc pas seule.
L’emballage des bougies, dans la poubelle, nous permit d’apprendre qu’elles venaient du Byrd Market.
Nous notâmes également la présence d’un flacon vide, couvert de poudre noire. Après analyse par nos IA, nous eûmes la confirmation qu’il s’agissait de Penombra, une drogue qui s’inhale et provoque des hallucinations, amenant le consommateur à se prendre pour une créature prédatrice.
Du côté du cadavre, celui-ci était mort récemment, les lacérations avaient été faites, non pas pour tuer mais, pour faire mal. Les crochets avaient été vissés profondément dans les os de la victime. Tout cela relevait d’un geste parfaitement maîtrisé. Le masque blanc, sur le visage, était cousu à ce dernier et fait de porcelaine. Nous constatâmes également une trace de piqûre sur le bras mais aucun signe prouvant qu’elle se fût débattue ou même qu’elle eût été liée de quelque manière.
Sur son épaule, le nom de « Marty » était tatoué.
Notre base d’informations ne nous appris pas grand-chose de plus sur elle : Emilie Jones, 25 ans, pas de famille, originaire de Dublin, employée au Byrd Market.

Nous nous scindâmes alors en deux groupes : Red et moi sommes allés interroger le voisin tandis que Berger et Triple se sont dirigés vers le Byrd Market.


L’interrogatoire fut bref. Il s’agissait d’un petit brun avec de l’embonpoint, du nom de Alex Camp, barman au Black Jack. Il nous raconta qu’il était sorti pour prendre son service mais a vu la porte de Emilie ouverte. Il était ami avec la victime et allait souvent chez elle pour discuter.
Selon lui, elle avait de mauvaises fréquentations. Essentiellement des petites frappes. Il se souvenait particulièrement d’un mec, venu plusieurs fois, blond, avec un blouson en cuir marron et un air menaçant. Apparemment, il avait également vu cet homme dans son bar, discutant avec le patron : Avy Haussmann. Malheureusement, il n’avait jamais pu entendre leurs discussions.

De leur côté, Berger et Triple n’avaient pas perdu leur temps. Ils nous contactèrent par radio pour nous rapporter leurs découvertes : ils avaient pu parler avec le gérant du Byrd Market, Samuel Bass. Il leur avait rapporté qu’une grosse livraison de bougies, similaires à celles retrouvées dans l’appartement avait été commandée par le Black Jack. Le commanditaire aurait été un homme blond, avec un blouson en cuir marron, que le personnel avait pu observer en bande, de temps en temps, près du magasin. Emilie semblait le fréquenter depuis plusieurs mois mais Bass n’avait aucune idée des rapports qu’ils entretenaient. Il a juste pu nous confier que l’homme tenait des propos bizarres et effrayants, sans pour autant être capable de se souvenir des mots exacts.

Red et moi nous mîmes en route pour le Black Jack, où nous devions retrouver Berger et Triple.
Par mesure de précaution, nous gardâmes le lien radio actif. Ainsi, nous entendîmes tout ce qui se déroula en notre absence, jusqu’à ce que nous soyons sur les lieux.
Une affiche sur la porte du bar annonçait le groupe jouant le soir-même : « Les Enfants du Masque ».
On pouvait y voir un masque au sourire carnassier, entouré de cadavres dansants.
Une fois à l’intérieur, le bruit de la musique vint couvrir la communication. Je ne suis donc pas certain d’avoir correctement tout compris mais voici ce que j’ai pu entendre.

Le groupe affiché jouait sur scène, composé de quatre musiciens et une chanteuse.
L’équipe constata un certain nombre de drogués dans la salle. Ils parvinrent à trouver une porte et la crocheter, s’ouvrant un chemin sur un escalier menant vers l’étage où deux personnes semblaient discuter. B et T se présentèrent devant eux et échangèrent ainsi avec l’un des protagonistes, qui s’avérait être le patron du bar. Celui-ci semblait ravi que le KNIGHT débarqua, souhaitant visiblement qu’on le débarrassa de Marty et son gang. Apparemment, c’est lui qui avait imposé le groupe, ce soir-là. Selon les informations qu’a pu nous donner le gérant, Marty Eliott aurait fait un séjour à l’hôpital, il y a 3 ans, à cause de crises d’hallucinations.

Au moment où Red et moi entrâmes, le groupe cessa instantanément de jouer et se mit à nous fixer avec intensité. La chanteuse éclata alors d’un rire glaçant et la musique reprit de plus belle tandis que la foule se mit à nous charger ! Je me jetai derrière le bar, Red déploya sa tourelle et, alertés par le bruit, Triple et Berger descendirent immédiatement ! Tandis que je tirais sur les enceintes dans le but de mettre fin à la cacophonie destructrice, Red se jeta sur la chanteuse et lui asséna un direct du droit qui lui cloua le bec ! Pendant ce temps, Berger s’efforçait d’apporter un appui, grâce à son armure, en dopant les capacités de celle de Triple qui faisait face à la marée humaine.
Trouvant enfin un créneau de tir, je parvins à mettre une balle creuse dans l’enceinte, stoppant net la musique et provoquant une perte de cohésion instantanée de la foule. Berger en profita pour lancer une table et assommer quelques personnes pendant que Triple enchaîner les manchettes, mettant KO toute personne se trouvant sur son passage.
Depuis la scène, Red constata que les camés voyaient leur peau couverte de veinules noires. Grâce à sa position, elle put facilement remarquer et m’avertir que deux « veineux » avaient tout juste contourné le bar pour se jeter sur moi. Je saisis deux bouteilles sur ma gauche et les jetai sur les temps de chacun de mes deux assaillants. Puis les indications fusèrent : Red s’improvisait meneur tactique comme un meneur de jeu le ferait dans un sport collectif. Notre entraînement portait ses fruits. Grâce à cela, Berger assomma un veineux qui tenta de l’attaquer par derrière alors que Triple saisit deux guitaristes profitant qu’il s’était retourné pour tenter de lui écraser leurs instruments sur la tête ! La poussière retomba et nous constatâmes à quel point l’affrontement avait été violent… Nous nous étions efforcés de ne pas tuer nos adversaires mais le chaos ambiant faisant, des victimes étaient tout de même à déplorer, piétinées par la marche ravageuse de ces créatures en transe.


Avant que le tumulte ne prenne fin, Susan avait aperçu un homme, correspondant à la description de Marty, fuir par la porte d’entrée. Heureusement pour nous, nos armures étaient capables de suivre l’empreinte thermique de n’importe qui. En sortant du bar, nous nous élançâmes à la poursuite du dealer et parvînmes jusqu’au quatrième sous-sol du district, un lieu glauque et malfamé.
Nous progressions lentement, ne nous servant que des bougies environnantes pour seule lumière. Mais elles furent soufflées, en un instant, et nous fûmes alors plongés dans le noir le plus profond. Nous activâmes immédiatement nos visions nocturnes mais les balles sifflèrent avant même que nous eussions esquissé le moindre geste ! Berger reçut un impact et tenta de situer la provenance de la balle mais le tireur avait déjà bougé. Alors qu’une seconde salve menaçait de le faucher de nouveau, Triple fit barrage avec son armure et encaissa les tirs sans bouger. Red et moi profitâmes de l’ouverture pour nous positionner en couverture de nos camarades et faire feu sur les tireurs invisibles. Chaque fois que nous parvenions à situer un adversaire dont la position était plus facile à atteindre pour l’un de nos camarades, nous lui transmettions l’information, en renfort de l’information visuelle transmise par nos systèmes de Réalité Augmentée.
Berger se saisit d’un pan de mur gisant sur le sol et s’élança en le tenant devant lui, tel un bouclier, jusqu’à sentir un obstacle, percuté de plein fouet, émettre un craquement sinistre et s’effondrer. Une fois l’écu de fortune abaissé, il vit l’un des tireurs, étendu, le visage pâle et comme craquelé, rendre son dernier souffle dans une remugle immonde. Alors que ses yeux voyaient s’éteindre toute lumière de vie en eux, la face du « veineux » repris un aspect normal. Devant cette situation qui semblait ne jamais vouloir se terminer, Triple se mit à tirer au lance-grenade, réduisant en cendres les différents tireurs en un rien de temps. Par chance, la structure du corridor était suffisamment solide pour résister aux explosions, éparses mais répétées, de notre ex militaire.

Notre équipe s’enfonça alors dans un sombre dédale. Après plusieurs minutes de marche, faisant preuve d’autant de discrétion que cela nous fut possible, nous débouchâmes enfin sur un squat nous laissant découvrir une scène semblable à celle à laquelle nous avions dû faire face dans l’appartement 133. Une femme se trouvait là, devant nous, dans la même position grotesque et infâme, sa gorge vomissant sa vie au travers d’un sourire rouge vif, sordide et écoeurant.
J’embrassai du rapidement du regard l’ensemble de l’espace qui s’étendait devant nous, faisant abstraction autant que possible de l’atroce spectacle qui se déroulait devant moi, et repérai rapidement sept opposants, à couvert mais visibles. Des novices.

Soudain, la femme éclata d’un rire strident alors que sa peau se noircissait. Une nappe d’obscurité s’échappa d’elle et emplit la pièce comme une eau glacée, s’infiltrant dans les moindres recoins et fissures, le niveau montant continuellement et noyant la vie dans ses flots sombres.
Sans avoir eu besoin de nous consulter, je me positionnai en retrait, le fusil prêt à faire feu tandis que mes compagnons lancèrent respectivement une grenade aveuglante, une IEM et une explosive.
Le monstre d’obsidienne se volatilisa pour réapparaître instantanément devant Triple, ses griffes ripant sur la Warrior mais trouvant à frapper Berger qui la flanquait de près.
Avant que nous eussions esquisser le moindre geste, nous fûmes projetés en arrière sans comprendre comment. Nous parvînmes à retomber sur nos pieds, armes au poing.
Sans perdre une seconde, Triple assura ses appuis et tira une grenade à la face de la créature, lui arrachant un cri de douleur et de rage ! Profitant de l’ouverture, Red posa sa tourelle et se dirigea vers Berger afin de réparer son armure. Ce dernier ne perdit pas de temps : comme je tirai une balle à UV dans le torse du monstre, il utilisa une de ses fusées éclairantes, à la fois pour affaiblir la chose par la lumière ainsi produite mais également pour l’aveugler, dans le seul but de se glisser au plus près d’elle afin de poser son flingue sous son menton et lui loger une balle dans le crâne, la blessant grièvement.


C’est alors que le cauchemar gagna en intensité : de petits humanoïdes, affublés de masques blancs, apparurent çà et là, nous encerclant pendant que Marty s’enfuyait en exultant : « Il est enfin parmi nous ! »

Comme pour nous rappeler leur présence, les sept hommes cachés nous révélèrent leurs fusils et leurs visages craquelés. Alors commença à se répandre le chaos, fait de poudre, de balles, de sang et de tripes ! Un des veineux toucha Triple mais celle-ci lui rendit la pareille au centuple avec son lance-grenade ! Pendant ce temps, je déchargeais mon fusil sur la horde répugnante qui tentait de submerger Berger. Une nouvelle vague sombre explosa et nous secoua, entamant nos champs de forces et armures. Red saisit l’opportunité et se jeta au côté de Berger. Elle lui tendit une lame fabriquée à l’aide de ses nanites et, ensemble, ils enfoncèrent chacun une des deux dagues dans le crâne de l’atrocité à la peau d’ébène. Elle s’effondra en un tas de scories noires, laissant l’obscurité ambiante se vider et se dissiper en même temps que les horreurs masquées.
Les rares humains encore en vie s’enfuirent et réussîmes à rattraper Marty ! L’imbécile était resté à la sortie de la pièce pour admirer le spectacle, se pensant en sécurité.

Nous le ramenâmes à Camelot afin de l’interroger.
Il nous révéla qu’il entendait des voix et avait eu de nombreuses visions depuis le début de l’Anathème. Selon lui, le meurtre rituel était censé permettre d’amener les séides d’une divinité sombre appelée Le Masque.
Apparemment, depuis que l’invocation a été réalisée, il y a quelques heures, le junky ne souffre plus d’aucune hallucination.
Concernant son fournisseur de Penombra, nous n’avons pu obtenir que peu d’informations, mais celles-ci nous semblent plus qu’alarmantes : il s’agirait d’un dénommé Clay.
Un homme portant une méta-armure abîmée et sans blason…

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