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Mémoires de Yasuki Kamato

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Mémoires de Yasuki Kamato Empty Mémoires de Yasuki Kamato

Message par SPX Spécial Dim 22 Sep 2019 - 23:56

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Je m’appelle Yasuki Kamato. Troisième enfant d’un couple de marchands rattachés au Clan du Crabe, je suis plutôt petite, et pas forcément très musclée, mais les gens qui me croisent m’oublient difficilement. Est-ce par mon caractère trempé comme la lame d’un wakisashi ? Est-ce par mon franc parler plutôt rude pour une fille respectable ? À moins que ce ne soit dû à la couleur de mes cheveux. On ne l’explique pas, mais ma chevelure embrase ma tête et mes épaules comme un feu dans un champ de blé.

J’ai la chance de servir le Clan du Crabe. Je ne suis pas forcément en première ligne, comme nos fiers samouraïs, prêts à mourir avec honneur sur le champ de bataille contre les créatures de l’Outremonde, mais mon devoir est de produire des richesses afin de les équiper au mieux. Je tiens mon savoir de mon oncle Yasuki Chiba, armurier de son état. De mon côté, je produits plutôt des objets utilitaires comme des pots, et autres récipients. Mais je suis la meilleure dans ce domaine, et c’est une certitude.


Et j’espère le prouver bientôt ! En effet, je pourrai bientôt prendre ma place dans la société, une fois que j’aurai accompli mon Gempuku, la cérémonie de passage à l’âge adulte qui fera de moi une citoyenne respectable. Pendant de longues années, j’ai étudié à l’école du Crabe. J’ai été convoquée au Championnat annuel du Topaze. Ce championnat est le plus prestigieux, car il apporte le titre unique de Champion de Topaze, titre très honorifique d’une valeur d’un an.

Je suis déjà très honorée d’avoir été désignée par le Clan du Crabe, et je ferai tout pour me montrer digne de cette confiance. Le championnat se déroule à Tsuma, ville côtière sous l’égide du Clan de la Grue.

Nous sommes dans la vingtième année du règne de l’Empereur Hantei le troisième, qui est à la tête d’un empire qui dure depuis déjà mille ans. Qu’il dure mille ans de plus, et ce serait parfait ! Les cerisiers produisent des cerises charnues, juteuses et savoureuses.

Il m’a été demandé de venir seule. À l’approche du village de Tsuma, je rencontre plusieurs autres candidats d’autres Clans, avec qui je finis par faire la route. Deux d’entre eux se distinguent, notamment. Enfin… au moins un. J’ai le souvenir vague d’un personnage plutôt petit, en robe verte.

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Pas moyen de se rappeler précisément de ses traits, comme s’il était désespérément banal. Je suppose que c’est un membre du Clan du Dragon.

L’autre est vêtu d’un kimono cérémonial du Clan du Lion. Il arbore son katana. Il a les cheveux teints en jaune, coutume du Clan du Lion que souvent les Matsu ont. Il est resté plutôt silencieux pendant le trajet. Il vient d’une famille visiblement assez aisée. Il s’appelle Akodo Daisoku.

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Et moi, j’arbore fièrement une longue chevelure de feu. Pas moyen d’expliquer précisément son origine. Je tire mon nom de mon honorable ancêtre Yasuki Kenji, auquel je ne manquerai pas de faire honneur.

D’autres visages finissent par nous croiser régulièrement. Je retiens notamment :

- Chiba Toya du Clan du Phénix, un samouraï qui semble très confiant, aux forts sourcils
- Mirumoto Hinata, une Bushi du Clan du Dragon
- Kitsu Tsubasa un Shugenja du Clan du Lion, un grand jeune homme mince aux yeux très animés
- Moto Batbayar, une Bushi du Clan de la Licorne

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J’avoue que cette dernière m’intéresse. Déjà, c’est justement une femme, qui ne manque pas de charmes, pour sûr. Ensuite, parce qu’en tant que Licorne, elle fait partie d’un Clan qui est un peu « en retrait » par rapport aux snobs proches de la Cour de l’Empereur. Comme moi. Je suis perçue comme une fille rustre ou une filoute, mais c’est grâce à mon Clan que les créatures de l’Outremonde n’ont pas déjà tout ravagé, alors qu’ils ne la ramènent pas !

Je prends l’initiative de faire connaissance avec cette fille à peau sombre et cheveux bouclés, qui porte des vêtements en peau d’animaux. Elle-même semble enchantée d’échanger avec moi des anecdotes, des idées, des opinions… merveilleux ! En fait, en tant que membre de la Licorne, elle a un nom Gai-Jin, et un caractère bien trempé, comme moi !

Nous cheminons donc plusieurs jours, jusqu’au bord du fleuve. Nous sommes alors coincés par un chariot sur la route. Un vieux paysan essaie désespérément de le pousser, et à notre vue, il se jette à nos pieds, le front dans la poussière et s’excuse mille fois pour bloquer le passage. Il tente de nouveau de dégager son chariot. Il n’en faut pas plus à Daisoku pour lui porter assistance, aidé par le Dragon sans nom. Les deux hommes n’ont aucun mal à pousser le véhicule. Une fois encore, le paysan se jette à terre pour remercier.

Un coup de vent soulève alors des papiers qui étaient dans le chariot, et une feuille se colle au visage de Daisoku. Le Dragon sans nom récupère ce papier et le lit rapidement avant de le rendre au vieil homme. Il s’agirait d’une missive ayant trait à des affaires d’intrigues familiales. Bon. Ce vieux serviteur semble ne pas reconnaître cette lettre.

Enfin, nous arrivons à Tsuma, et nous sommes accueillis de manière presque triomphale.

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Guirlandes, lanternes de couleur, cerfs-volants, carillons musicales… quelles merveilles ! Nous sommes menés à l’auberge de la Carpe Rieuse. Mais alors que nous sommes en train d’enregistrer notre arrivée, j’entends des éclats de voix : un samouraï d’un Clan mineur crie copieusement sur l’aubergiste. Une histoire de pénurie de chambre. Je l’observe discrètement. Une première chose me surprend, à savoir que, normalement, aucun Clan mineur n’est invité à ce genre d’événement. C’est un type paumé d’un Clan mineur qui n’a rien à faire ici. Plus encore, il semble préoccupé par son statut, et peut-être que son comportement laisse penser qu’il a été invité à dessein par des gens qui voudraient le faire tomber dans le ridicule.

C’est alors qu’un jeune homme se lève. Il est élégamment habillé d’un kimono bleu, et ses cheveux sont teints en blanc. Il semble désarmé, à l’exception d’un petit tanto. Un garçon d’à peu près mon âge, du Clan de la Grue. Il se présente alors sous le nom de Doji Fukujiro.

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Il est prêt à céder sa chambre à ce samouraï mineur. Oh-ho ! Ses paroles ont détendu le furibard, qui baisse la tête en guise de reconnaissance. Fukujiro cède donc sa chambre, et retourne tranquillement prendre son repas qu’il semble apprécier particulièrement. Hum… je devrais peut-être faire plus ample connaissance avec lui ? Après tout, j’ai de bons contacts avec les Grues.

Nous sommes invités à déposer nos affaires à l’étage, puis nous redescendons dans la grande salle à manger. Nous voilà donc douze participants au total. Deux autres personnes en particulier ressortent du lot :

- Quelqu’un que je connais de vue : Yasuki Jun, de mon Clan, qui souffre d’une calvitie précoce
- Une femme avec un masque rouge qui cache la moitié de son visage. Scorpion…

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Je vais m’installer face à Fukujiro pour faire connaissance avec lui. Il m’explique qu’il doit bien représenter la générosité de son Clan, organisateur du tournoi de Jade. Je me présente, et fais allusion à mes rapports amicaux avec Kakita Jotaro, honorable commerçant du Clan de la Grue. Curieux, je le vois froncer les sourcils. Aurais-je dit quelque chose de désobligeant, alors que je voulais juste être amicale ? Oh, il n’a pas l’air d’être plus indisposé que ça. Tant pis, je suppose qu’il pardonnera la rudesse propre aux Crabes.

*

Je ne sais pas trop pourquoi, mais je me réveille en pleine nuit. Serait-ce à cause de la lumière qui filtre à travers le papier de la cloison de ma chambre ? La cour de l’auberge est éclairée. Bientôt, j’entends les bruits de pas d’autres personnes qui circulent. Pff ! Je n’ai pas envie de perdre quelques minutes précieuses de sommeil ! Je me recouche. Mais à ce moment-là, une lumière apparaît juste derrière moi. Un individu est agenouillé devant moi, il porte un kimono très riche. Il s’agit de Doji Satsume, le Champion d’Emeraude, récemment défunt !

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Pas de question, je me jette par terre à genoux et salue, mon front sur le tatami. Que fait cette apparition dans ma chambre ? La voix du Dragon dont je ne connais pas le nom résonne dans la pièce, « merci pour cette invitation ». Serait-il visité de la même façon ? Nos esprits seraient-ils joints par la volonté de ce fantôme ?

Doji Satsume a devant lui tout le nécessaire pour le Cha no Yu, la cérémonie du thé, indispensable dans notre culture raffinée. Sapristi, il me prend par mon point faible ! Nous, les Crabes, sommes connus pour notre rudesse et notre simplicité, et les règles de l’étiquette sont plus mortelles qu’un coup de katana pour nous. Je ne suis pas coiffée, mon kimono n’est pas bien ajusté, et je sens que si je bouge le petit doigt d’un millimètre de trop, cela lui déplaira fortement !

La voix de Daisoku présente des excuses. Un courant d’air froid se lève. Doji Satsume fait alors un geste, comme s’il voulait que quelqu’un prenne la parole avant lui. En réalité, il veut sonder les âmes des personnes à qui il s’adresse. J’entends Fukujiro dire alors « c’est un très grand honneur que vous nous faites. Pouvons-nous vous être d’une aide quelconque malgré notre inexpérience ? »

Le fantôme du maître répond : « Je souhaite que vous vous assuriez que le jeune Hitochi du Clan de la Mante survive au Tournoi de Topaze. Je veux qu’il devienne un samouraï digne de ce nom. » Et quand le Dragon se permet de demander pourquoi, Satsume répond par une métaphore poétique. Il nous demande alors « Pouvez-vous accomplir cette mission ? » Je réponds, larmes aux yeux : « il m’est impossible de mesurer la grandeur de l’honneur que vous me faites, et que vous faites à mon Clan. J’accomplirai cette tâche avec honneur et dévotion. » Quand je relève la tête, il a complètement disparu. En revanche, le nécessaire de thé ne semble pas avoir servi.

Ai-je rêvé ? Mes trois camarades étaient-ils effectivement présents ? Je leur demanderai demain.

*

Le lendemain matin, une aube resplendissante se lève. Avant de repartir, je vais trouver Doji Fukujiro. Je lui parle d’un « rêve étrange ». Il confirme la visite d’esprits bienveillants, et m’invite à le suivre à l’école Kakita. Akodo Daisoku fera la route avec nous vers le lieu du tournoi, et nous sommes rejoints par le Dragon, qui s’appelle Ayashi Hideaki. Fukujiro invite aussi le jeune homme à qui il a cédé sa chambre. Il s’agit d’Hitochi du Clan de la Mante, très heureux de voir quatre membres de Clans majeurs l’accompagner. Et donc, c’est la personne sur qui nous devons veiller. Il n’a pas de nom de famille.

Nous voilà arrivés sur les lieux du Gempuku. Kakita Mushimoto nous présente Kitsuki Yuikini, l’actuelle Championne de Topaze. C’est un membre du Clan du Dragon – Hideaki doit être aux anges. Le finaliste de l’an dernier est présenté aussi : Bayushi Sugai, du Clan du Scorpion. Un prêtre vêtu de blanc bénit l’assemblée, et le championnat commence.

Le tournoi se déroulera ainsi : le tournoi va consister en douze épreuves. L’objectif est de marquer un certain nombre de points pour réussir son Gempuku. On nous explique qu’il y a trois façons de gagner des points : d’abord, il faut réussir le test pour gagner un point. L’approbation du juge en utilisant la bonne approche de l’épreuve le plus approprié donnera un point supplémentaire. Et enfin, si l’on impressionne l’assemblée en faisant mieux que le favori pressenti, on gagnera encore un point. Il y aura cinq épreuves le premier jour, six le deuxième, et l’épreuve des duels aura lieu le troisième.


La première épreuve est le sumai, la lutte : cela consiste en un combat de lutte traditionnelle, où les candidats sont opposés à de vrais combattants professionnels qui vont nous tester. Un prêtre trace un cercle autour des deux lutteurs, et bénit la zone en y jetant du sel. Il faudra sortir du cercle son adversaire. Le juge donne alors un conseil pour aborder l’épreuve : « N’oubliez pas : en sumai comme dans la vie, c’est sur une position stable qu’on bâtit son succès. » Fukujiro imite la terre, et rate. Hideaki fait la posture de l’eau, et a réussi. Je salue, cheveux roux au vent, et fais la Montagne. Je rate, mais d’un autre côté, ma résistance suscite l’admiration. Daisoku triomphe, mais ne sera pas le grand favori de l’épreuve. Non, c’est Bayushi Mei Lin, la Scorpionne vue à l’auberge hier. Deux autres personnes ont échoué : Kitsu Tsubasa la Lionne et Yasuki Jun, la Crabe.

Héraldique : reconnaître cinq blasons de plus en plus obscurs. Une réponse partielle peut suffire de justesse. Il faut reconnaître quatre emblèmes complètement, ou cinq partiellement. Le juge dit : « Songez bien que le motif de chaque emblème contient des indices quant à son origine ». Hideaki réussit brillamment l’épreuve. Mon tour vient. Je me rappelle alors des différents clients que j’ai pu voir. Hélas, je sèche comme une carpe de rivière, et seul un petit sourire bienveillant d’un des juges me permet de garder mon calme. Daisoku est le favori de l’épreuve, il réussit vraiment triomphalement et a battu Kitsu Tsubasa. Enfin, Fukujiro échoue à son tour. Tout comme Hitochi lui-même et Moto Batbayar.

Athlétisme : les organisateurs ont préparé une course d’obstacles à traverser par groupes de deux. L’indice des juges est : « Le meilleur moyen de surmonter les obstacles consiste à rester suffisamment souple pour vous y adapter ». Je sais que la souplesse n’est pas mon fort. Mais je décide d’y aller à fond, et laisse le feu enflammer mon corps et mon âme en fonçant tête baissée dans la course ! Je passe à travers tous les obstacles sans ralentir. Enfin, la foule apprécie le spectacle, l’honneur du Crabe est enfin représenté grâce à moi ! C’est au tour de Fukujiro. Il se débrouille en analysant le terrain et en agissant en conséquence. Pour terminer, Hideaki impressionne le public, en plus de réussir. Mais je reste celle qui a donné la performance la plus spectaculaire.

C’est l’heure d’une pause, afin de nous restaurer. C’est un bon repas, que je passe en compagnie de Batbayar. L’épreuve suivante sera l’équitation, j’ai hâte de voir de mes yeux à quel point la réputation de cavaliers émérites des Licornes puisse être réelle et méritée ! Elle consent même à me donner un petit « cours » particulier d’équitation. Je sue, mais parviens à retenir quelques enseignements. Batbayar me demandera de lui rendre la pareille à l’issue de cette petite session de conseils, ce que je lui accorderai bien volontiers.

Est-ce honorable de m’appuyer sur les compétences de quelqu’un d’autre pour une épreuve aussi personnelle ? Peut-être pas. Mais ce serait encore plus déshonorant de ne pas rétablir l’équilibre.

Et donc, l’heure de l’épreuve arrive. À côté de la course d’obstacles, les organisateurs ont préparé des obstacles pour chevaux. Il faudra manœuvrer le cheval au milieu des obstacles, puis attraper une lance et s’en servir pour capturer des anneaux. Nous serons aussi jugés sur la vitesse et la grâce. Le juge nous dit : « Pour dompter une monture, vous devrez vous montrer aussi farouche et audacieux qu’elle ! ». Daisoku passe le premier. Il y va calmement, et livre une performance intéressante et aboutie. Il en est de même pour Fukujiro, qui garde la stabilité. En revanche, Hideaki manque de tomber de sa monture ! Je suis la dernière de nous quatre à passer l’épreuve. Là encore, je laisse parler le feu. Je passe l’épreuve, mais je m’essouffle. Je sens venir une fatigue soudaine.

Enfin, l’épreuve d’étiquette, qui se déroule là où s’était déroulée l’épreuve d’héraldique. On est évalué sur les connaissances, le comportement et une cérémonie du thé. « J’ose espérer que vous vous souvenez bien des conseils de vos parents sur la conduite d’un samouraï. » Fukujiro réussit plutôt bien. Hideaki se débrouille aussi très brillamment ! À moi : je fais appel aux souvenirs de l’éducation prodiguée par mes parents. Les souvenirs affluent de manière ordonnée et fluctuante tels les soldats de l’Armée de l’Empereur Hanteï défilant. Je serai gagnante ex aequo avec Hideaki.

Le soir, nous sommes invités à nous rendre à une maison à saké pour « nous détendre »… Y aurait-il une épreuve supplémentaire non-officielle ? Nous nous retrouvons embarqués dans le mouvement de foule dans la maison à saké « À l’eau croupie ». La foule applaudit et félicite les participants. Mais de mon côté, mon honneur en a pris un coup. Si j’ai brillé dans certaines épreuves, j’en ai échoué à d’autres lamentablement, sans compter que j’ai accepté une aide que j’aurais dû refuser ! J’ai encore tout à apprendre. Je vais donc me retirer dans un jardin zen pour me détendre.

*

Épreuve du maniement des armes en deux étapes : chaque participant fait une démonstration avec une arme de son choix. Puis il y a un affrontement avec des armes en bois. Le juge annonce : « Il est important, dans un combat, d’avoir un bon jeu de jambes et s’adapter à la technique de son adversaire ». Hideaki commence, il choisit un bâton, qu’il manie plutôt gracieusement. Je choisis le tetsubo. J’applique la voie du Crabe, en restant solide comme une statue de diamant. Je manie l’arme avec une poigne ferme, précise, et assurée. Daisaku s’applique à faire tournoyer un bokken. Et enfin, Fukujiro s’est débrouillé comme il a pu au sabre. Hitoshi a réussi l’épreuve. Par contre, Yasuki Jun n’a pas réussi. Décidément…

L’épreuve suivante nécessitera qu’on se mette par deux, qu’on se change, et qu’on compose un poème sur un sujet donné en quelques minutes avant de le réciter dans les jardins. L’indice du juge : « Nous ne sommes pas poètes, l’univers s’exprime à travers nous. » Le sujet sera l’impermanence. Je compose et déclame avec passion un poème plutôt long, et apprécié par les juges.

« Les kami ont déployé leurs plus grands talents
Pour créer Rokugan et tous ses habitants.
Leur digne représentant, l'empereur céleste
Protège ses sujets loyaux et tout le reste.

Cet univers, toutefois, est vivant.
Il ne reste pas figé constamment.
C'est justement le changement qui fait de nous
Des êtres qui s'adaptent, pour pouvoir jusqu'au bout

Servir l'empereur Hanteï, et couvrir de gloire
Notre Clan, nos ancêtres. Et gagner le savoir
Qui nous permettra de toujours nous adapter
Et savoir comment chaque vérité trouver.

L'impermanence est la mort, l'impermanence est la vie.
Le changement, l'évolution.
Comme de l'univers la respiration.
Pour nous, les hommes, les femmes, les Rokugani. »

Mais je retiendrai qu’il présente un petit côté subversif. Daisoku se plante lamentablement, mais avec panache. Fukujiro livre aussi une composition honnête, et Hideaki s’illustre merveilleusement. Chiba Toya a fait un bon poème, mais moins que celui d’Hideaki, qui est très fortement applaudi par la foule comme par les juges. Par contre, Yasuki Jun a encore raté, se plaignant de n’exceller que dans la poésie grivoise. Bah, on aurait pu avoir un poème sur l’impermanence conjugale !

Le droit constitue l’épreuve suivante. « J’espère que vous avez pris le temps d’étudier en prévision de cette épreuve ! ». Daisaku est le premier, il réussit brillamment l’épreuve. Fukujiro s’en tire remarquablement. Hideaki semble être dans son élément, il se lance, mais là… c’est le drame. Il reste complètement sans voix. Enfin, c’est à moi de passer. Je m’en tire de justesse. Bayushi Mei Lin a une parfaite connaissance du droit, et la remporte. Contrairement à Moto Batbayar.

C’est le moment de passer au jeu de go. Parties en temps limité. L’indice du juge : « comme sur un champ de bataille, les tactiques audacieuses permettent de l’emporter ». Fukujiro commence la partie. Il perd ! En revanche, Hideaki déploie une stratégie aussi culottée qu’efficace ! De mon côté, hélas, malgré le feu que je lance dans mes tactiques, je n’arrive pas à remporter la partie. Je soupire de tristesse.

Épreuve de tir à l’arc. Nous devrons tirer à trois reprises sur une cible, chaque fois en étant un peu plus éloigné qu’au tir précédent. Avant l’épreuve, on montre cependant le tableau des scores. Je constate avec soulagement et bonheur que nous avons tous les quatre gagnés suffisamment de points pour remporter le Gempuku, soit au moins huit points. Par contre, Hitochi n’a pas assez de points, il n’en a que cinq. Il va falloir s’appliquer ! « Les véritables archers comprennent que la flèche connaît le chemin vers la cible. » Hideaki commence. Il rate. C’est à moi, et je ne fais pas mieux. Daisoku non plus. Fukujiro s’en tire. Mais Hitochi gagne, et obtient les trois points nécessaires à son Gempuku.

Enfin, la dernière épreuve : la chasse. Elle durera toute la journée. Il s’agit de ramener des animaux, les shugenjah doivent ramener des herbes spéciales. « Restez vigilants, les lapins et les chevreuils sont prompts à fuir, vous devez les repérer en premier. » Daisoku ramène un chevreuil à la lance. Fukujiro rate. Hideaki part à la cueillette, et déniche une belle collection d’herbes. Je repère un lièvre, mais je n’arrive pas à le rattraper.

Je donnerai ici le classement final de nous quatre :

- Daisoku
- Hideaki
- Fukujiro
- Moi

Le soir, nous dînerons vêtus de nos plus beaux atours. Nous sommes dans la demeure du magistrat de la ville de Tsuma. Tout le monde n’a pas réussi le Gempuku, et on dénote en particulier Yasuki Jun et Mirumoto Hinata.

Chaque Clan offre un cadeau à Kakita Toshimoko, l’un des principaux professeurs de l’école Kakita, organisateur du duel. Hideaki lui offre un poème parlant des montagnes où siège le Clan du Dragon. Mirumoto Hinata offre un recueil d’histoires avec la mention « vous en aurez besoin pour l’avenir. »

Pour ma part, je lui offre une poterie très ancienne fabriquée par mon ancêtre honorable Yasuki Kenji, restaurée par mes soins et ceux de mon maître, Yasuki Chiba. C’est une pièce d’un design que Toshimoko n’a probablement jamais vu. Il semble d’abord troublé, puis accepte avec un signe de tête reconnaissant. Je lui rends son salut, et remercie intérieurement Yasuki Kenji. Yasuki Jun offre un tonneau de saké, qu’il aura sans doute grand plaisir à consommer.

La Licorne offre un oiseau en cage.

Le Scorpion offre des épices, ce qui indispose Toshimoko.

Chiba Toya du Clan du Phénix a composé un poème, très apprécié.

Pour ce qui est des Grues, Fukujiro lui offre un bokken que son père lui avait donné. Toshimoko le reçoit avec un petit rire amusé. Kakita Riku présente un bokken brisé qui ne vaut rien, mais qui fait rire de bon cœur Toshimoko. Sans doute l’arme est-elle liée à un souvenir cocasse.

Daisoku offre au nom du Clan du Lion un livre sur les tactiques militaires. L’autre Lion offre un éventail lié à Toshimoko.

Le dîner va commencer, mais Hitochi se lève, furieux, et pointe un doigt accusateur vers Kakita Toshimoko. Il le défie en duel ! Mais ce n’est pas le plus grave. Je vois très nettement le spectre de Doji Satsume en train de fixer Hitochi ! Daisoku se lève alors, et se lance dans une diatribe où il explique que le jeune Hitochi, durement éprouvé par le rite de passage qu’il a accompli de justesse. Heureusement, il parvient à le calmer. La Mante se rassoit et ne dit plus un mot de la soirée. Il offrira cependant son cadeau : un bateau amarré à quai.

Je vais passer le reste de la soirée à fêter ma victoire en buvant avec Moto Batbayar.

*

Le lendemain, c’est l’heure des duels au iaijutsu, les duels d’honneur. Pour l’occasion, nous nous battrons avec des sabres émoussés, pour savoir qui se sera le champion de topaze. Ce seront des duels à élimination directe.

Au premier duel, Bayushi Mei Lin ne fait qu’une bouchée de son adversaire.

Le deuxième duel oppose Kakita Riku et Hitochi. Kakita Riku prend un sabre avec une bande de tissu bleu qui enserre la poignée. Le duel commence. Je distingue alors dans la foule le fantôme de Doji Satsume qui regarde la scène d’un air triste, comme s’il prévoyait l’imminence d’une tragédie. Riku se lance, et fait une profonde entaille dans le bras d’Hitochi. Bon sang ! Ce n’est pas une lame émoussée ! Riku est surprise au suprême degré, et paniquée. Je distingue du coin de l’œil une silhouette qui s’enfuit, portant dans le dos l’exacte réplique du sabre qu’aurait dû utiliser Riku. Je pars à sa poursuite, accompagnée de Fukujiro, Hideaki et Daisoku. Je repense à la façon dont j’ai remporté la course d’obstacles, et je m’élance à la manière de l’étincelle d’une torche, sans réfléchir. Je passe près d’un râtelier, j’embarque un katana au passage.

Notre poursuivi gagne de la distance. Il s’apprête à traverser une foule. Il cherche à se faufiler dedans. J’arrive à grimper sur le toit d’un étal, et je le repère. Il va vers les docks. Je le montre du doigt en criant : « Les docks ! Les docks ! ». Nous rattrapons l’homme : C’est Bayushi Sugai du Clan du Scorpion, le finaliste de l’année dernière. Il est entouré de quatre brutes. Le Scorpion se jette sur Fukujiro et lui envoie un méchant coup de katana. La Grue n’a que le temps de parer le coup, ce qui lui coupe le souffle. Hideaki tend alors la main, et aussitôt, une petite pluie de flammes sortie des lampions, des torches et de toutes les autres sources de feu vient bombarder la bande de voyous. Deux des brutes sont touchées, ainsi que le Scorpion. Fukujiro frappe Sugai, et je m’attaque à l’un des deux ruffians qui n’ont pas été brûlés, tout en restant sur la défensive. Un bon coup, mais il riposte. La dernière brute frappe Hideaki et le met à terre. La vue de mon camarade à terre me provoque un coup de sang, et j’envoie un coup magistral au petit enfoiré qui a levé la main sur moi. Et les kami du combat et de la victoire sont avec moi. Je fais un magnifique balayage de mon katana de haut en bas, et je le coupe littéralement en deux. Malheureusement, le dernier de ces hurluberlus se jette sur moi et je sens une vive douleur au niveau de mes mains croisées sur la garde de mon arme, tellement forte que je m’évanouis.

*

J’apprends à mon réveil que Bayushi Sugai a été vaincu. Riku a failli accomplir un seppuku, mais arrêtée par mes compagnons d’arme.

Nous pouvons toutefois terminer le tournoi quelques jours plus tard, une fois soignés. Fukujiro est nommé le nouveau Champion de Topaze.

Mais surtout, un messager vient nous présenter Agasha Sumiro, championne de jade par intérim. Elle convoque, en plus de moi, Ayashi Hideaki, Doji Fukujiro et Akoto Daisoku, et nous propose des postes de magistrat d’émeraude. Sous l'autorité de l'Empereur, nous serons amenés à déjouer des complots, traquer des criminels et chasser des oni et autres yokai. Voilà qui s'annonce particulièrement excitant !


Dernière édition par SPX Spécial le Lun 21 Oct 2019 - 22:45, édité 1 fois
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Mémoires de Yasuki Kamato Empty Deuxième chapitre

Message par SPX Spécial Dim 20 Oct 2019 - 16:25

J’ai du mal à oublier la douleur sourde qui enserre encore ma main gauche. Le coup de katana de ce yokai m’a privé à jamais des deux derniers doigts de cette main. J’espère que ça ne me gênera pas plus que ça pour exercer ma profession d’artisane, autrement il faudra que je songe à une reconversion.

Nous voilà partis pour la capitale, Otosan Uchi, pour notre formation de magistrats. Après un repos bien mérité et les adieux faits à la famille, il nous a été demandé de nous retrouver à Tsuma pour faire ensemble le trajet jusqu’au palais d’Émeraude de la capitale. Nous allons mettre à profit ce voyage initiatique pour commencer à apprendre à collaborer et à ne plus tenir compte des intérêts d’un Clan quelconque.

Comme il est de coutume d’apporter des cadeaux, mon Clan m’a confié un paquet bien fermé contenant un petit pendentif de jade.

Quand nous quittons Tsuma, nous traversons une grande plaine, nous arrêtons à l’auberge. Je mets à profit ce temps pour faire plus ample connaissance avec mes compagnons de fortune. L’après-midi, nous voyons un nuage de poussière soulevé par une charrette tirée par un cheval. Je fais accélérer le pas de ma monture pour le rattraper. Je m’approche, et au fur et à mesure que le temps passe, il me semble que cet attelage ne m’est pas inconnu. Le chapeau en osier, l’attelage… Hé, mais c’est Ryu, le serviteur de Doji Satsume, qui fait le trajet inverse que la première fois que nous l’avons vu. Je me mets donc à sa hauteur pour l’aborder gentiment. Il se confond en félicitations pour notre succès au Gempuku, et me propose de mettre mes affaires dans sa charrette. Je retire du lest à ma jument, et lui fais plaisir. Allons-y ! Fukujiro, Hideaki et Daisoku nous rejoignent, et la Grue met aussi son paquetage dans le chariot.

Nous remarquons que Ryu nous emmène à travers les routes, il semble pas mal zigzaguer, mais nous le suivons. Enfin, nous arrivons à une auberge où nous nous arrêtons pour la nuit.

Le lendemain matin, nous voyons sur le bord de la route une bande de paysans qui n’a de cesse de nous provoquer. Au passage, Daisoku leur jette quelques zeni négligemment, comme on jetterait de l’argent à un mendiant. Ryu semble déçu de notre comportement. Je murmure à son oreille : « Laissez, ils n’en valent pas la peine ». Mais alors que nous les dépassons, ils insistent et doutent ouvertement de notre honneur. Cette fois, je me retourne, arc tendu, pour les convaincre de la boucler. Ils se lancent alors en avant en levant leurs outils, et deux autres jaillissent du fossé derrière nous. Ça va chauffer !

Le meneur a une queue de cheval, un bandeau autour de la tête qui lui cache un œil, et il porte un katana rouillé. Il se jette sur moi, et tente de me sabrer. Il me rate, mais ce cochon blesse ma jument ! La malheureuse se cabre, mais je réussis à rester en place. L’enfoiré ! J’arrive à faire reculer ma monture, et ma flèche part vers l’odieux personnage. Il n’en meurt pas, mais ça reste une méchante blessure. Daisoku lui envoie un tel coup de katana au visage qu’il lui coupe les deux yeux ! Les autres bandits, qui ne s’attendaient pas à une telle violence, font demi-tour et font mine de fuir. Fukujiro en profite pour trancher la jambe de l’un d’entre eux, avant de le piétiner avec son cheval. Deux bandits fuient.

Ma pauvre jument est en train de se vider de son sang, et je n’arrive pas à faire un garrot. Elle va mourir ! Je supplie Hideaki de la soigner. Après tout, il a bien arrêté le saignement du chef des bandits. Il y parvient, mais malheureusement, elle ne pourra pas marcher avant un bon moment. Pour un cheval, c’est la mort lente, douloureuse et inéluctable. Il va falloir faire preuve de compassion, et l’achever. Désolée, ma belle, tu étais d’une délicieuse compagnie.

On interroge le bandit aveuglé. Il a été payé par un samouraï pour nous assassiner. On le laisse là, je m’installe dans la charrette de Ryu pour la suite et fin.

Avec cette horrible histoire, on a pris du retard. Nous continuons le trajet en mangeant sur la route. Nous arriverons dans les temps. On s’arrête à l’auberge. Je passe une bonne heure à méditer autour de l’auberge, à apprécier la beauté des alentours. Puis je vais me coucher.

*

Le lendemain, nous repartons. Sur la route, nous croisons d’autres délégations. Le voyage se déroule sans grand incident, du moins jusqu’à ce que nous arrivions à la hauteur d’une petite colline verdoyante. Sur cette colline, une vieille femme aux longs fins cheveux blancs et un long nez incurvé qui manie un katana avec une dextérité incroyable. Elle exécute un kata impressionnant. Pas moyen de distinguer à quel clan elle appartient, ses vêtements sont trop neutres.

Fukujiro et moi-même approchons. Elle nous salue d’une phrase hautement philosophique. Elle se prénomme Airi. Elle invite la Grue à faire une démonstration. Fukujiro fait alors une magnifique passe d’armes. Airi bat des mains et rit à gorge déployée. Curieusement, sa voix a l’air de tenir plus du croassement que du rire. Et voilà qu’elle se transforme devant nous en femme-oiseau à plumes noires !

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Elle s’envole devant mes yeux ébahis. Pas moyen ! Je cherche une plume pour le souvenir, que dalle.

On arrive à une nouvelle auberge plus grande, plus riche, avec des musiciens. Il y a du monde, entre autres d’autres samouraïs. Nous nous installons dans cette grande salle.

Pendant le repas, une délégation de samouraïs entre. Nous reconnaissons les blasons du Clan du Dragon, la Garde Impériale. Il y a une courtisane Kitsuki encadrée de quelques bushis Mirumoto. Les samouraïs supérieurs préfèrent occuper la salle privée, tandis que les samouraïs inférieurs prennent place dans la salle. Pendant le repas, on entend parler ce groupe, et des petits coups d’œil sont tournés vers Hideaki et moi-même. La discussion porte sur le fait qu’ils répondent à une plainte officielle portée par le Clan du Crabe qui reproche au Clan du Dragon leur manque d’enthousiasme dans la lutte contre les forces de l’Outremonde. Ces Dragons-là sont plutôt remontés d’avoir été contraints d’aller envoyer la plainte.

Cela me pousse à faire une boutade à Hideaki, durant laquelle je me vante d’avoir décapité six Bakemonos. Mais le Dragon n’entre pas dans le jeu. Ou plutôt si, après tout, il est du même clan. Pendant quelques longues minutes, un échange entre nous se fait plus ou moins houleux. Sans trop de violence, mais ce n’est pas très honorant, nous étions sensés mettre de côté les querelles de clan…

Quand nous allons nous coucher, nous sommes sollicités par le fantôme de Doji Satsume, une nouvelle fois. Il nous demande d’enquêter sur sa mort, en évitant la honte sur sa famille. Il est malheureusement victime d’une sorte de barrière psychologique qui l’empêche de parler. Il nous enjoint cependant de bien veiller sur Ryu, puis avant de disparaître, hoche une dernière fois la tête, révélant une vilaine cicatrice au visage, sans doute celle qui lui a valu le surnom de « Grue Grimaçante »…

*

La nuit me met mal à l’aise, aussi le lendemain matin, je présente à Hideaki mes excuses pour la raillerie de la veille. Celui-ci, bon prince, les accepte volontiers. Nous allons prendre notre petite collation d’avant départ. Les Dragons sont là, et ont presque fini leur petit déjeuner. La courtisane aborde alors Hideaki. Elle le félicite pour sa réussite du Gempuku, mais lui demande de garder en mémoire à quel clan il appartient.

Nous reprenons la route, et bientôt nous rattrapons la délégation des Dragons, que nous dépassons. Je suis toujours assise dans cette charrette. À la prochaine occasion, je tâcherai de réquisitionner un cheval à un riche marchand – pas question de priver un pauvre paysan de son bien unique.

Et le trajet continue ainsi, entre les petites auberges, la route et ses péripéties. Les jours se succèdent, puis l’après-midi du septième jour, à un virage, nous voyons un véritable carnage : plusieurs marchands pleurent auprès de chariots renversés. Une meute de Bakemonos dévore les chevaux au milieu du chemin.

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Ils sont accompagnés d’un ogre.

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L’œuvre toute entière de mon clan consiste à chasser les créatures de l’Outremonde.

Devant moi, en voilà un groupe qui massacre de braves heimin.



À MORT !

Fukujiro charge dans le tas, il piétine quelques Bakemonos. Mais l’ogre lui colle un terrible coup de tronc d’arbre. Daisoku fonce à son tour, et traverse à son tour la mêlée. Certains des Bakemonos se jettent sur Hideaki, et d’autres tirent à l’arc. Une flèche m’atteint à la cuisse ! Fukujiro nargue l’ogre pour le pousser à le suivre. Daisoku retraverse la mêlée de Bakemonos, les piétine encore méchamment, mais tombe de son cheval. Il se relève d’un bond. Hideaki descend de son cheval et se défend comme il peut avec son bâton. Bien décidée à reprendre le dessus sur l’action, je me stabilise comme une statue de fer sur le chariot, et je flèche trois de ces misérables petites crottes qui tombent dans la boue.

Malheureusement, ils sont plus hargneux que prévu. La Grue tente alors une ruse : attirer l’attention de l’ogre pour le séparer des Bakemonos, ce qui divisera et affaiblira d’autant plus leurs forces. L’ogre s’épuise à force de courir après Fukujiro. Il s’arrête, et balance à toute force son tronc dans sa direction. Il écrase ainsi son cheval ! Heureusement, la Grue saute à temps et se réceptionne avec grâce.

Hideaki achève les Bakemonos devant nous à coups de bâton. Nous avons une ouverture ! J’attrape alors le Dragon pour le mettre dans notre chariot. Mais cet imbécile en descend par derrière pour récupérer son cheval ! Mais enfin ! Ne pouvait-il pas le siffler pour qu’il nous suive ?! Tant pis pour lui !

Fukujiro fait face à son ogre. Il évite une prise à bras le corps, et lui envoie un magistral uppercut en plein dans l’entrejambe. Hélas, ça ne suffit pas à le faire tomber, et c’est lui qui met à terre la courageuse Grue. Daisoku fonce à son tour pour s’occuper de la créature, et taillade dans son corps massif. La créature met un genou à terre. Je tends alors la corde de mon arc, et une dernière flèche achève enfin l’ogre qui tombe.

Je n’arrive cependant pas à me réjouir. En effet, la succession d’émotions fortes qui ont secoué mon cœur ces derniers jours entraîne une rupture du barrage de ma maîtrise de soi. Résultat, je perds le contrôle, et le masque tombe, comme je tombe à genoux avant de crier à toute force vers les cieux : « Je n’en peux plus ! Je ne suis pas digne ! »

Voilà qui ne va pas améliorer mon image vis-à-vis des autres. Mais entre deux flots de larmes, je vois quelque chose qui me glace le sang : alors que Fukujiro se relève, rajuste ses vêtements et essuie sa lame, son visage affiche une expression de détermination de violence exterminatrice, comme s’il était prêt à massacrer tout être vivant qui s’opposerait à lui.

Comme quoi, je ne suis pas la seule à avoir laissé libre cours à ma plus violente réaction.

Enfin, nous prendrons du repos à l’auberge suivante, et le lendemain matin, enfin, Otosan Uchi est en vue.
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