Des Traîtres et des Hommes - Journal de Frère Arcturus

J’ai l’immense privilège de servir l’Empereur au sein de l’Ordo Malleus, sous la responsabilité de l’Inquisiteur Optus Enoch. Marqué par Sa présence jusqu’au plus profond de mes ossements, j’ai juré de me dévouer corps et âme à Sa Magnificence. Je sais que j’ai toute Sa confiance, et Il peut compter sur ma fidélité pour protéger mes semblables de toutes les menaces, extérieures comme intérieures, le tout en tâchant de garder mon cœur vaillant et mon âme propre.

Malheureusement, on ne peut pas en dire autant pour tous les enfants de l’Imperium, et l’influence hérétique surgit régulièrement là où on attend le moins sa présence.

Mon équipe et moi-même avons été dépêchés sur la planète Scintilla, capitale du Secteur Calixis. J’en profite pour rappeler la composition de notre bande.

- Thyratia, jeune femme au visage quelconque, armurée de cuir, gardant dans le dos un énorme fusil à précision. Je la vois bien rejoindre prochainement l’Officio Assassinorum.
- Alaric, homme assez athlétique, rompu à la course et à la bagarre, masquant la partie supérieure de son visage par un bandeau métallique, et ne cesse de battre un jeu de tarot dépourvu de dessins. C’est un psyker, qui voit beaucoup de choses qui échappent au commun des mortels.
- Ulric Ziclon von Zimmen, inquisiteur matricule 60381, arbitrator avec un masque en forme d’un crâne menaçant.
- Et moi-même, Frère Arcturus, ecclésiaste en robe rouge recouvrant mon gilet pare-balles, ma fidèle épée et mon revolver ouvragé toujours avec moi.

Le Conclave de l’Ordo Malleus va prochainement tenir une réunion. Le Seigneur-Inquisiteur Ahmazzi prendra prochainement sa retraite, et cédera donc sa place à un successeur. Que l’Empereur l’aide à prendre la bonne décision, nous en avons bien besoin ! Et la bonne décision pourrait bien tomber, car l’Inquisiteur Optus Enoch serait pressenti. L’Inquisitrice Maya, l’Ange Calciné, est une autre candidate, ainsi que le seigneur-inquisiteur Gankus Dar et le bannisseur Tor, dit « Le Prêtre Vide ».

Les autres Ordos vont être invités pour choisir leurs représentants. L’atmosphère est à la fois solennelle et tendue. L’excitation gagne les cœurs. En attendant la grande réunion, nous sommes logés dans une suite impériale digne de l’Inquisiteur Enoch. Celui-ci tarde cependant à venir. En attendant sa venue, Alaric lit dans ses cartes. Tranquillement, il range son jeu et murmure que des ennuis vont arriver. Confiant en les capacités du psyker à prévoir des événements de ce genre, j’ai déjà ma fidèle épée antique dans une main, et mon revolver ouvragé dans l’autre. Et tout se précipite.

Des coups de feu retentissent, et un commissaire Impérial flanqué d’une quarantaine de soldats qui nous maintiennent en joue nous met en état d’arrestation, complices de l’Inquisiteur Enoch le traître.

Arrêtés, désarmés, nous sommes menés à l’extérieur du bâtiment. Là, toute une foule a été mise aux arrêts. Le Seigneur-Inquisiteur Ahmazzi se traîne sur sa patte de fer vers nous, et accuse tout le monde d’avoir pactisé avec le démon. L’Inquisiteur Enoch a été arrêté pour hérésie, preuves à l’appui. Le Conclave a été annulé, et sera remplacé par le procès de notre Inquisiteur.

Rapidement, nous sommes emmenés au « secteur A ». Six gardes menés par un sergent nous y emmènent en suivant le plan qu’on a donné au gradé. Mais le plan le mène dans une impasse. Le sergent a l’air d’hésiter, soudain des tirs lasers abattent tous les gardes impériaux. Une jolie femme au visage masqué sort de l’ombre et nous apostrophe : « Je suis l’inquisitrice Eratia ! Suivez-nous vite ! » D’autres silhouettes masquées apparaissent, l’un d’eux jette à nos pieds un grand sac contenant nos armes.

Au bout de longues minutes de course, nous arrivons dans leur repaire. Eratia se présente plus longuement : elle est la fille d’Enoch. Je n’ai aucun doute là-dessus. Quand elle nous demande de l’aider à laver le nom de son père, je ne suis que trop honoré d’accepter. Mes compagnons acceptent également.

Une vingtaine de Gardes Impériaux convaincus de l’innocence d’Enoch nous accompagne. Eratia a un sosie qui prendra sa place au procès de son frère. Le jugement aura lieu dans une grosse semaine, ce temps-là étant nécessaire pour que les soixante acolytes capturés soient interrogés et fournissent suffisamment de preuves solides pour condamner Enoch.

Thyritia se demande ce que veut Ahmazzi ? Veut-il rester à son poste ? Veut-il que la succession soit assurée par quelqu’un d’autre qu’Enoch ? Eratia n’en sait rien, hélas.

La première chose que l’inquisitrice nous demande est de découvrir quelles charges sont retenues contre son père. Nous allons devoir pénétrer dans un bâtiment administratif, et dans le bureau d’Ahmazzi. Il serait porté sur les plaisirs de la chair des jeunes garçons.

Une autre solution serait d’aller voir aux archives, et trouver des correspondances entre l’Inquisiteur Enoch qui contiendraient peut-être des pistes.

Une troisième solution est de soutirer des informations auprès du commissaire qui a procédé à l’arrestation de l’Inquisiteur Enoch, le commissaire Von Khar.

Pour une meilleure infiltration, Eratia fait trafiquer les fichiers administratifs sacrés. Nous sommes désormais officiellement au service de l’Inquisitrice Maya, l’Ange Calciné. Il est temps d’y aller. Que l’Empereur nous aide à rétablir la vérité !


Nous commençons nos investigations par les archives. Nous arrivons devant le grand bâtiment sombre, à l’architecture impressionnante. La sécurité a été doublée. La Garde Impériale a déjà investi les lieux, avec des sacs de sable et des bolters lourds. J’ouvre la voie, étant habitué à me faire entendre et écouter. En passant, nous entendons la plèbe chuchoter des calomnies à l’égard de l’Inquisiteur Enoch. Curieusement, au passage d’Ulric, une de ces misérables harpies s’écroule, poignardé sous les côtes, et son voisin est accusé du meurtre et aussitôt abattu. Pas de chance.

L’étage des archives fait cinq mètres de haut, avec un système de classement particulièrement abscons. Heureusement, Alaric réussit à en déterminer le fonctionnement. Chacun cherche de son côté. Ulric et moi réussissons à trouver quelques informations intéressantes.

- Ahmazzi a reçu une missive dernièrement, il y a environ un mois et demie.
- Le lendemain, Ahmazzi a envoyé une missive.

En nous installant sur une table, nous allons consulter la première missive : envoyée par un homme, Kapeth Shen, qui l’appelle « maître », et parle de « preuves indéniables qu’Enoch soit un hérétique » transmises avec un messager. Ce message proviendrait de l’Astre Tyran. L’Astre Tyran serait un astre qui apparaît de temps en temps, selon la légende. Portail Warp, symbole de la fin de l’univers, preuve de la vie de l’Empereur… Personne n’a su dire exactement de quoi il s’agirait. Et ce Kapeth Shen en viendrait. Il a même précisé des coordonnées, qui ne mènent nulle part.

Dans la deuxième missive : Ahmazzi répond que l’Empereur jugera l’Inquisiteur Enoch avec indulgence et lui donnera la possibilité de faire repentance.

Un archiviste vient alors nous trouver, s’inquiétant de nos recherches. J’essaie de l’éloigner, sans succès. Alaric est plus convaincant. Il réussit à convaincre l’archiviste de récupérer un troisième papier qui aurait été glissé dans la correspondance. Ce serait un message de l’Inquisiteur Enoch !

L’Inquisiteur Enoch écrit aux mêmes coordonnées, mais ce courrier date d’il y a plus d’un an. Il dit : « Mon cher ami Kapeth Shen, je sais ce que tu es devenu. Crois-moi, rencontrons-nous. Ton destin peut être bien plus grand. Ce n’est pas la fatalité que tu as subie, mais un signe de l’Empereur. En souvenir de notre amitié, accepte une dernière fois ma main amicale. »

Un discours qui me laisse une sueur glacée. Il y a moult doubles-sens cachés.

Nous décidons alors de quitter le bâtiment. Mais alors que nous nous dirigeons vers la sortie, quelqu’un nous hèle : c’est l’un des Gardes Impériaux qui nous a arrêtés ! Alaric tente de le faire taire d’un pouvoir Psy, sans succès. Nous n’avons d’autre choix que nous défendre !

Les coups de feu éclatent sous la voûte du bâtiment administratif, couverts par le vrombissement perpétuel des machineries d’alimentation. Je regrette de ne pas être un fier combattant, un redoutable psyker, ou un assassin aussi froid que compétent, mais la ferveur qui anime mon bras compense mes lacunes. Thyratia encaisse une balle dans le dos. L’un de nos adversaires perd alors pied et se met à genoux en suppliant « Kapeth Shen ! Kapeth Shen ! », sans doute sous l’influence d’Alaric, avant de se suicider d’une balle dans la bouche.

Une fois nos adversaires tous morts, nous fouillons les corps. Rien de bien folichon à récupérer, mais je repère une marque sur la nuque de celui que je dépouille. En fait, ils portent tous la même scarification. Alaric reconnaît le symbole en forme d’étoile à huit branches, et ce qu’il me dit me pétrifie d’effroi : c’est une marque des forces du Chaos ! Ces maudits hérétiques sont infiltrés jusqu’ici ! Alaric rassemble de quoi constituer un uniforme entier, puis nous faisons disparaître les cadavres dans la chaudière principale de la chaufferie.


Nous allons ensuite vers la destination vers laquelle nous nous dirigions avant cette interruption : le bâtiment où se trouve le bureau du commissaire Von Khar. Au passage, Alaric achète une place pour le procès à un vendeur à la sauvette. Il se présente devant la caserne, habillé en Garde Impérial, et nous fait entrer sans problème.

Nous évoluons au milieu des baraquements. Alaric tâche de détourner l’attention du commissaire en répandant une pluie de dérangements mentaux à travers toute la caserne. Von Khar descend en personne pour abattre les dissidents. Nous en profitons pour nous faufiler dans son bureau. J’ai le pied moins léger que les autres, je suis le dernier à entrer dans le bâtiment. J’en suis quitte pour monter la garde pendant que mes camarades investiguent. Pourvu que l’Empereur les éclaire de Sa lumière pour trouver les indices qui nous feront progresser !

Pendant que j’attends, j’entends un coup de feu dans le bureau. C’est Alaric qui a fait sauter la serrure, mettant à profit le moment précis où Von Khar a fait sauter le crâne d’un des soldats. Mes camarades restent à fouiller quelques minutes, puis nous quittons la caserne. Nous sortons sans nous précipiter, mais dès que nous sommes suffisamment loin, nous courons, alors que l’alarme de la caserne se met à hurler. Ce que nous entendons dans le microvox de l’uniforme volé nous laisse à penser qu’il va être très bientôt nécessaire de remplacer tout le personnel de la caserne…


Il ne nous reste plus que la piste du Seigneur-Inquisiteur Ahmazzi. Nous nous rendons devant le bâtiment où il est logé, mais un acolyte haut placé nous interdit de passer. Un lieutenant nous permet cependant d’entrer, et nous sommes reçus directement par le Seigneur-Inquisiteur Ahmazzi en personne. On nous installe dans un salon pour patienter. Un serviteur apporte des fruits et du vin. Il nous faudra attendre une bonne heure, qu’Alaric met à profit pour lire le destin dans les cartes. Le serviteur personnel d’Ahmazzi, bel éphèbe dans un uniforme serré, nous invite à le suivre, une fois qu’on lui aura confié nos armes.

Quand l’ascenseur qui nous mène aux appartements d’Ahmazzi s’arrête enfin, nous sommes au dernier étage. Les appartements sont d’un faste indescriptible, avec des baies vitrées donnant sur toute la planète, à tel point que la lumière du soleil suffit à éclairer l’ensemble. Nous sommes face au Seigneur-Inquisiteur Ahmazzi en personne. J’espère qu’il ne nous reconnaîtra pas.

C’est Alaric qui mène le dialogue, de main de maître. D’après Ahmazzi, Enoch est donc accusé d’hérésie, et était celui qui était pressenti pour succéder au Seigneur-Inquisiteur. Et l’enquête ouverte sur lui comme sur les autres candidats aurait prouvé qu’Enoch entretenait une relation épistolaire avec un possédé. Lesdites preuves auraient été relevées par des agents d’une efficacité exemplaire. Les échanges entre Enoch et le possédé auraient été de nature impie. Il accepte d’écrire le nom du possédé, à défaut de le prononcer. Bien évidemment, il s’agit de « Kapeth Shem ». Le Seigneur-Inquisiteur nous raconte alors l’histoire de cet hérétique :

Shem est un traître. Il était Inquisiteur de l’Ordo Malleus. Un ami proche, un frère d’armes. Mais dans sa quête, il a « donné son âme » et a refusé de la rendre à l’Empereur. Il se serait laissé bercer par les louanges et les chants du Chaos. Shem a pensé que le moyen de sauver l’humanité de sa propre déchéance serait d’ouvrir son cœur aux puissances des démons. Non seulement il s’est laissé posséder, mais en plus, il ne s’est pas donné la mort, mais a persisté à vivre en étant convaincu d’être dans son bon droit.

Il ajoute qu’il apportera son soutien au Prêtre du Vide, Tor le Bannisseur, et nous demande d’en référer à l’Ange Calciné.

Nous retournons au bâtiment des archives pour pouvoir retrouver les preuves. Malheureusement, quelqu’un d’autre les a déjà empruntées. C’est le commissaire Von Khar, qui les « ramènerait le lendemain ». On va y aller au culot, et retourner à la caserne pour récupérer les lettres saisies. Nous sommes reçus par le sévère personnage. Alaric réussit à le faire plier, à grands renforts d’arguments et de menaces voilées.

Pendant que nous évoluons dans la cour, nous voyons cinq soldats se comporter un peu bizarrement, comme s’ils étaient de connivence avec le commissaire. Alaric utilise ses pouvoirs psychiques pour le réduire à l’impuissance. Un jeune lieutenant arrive, mais malgré mes invectives, hésite à mettre le commissaire aux arrêts. Thyratia a alors une excellente initiative : elle rabaisse le col du manteau de Von Khar, révélant la même scarification que les traîtres du bâtiment des archives. Nous crions à l’hérésie, et l’enfer se déchaîne. Les cinq Gardes Impériaux suspects tentent de fuir, mais sont immédiatement abattus. Le commissaire Von Khar tente de fuir, et un tir de missile d’un char Leman Russ met fit à sa carrière à tout jamais.

Nous récupérons les trois lettres sur sa dépouille, ainsi qu’un livre plein de symboles incompréhensibles, et nous fichons le camp.


De retour à la base d’Eratia, nous lui montrons les preuves. L’Inquisitrice, effarée, nous avoue que l’Ordo Hereticus est désormais sur nos talons. Elle nous parle alors de Kapeth Shem : c’était un fier Inquisiteur radical, parti du principe qu’il pouvait contrôler les démons pour se battre avec leurs armes. Malheureusement, plusieurs âmes de démons ont investi sa tête. D’après la légende, ces démons, habituellement prompts à se battre entre eux, auraient fait la paix pour mieux profiter de cette situation inédite.

L’Inquisiteur Enoch est persuadé de pouvoir ramener son ami à la raison, au moins sauver son âme. Kapeth Shem n’est d’ailleurs pas son vrai nom, il s’agit en réalité de Selech. L’Astre Tyran est apparu peu après la création de Kapeth Shem. Il y a donc un lien. L’Inquisitrice prend le livre du commissaire, et parvient à le lire. Elle nous explique qu’il s’agit d’un traité pour aider à la possession ! La peur commence à me ronger les intestins. Que l’Empereur m’empêche de basculer dans la folie !

Ahmazzi est un radical. Il a formé Enoch et Selech. Il est extrêmement fidèle à l’Empereur. Mais il a une obsession : il veut être témoin de la fin de l’Humanité. Pour lui, ce serait l’apogée de la volonté de l’Empereur. Si toutes les âmes sont rendues à l’Empereur, ce serait la fin de notre Chaos.

Ahmazzi souhaite que l’Astre Tyran nous engloutisse tous. Il a aidé les démons à investir Selech, afin de pouvoir prendre le contrôle de l’Astre Tyran. Or, Enoch aurait dit à Eratia qu’il avait une piste pour tuer Selech. Enoch et Selech pouvaient parler par télépathie, sans être parasité par la présence des démons. Enoch a voulu persuader Selech de se rendre pour l’abattre. En étant à la tête du Conclave, il aurait eu les moyens matériels de le faire. Cela a déplu à Ahmazzi qui a donc pris des dispositions pour empêcher Enoch de devenir son successeur.

Que faire ? L’Ordo Hereticus mènera son enquête d’ici deux mois. Eratia peut manœuvrer pour que cette enquête soit assurée par Astrid Skane, une de ses connaissances, une Inquisitrice radicale qui n’hésite pas à plonger les mains dans la fange pour en extirper l’hérésie avant de la détruire.

Nous allons donc devoir infiltrer le bâtiment de l’Ordo Hereticus pour forcer un peu le destin.