Star Wars - Une aventure de Jedis

La situation n’a jamais été aussi tendue pour moi. L’inquisiteur éteint sa lame. Ildriss fait de même. Droit comme un I, le prélat ténébreux parle d’une voix douce et mélodieuse. Il tente de soutirer les vers du nez à Ildriss. Celle-ci essaie de le convaincre qu’elle fait bien partie de l’Empire. Il n’y croit pas.

Kodaïss échange alors quelques paroles avec ce sinistre individu. Elle contient difficilement sa colère face au responsable du massacre de son peuple. Ildriss en profite pour tenter de s’éloigner, en m’ordonnant de la suivre. En fait, elle a repéré une autre sortie par où filer. L’Inquisiteur propose à Kodaïss de se soumettre à lui, et de lui donner les secrets des Sœurs de la Nuit, en échange d’une reconstruction de son peuple. Elle l’envoie paître. L’inquisiteur tend la main, et il se passe quelque chose d’horrible, le genre dont on entend parler dans les histoires pour faire peur. La Sœur de la Nuit est soulevée à un demi-mètre du sol, sa gorge peu à peu comprimée par une force invisible.

Ildriss dégaine alors son fusil, et appuie sur la gâchette. Mais on n’entend que le cliquetis caractéristique de l’arme qui ne tire pas. La batterie est tombée en panne ! Aussitôt, l’inquisiteur envoie son sabre-laser virevolter dans sa direction. L’arme lumineuse frappe la Zabrak de plein fouet. Je ne sais pas alors ce qui me prend, mais je cesse de réfléchir : je ramasse un caillou qui traîne à mes pieds, et je le jette vers l’inquisiteur. Ma pierre ne le touche pas, mais le frôle au niveau des yeux, ce qui le déconcentre. Il relâche Kodaïss, qui tombe à genoux, et reprend bruyamment son souffle.

Ildriss serre les dents. L’inquisiteur s’approche de Kodaïss, réitère son offre. Kodaïss s’assoit en tailleur, ferme les yeux, et murmure alors un mantra que je ne comprends pas. Des murmures parcourent alors la caverne, et des spectres apparaissent autour de la jeune Sorcière. Les esprits de sa tribu l’entourent. Les troupes de la mort, effrayées, se sauvent sans demander leur reste. L’inquisiteur est désorienté. Kodaïss en profite pour se jeter sur lui, sa vibro-hache à la main. Il esquive le coup, mais trébuche et tombe au sol. Ildriss en profite pour tenter de le maintenir au sol d’une pression de Force, mais l’inquisiteur se révèle plus fort et repousse son assaut. Kodaïss abat une nouvelle fois sa vibro-hache sur l’inquisiteur. Le coup est si violent qu’il a une entaille au niveau du cou.

Je sors mon blaster, et le braque vers l’inquisiteur en lui ordonnant de se rendre. Hélas, je manque beaucoup trop de conviction. Notre adversaire balaye l’air d’un revers, et Kodaïss est projetée en arrière, avec un petit cri. Elle roule dans la poussière, et ne bouge plus. Malheur ! L’inquisiteur se tourne vers Ildriss et murmure, dents serrées à en éclater : « vous allez découvrir la vraie puissance du Côté Obscur », et tend de nouveau le bras. La Zabrak est étranglée à distance à son tour, et perd connaissance.

Je vois successivement Ildriss inconsciente, Kodaïss inconsciente, et mon regard tombe sur la vibro-lame. Je sens alors la peur se transformer en une terrible colère. Comme si cet épouvantail devenait le récipiendaire de toutes les frustrations, toute la rage, toute la révolte, que j’ai accumulées depuis que j’ai quitté Coruscant. Je cours vers la vibro-hache, la ramasse, et me jette sur l’inquisiteur en criant : « Crève ! ». Il esquive mon premier coup. Il tend la main pour me paralyser à mon tour, mais je suis tellement en pétard que ça ne marche pas. Je porte une deuxième attaque qu’il pare difficilement. Soudain, des bruits de tir de fusil blaster résonnent sous la voûte. Les troupes de la mort se font canarder par quelqu’un. Je n’y prends pas garde, car quelque chose de beaucoup plus inquiétant me submerge ; encore une fois, mes sens se trouvent soudainement diminués, comme près de la base. Je rassemble mes forces pour balancer une dernière fois la vibro-hache de Kodaïss dans la vilaine tête de l’inquisiteur. Au moment où la lame percute le gredin, je perds connaissance.


Je reprends connaissance sur le lit d’un dortoir d’hôpital. La première chose que je vois, c’est Kodaïss et Ildriss à mes côtés. Ouf ! On est encore en vie ! Enfin, façon de parler, car une fois de plus, la Force est complètement aveugle ici. Des Humains nous expliquent que nous sommes à bord d’un cuirassé du Consortium de Zann. Nous avons été soignés en échange d’un service rendu par notre groupe.

Pendant notre convalescence, nous retrouvons une vieille connaissance : Ashar Sungazer, toujours à la recherche de curiosités en rapport avec la Force. Lui-même a réussi à fuir Kashyyyk grâce au Consortium, avec qui il travaille pour chercher des Ysalamari. Les Ysalamari sont de petits animaux qui créent une bulle invisible qui isole la Force. Il y en a partout dans le vaisseau. Et ce n’est pas plus mal, car l’inquisiteur y est également, enfermé dans une cellule à la sécurité renforcée. Je regrette que cet odieux personnage ait survécu. Non seulement nous nous sommes presque tuées pour rien, mais en plus, il aura toujours l’occasion de revenir nous pourrir la vie !

Sungazer et nous avons plusieurs conversations. Plus ça passe, moins il m’est sympathique. Il fait preuve d’une certaine condescendance par rapport à nous. Le pire est que le Consortium veut nous utiliser pour une « mission d’effacement de dettes ».

Mais tout ceci ne me concerne pas le moins du monde. Travailler pour ces esclavagistes ? Ces trafiquants de drogue ? Il n’en est pas question. Il est temps d’agir ! Je décide alors de m’évader. Primo, il faut que je trouve un moyen de faire une diversion conséquente. Ensuite, je vais voler une des nacelles de sauvetage, et foutre le camp ! J’essaie de convaincre Kodaïss de me suivre. Hélas, trop fière, elle refuse de m’accompagner. Elle consent cependant à m’aider dans cette opération.

La poisse intergalactique m’accompagne, car aucune des étapes du plan que j’ai concocté ne fonctionne ! J’arrive cependant à fuir avec une nacelle de sauvetage, mais l’alerte est donnée. Direction la planète Ingo ! Mes amis, j’ai beaucoup de peine de partir comme ça, mais je vous promets que je remuerai l’univers tout entier pour vous sortir de ce guêpier ! Je vais aller chercher l’Alliance, et je suis sûre qu’ils trouveront un arrangement pour convaincre le Consortium de faire cesser cet odieux chantage !

Quelle petite écervelée ! J’avoue que son audace me laisse plus admirative qu’indisposée, mais elle se jette à pieds joints dans les ennuis ! Nu-Ada a volé une capsule et s’est enfuie avec son droïd ! Ce n’est que grâce aux talents dissimulés de Sariss, qui a convaincu le commandant de ne pas abattre la navette pendant qu’il en était encore temps, qu’elle est encore en vie. Je me demande vraiment ce qu’elle compte faire, et jusqu’où elle va aller ?

Mais il n’est pas utile de s’appesantir sur son sort. Je suis bien obligée d’accepter la mission du Consortium de Zann. Une dette est une dette. Il va falloir que nous allions sur la planète Saleucami et y faire tomber une organisation criminelle locale dont nous n’avons pas encore le nom. Le contact sera Venlana Sipal, une Pantorienne que nous rencontrerons à la capitale, Taleucema.

Nous nous posons sur Saleucami.



S’ensuit une âpre négociation pour payer le droit à l’atterrissage et de stationnement. En plus de ça, tous les « créditubes » - petits cylindres à argent – avec lesquels Iro essaie de payer sont faux. Heureusement, Kokoro paie, et on passe sans plus de casse.

Taleucema a son charme, même si ça ne vaut pas la liberté, les grands espaces et les majestueuses montagnes de Dathomir.



Les gens sur place sont nerveux, il y a beaucoup de gardes, et même des soldats en blanc de l’Empire. Il y a majoritairement des badauds, certains déjà ivres morts en cette heure plutôt avancée de la nuit.

Nous avons rendez-vous au Paradis Retrouvé, une cantina bruyante. Une fois à l’intérieur, un Twi’lek nous accueille avec le sourire. Sariss, enchantée, s’empresse de s’installer à une table de sabacc. Après approbation d’Ildriss, je ne suis pas les autres, mais reste en arrière de la pilote, debout dans une alcôve sombre, pendant que Jane, Ildriss et Kokoro vont rencontrer Dame Sipal.



Notre objectif est de retrouver un réseau de pirates, la Sororité Voilée, dont les chefs sont des femmes, et le mettre hors d’état de nuire.

La Twi’lek gagne trois parties de suite, et remporte un joli petit pactole. Elle rend à Ildriss les cinq cents crédits, et nous partons. Sur le chemin, en discutant, j’apprends que plusieurs pistes sont à suivre :

- Graf Lind, un ancien pirate de la Sororité Voilée
- Krezo Wasanto : receleur qui a tenté de revendre une partie des possessions des amis de Venlana
- Serveur Sororinet, utilisé pour faire des « visites guidées ».


Sariss et moi allons trouver la boutique de Krezo Wasanto. La pilote va d’abord trouver un petit gars à qui acheter au marché noir un peu de matériel de déverrouillage de portes. Il lui faudra une bonne heure pour ça. Ensuite, elle ouvre la porte. J’entre, et je vois un droïd de sécurité. Une flèche de mon arc laser neutralise en silence ce tas de ferraille. Et nous entrons.

Une porte au fond de la petite boutique est entrouverte, et nous entendons un Rodien et un Humain en train de parler transactions. Sariss ne peut pas s’empêcher de fouiller, et fait un peu de bruit en ramassant tous les créditubes dans la caisse. Résultat : Krezo et son comparse nous repèrent.



Le Rodien s’empresse de faire sortir son client par une porte dérobée et prend un communicateur. Aussitôt, je bondis hors de ma cachette, le frappe au bras pour lui faire perdre son communicateur, et je le prends à la gorge et le plaque contre le mur. D’un regard noir, je lui intime de la fermer. Ce qu’il fait.

Je lui demande alors comment trouver la Sororité Voilée. Il bredouille qu’une certaine Mandi l’a contacté. D’après lui, il faut la retrouver au « Cratère de Sombre Vent ».

Nous retrouvons nos camarades à la Cantina du Soleil Perdu. J’explique ce que Krezo nous a expliqué. Ildriss explique qu’elle va faire une demande auprès de la Sororité Voilée avec Jane pour une tentative de recrutement. Sariss se branche sur l’holonet pour déterminer ce qu’est ce fameux « Cratère de Sombre Vent ». C’est un cratère à deux cent cinquante kilomètres d’ici, et c’est tout ce qu’elle trouve. Par contre, elle trouve accidentellement un accès au réseau Sororinet ! Il faudra cependant un bon ordinateur pour infiltrer ce réseau. Nous allons dans une cantina pour ça. Sariss se connecte sur leur site de couverture (une page d’agence de voyage), et réussit à retrouver sur une fausse page d’erreur un vrai lien vers une autre page.

Mais pendant que la Twi’lek fait ses recherches, cinq individus entrent alors dans la cantina. L’un d’eux est le joueur que Sariss a plumé au sabacc tout-à-l’heure ! Il vient de repérer la Twi’lek et la montre du doigt, soudain furibard.

Ildriss tente une diversion en s’exclamant : « C’est l’anniversaire de mon amie, tournée générale ! » Kokoro s’approche, mains dans les poches. Quand il est suffisamment près, il lui envoie son poing dans la figure. Une bagarre générale commence ! L’un des joueurs agrippe Sariss. Je bondis sur une table pour sauter sur ce joueur, mais je ne parviens qu’à tomber dans ses bras ! Bon, ça permet à Sariss de se sauver. Et Kokoro joue magistralement des poings, nous ouvrant ainsi un passage.

Quand nous sortons, nous voyons arriver toute une bande de guerriers lourdement armés. Ils n’ont pas l’air de faire partie de la police locale. Ce groupe est mené par un Barabel. Houlà ! Nous réussissons à nous esquiver sans nous faire voir. Quelque chose me dit que le propriétaire de la cantina va devoir faire jouer l’assurance…

Nous allons nous reposer dans un hôtel sombre, insalubre et bruyant. Mais bon, j’ai connu pire.


Le lendemain, nous louons un… « speeder », pour pouvoir aller jusqu’au cratère. Vrai, c’est plus rapide qu’un Rancor, encore que je ne me vois pas créer un lien empathique avec ce truc. Après trois heures de route, nous arrivons à proximité du cratère. Le cratère est en pleine jungle. Beaucoup de cris d’oiseaux. Les coordonnées nous amènent jusqu’ une grotte.

Kokoro et Ildriss, les deux meilleurs en discrétion, entrent dans la grotte. Nous autres attendons. Nous entendons à travers l’obscurité de la grotte le bruit d’une casserole sur laquelle quelqu’un trébuche, puis des exclamations se font entendre. Ils ont repéré Kokoro. J’entends des bruits de coups, mais pas de blaster. Hum… Je n’ai pas le temps de me poser de question, car nous voyons arriver trois hommes à peau noire, portant chacun une armure blanche qui ressemble à celle des soldats de choc impériaux, mais un peu différente.



Détail amusant, ils ont exactement la même tête. Des jumeaux ? Une fois encore, je suis interrompue par des grondements sourds. Les clones sont attaqués par deux gigantesques crustacés.



J’ai une idée assez folle : je bondis sur une de ces créatures, pose mes mains sur son dos, et me concentre de toutes mes forces pour créer un lien de Force avec. J’y parviens, mais hélas je comprends que je me trouve face à un couple, et si j’ai un excellent contact avec la femelle, cela attise une brutale poussée de jalousie chez le mâle. Un violent coup de pince provoque une douleur abominable. La créature dont j’ai attiré la sympathie me venge aussitôt en enfonçant la pointe de sa pince entre les deux yeux de mon agresseur jaloux. Le mâle, furieux, envoie un deuxième coup de pince qui me projette du dos de la femelle. Je roule sur sa carapace en m’écorchant la peau sur les aspérités, et tombe dans la boue. Je perds connaissance.

Je reprends péniblement connaissance. Quelle échauffourée ! Le combat est terminé, nous pouvons souffler un peu. L’énorme crustacé avec qui j’ai noué un lien est toujours avec nous. Le problème qui se présente maintenant est de pénétrer dans la base de la Sororité Voilée sans se faire repérer par les dispositifs de surveillance.

Nous sommes cachés non loin d’une parcelle de forêt. Mes camarades de fortune suggèrent alors d’y mettre le feu afin de faire lever de la fumée. Je m’y oppose. D’abord, ce serait de la destruction gratuite envers les arbres et toute la faune qui y vit. Ensuite, ce ne serait pas un feu naturel, et nos cibles s’en rendraient vite compte.

Mais j’ai alors une autre idée. Pourquoi ne pas faire appel aux forces déjà sur place ? Après tout, il y a déjà de quoi créer un camouflage. Je m’allonge alors sur le dos, ferme les yeux, et ouvre mon esprit à la Magie des Sœurs de la Nuit. Je visualise alors la rosée. Les multitudes de petites gouttes d’eau posées sur les brins d’herbe. Je peux les sentir, je peux les voir précisément. Et je peux les alléger. D’abord une première, puis une deuxième… Ma méditation est cependant troublée par de noires pensées. Je revois mon village détruit par ces maudits Impériaux, cet homme à peau blanchâtre qui me torture pour me faire craquer… Mais un autre visage apparaît, pour se superposer à ces images.

Nu-Ada.

Quelle pauvre petite idiote ! Pourquoi avoir pris tant de risques pour moi ? Une parfaite inconnue qui ne voulait pas avoir de lien avec toi ?

Je ressens alors quelque chose que je n’avais jamais senti auparavant. C’est bien la Magie des Sœurs de la Nuit… et ça ne l’est pas. Non, il y a une nuance. Comme si ce n’était pas l’obscurité, la peur ou l’envie qui l’alimentait, mais d’autres émotions plus troublantes. Compassion ? Chaleur ? Je sens mon visage se tordre sous des grimaces violentes, mais je me raccroche à ces pensées-là, et je tiens bon.

Quand je rouvre les yeux, le miracle s’est accompli. Le cratère est entièrement envahi par la brume ! Un vent violent se lève alors. Il ne faut pas traîner ! Je remonte sur le crustacé géant qui ne veut pas me lâcher, suivie par Sariss. Les autres utilisent le speeder. J’espère juste que le rugissement du moteur ne ricochera pas trop sur les parois rocheuses du cratère.

Nous approchons de la base, installée dans une zone déboisée au pied du monticule formé par le cratère.



On peut voir notamment deux canonnières laser sur une plate-forme en hauteur, et plusieurs meurtrières pratiquées dans la paroi métallique. J’arrête le crustacé. Une quinzaine de secondes passe sans qu’il n’y ait aucune réaction, puis les tourelles ouvrent le feu. Un tir rate ma monture, mais abat un arbre qui s’écrase sur la bête. Je bascule sur le côté. Vite, par réflexe, je m’agrippe à bout de bras à une aspérité de la carapace, mais une vive douleur traverse mon épaule.

Le speeder fonce alors vers la forteresse. Dame Ildriss en profite pour lancer une grenade dans la première meurtrière. Puis elle fait un immense saut jusqu’à la plate-forme supérieure, suivie de près par Kokoro, le moine-guerrier. Je devine qu’ils vont faire valser les têtes. Devant nous, la grande porte s’ouvre, peut-être sous l’action de la grenade, peut-être de leur propre initiative. Iro et Jane s’occupent du cas des trois gardes qui apparaissent dans la fumée.

Je décide de descendre de ma monture. Tout en courant vers la porte, je sors mon arc laser, et envoie un carreau énergétique en pleine figure de l’un de ces gardes. Puis un deuxième qui étend l’autre. Iro et Jane se débarrassent du troisième. Sariss n’a aucun mal à forcer la serrure de sécurité, et nous pouvons entrer dans les profondeurs de la base.

À un premier croisement, deux gardes nous attendent, l’un à chaque extrémité du couloir perpendiculaire. Je dis « rendez-vous, et on vous laisse vivre ! », tandis que je demande mentalement au crabe de flanquer un coup dans la base, histoire d’augmenter l’effet de coercition. Le premier se rend, l’autre, furieux, abat le premier avant de se faire abattre par Jane.

Nous allons continuer, mais Iro nous indique que deux autres gardes nous attendent de chaque côté. Et effectivement, nous voyons arriver de nouveaux ennuis. Jane fait une petite feinte, et pousse les deux gardes à s’entretuer accidentellement. Je réitère mon injonction de reddition : « C’est votre dernière chance ! Rendez-vous ! ». Pour toute réponse, l’un des derniers soldats debout jette une grenade, qui tombe à mes pieds et explose.

Je suis exténuée, et je sens la rage monter. Mais je me rappelle alors de ce que me disait Nu-Ada… Ne pas céder à la colère, ne pas céder à la colère. Un bruit de blaster retentit derrière moi. Un des miliciens est entré par une porte latérale et a méchamment blessé Sariss. Jane le foudroie d’un tir de son arme. Heureusement qu’Iro peut soigner la Twi’lek. De mon côté, j’étends encore un des soldats d’un carreau laser.

C’est alors que Dame Ildriss et Kokoro nous rejoignent. Ils affirment s’être débarrassés des tourelles. J’explique qu’il reste un soldat qui refuse obstinément de se rendre. Sans faire ni une ni deux, Ildriss bondit, fait un saut magnifique pour trancher de son sabre-laser le dernier soldat.

Nous progressons davantage, et au passage, on trouve un Humain isolé caché dans les toilettes. Nous servant de lui comme otage, nous continuons. Quand nous arrivons à proximité du réfectoire, quatre autres soldats sont prêts à se défendre à l’intérieur, cachés derrière les tables renversées. Encore une fois, je leur somme de se rendre, et cette fois, ça marche. Nous les laissons paralysés et attachés avant de détruire la serrure électronique, puis nous arrivons à l’ascenseur. Sariss ouvre les portes, mais n’arrive pas à le mettre en marche. Je monte à l’échelle de secours, et vois au bout de l’échelle la plate-forme. Une fois arrivée en haut, je distingue la porte vers le palier supérieur, qui est ouverte. Je jette un coup d’œil, personne. Je fais signe aux autres de monter. Sariss et Kokoro me rejoignent. Mais alors que j’avance, deux types cachés dans une alcôve sur la droite tirent. Je recule, et en abats un. L’autre tire dans l’ascenseur, ce qui ferme la porte.

Sariss s’empresse de trafiquer le panneau de commande de la porte. Et je ne sais pas par quelle sorcellerie elle a fait ça, mais toutes les portes de l’étage s’ouvrent en même temps ! Kokoro s’élance en avant, et brise la nuque de l’attaquant qui restait.

Une fois de plus, la voie est libre, mais je sens que les ennuis vont continuer. Il y a du bruit qui sort de la porte qui mène à une pièce sur notre droite. Je crie une nouvelle fois : « Rendez-vous, vous êtes cernés ! » J’entends une petite voix venue de cette direction faire « c’est trop de la folie, faut se rendre ! » avant un bruit de coup – je suppose une mandale d’un de ses camarades. Deux robots de manutention surgissent devant nous, prêts à nous écraser.



Intimidé par le danger, Iro s’empresse de redescendre l’échelle. Sariss sort un petit blaster léger et tire sur l’un des robots. De mon côté, je sors ma vibro-hache, et il me suffit d’un balayage double pour envoyer ces deux boîtes à conserve à la casse ! Mais les soldats restants défouraillent à leur tour, et le panneau de contrôle de l’ascenseur est de nouveau atteint, ce qui fait redescendre la plate-forme, et moi avec. Dame Ildriss fait un immense saut, et se jette dans la mêlée. Je ne vois pas ce qui se passe, mais j’entends son sabre trancher quelqu’un avant de grésiller.

Le silence revient. Nous pouvons remonter. Nous avons accès à leur armurerie, ce qui nous permet de faire le plein de munitions et de grenades. Nous récupérons par ailleurs deux médipacs, ce qui nous permet de soigner Iro et Kokoro. Dame Ildriss reprend son exploration, je la suis de près, je couvre ses arrières, moi-même suivie par Jane. Nous arrivons enfin devant la porte où nous soupçonnons que le chef de cette organisation de minables se planque. Sariss fait jouer ses talents d’informaticienne, et la porte s’ouvre.

Nous entrons dans une grande salle de contrôle avec de nombreux ordinateurs. Une grande femme masquée entourée d’une demi-douzaine de soldats s’adresse alors à nous :



« Le Consortium vous a envoyé m’abattre, je suppose. Bien. Je vous offre le même montant que ce que ces clowns vous offrent, et vous vous en allez, et tout le monde sera content. »

Jane veut négocier cette proposition, en demandant « de quoi faire une fausse preuve de sa mort ». Ildriss souhaite quelque chose de plus concret, à savoir cent cinquante mille crédits. De mon côté, j’émets des doutes. Je préfère éviter d’avoir aux fesses le Consortium. En outre, cette dame masquée a présentement six hommes pour la protéger, alors que nous avons entièrement nettoyé sa base. Je lui signifie donc qu’elle n’est pas tellement en position de négocier.

Alors que le dialogue tourne en rond, un cliquetis de blaster se met en marche près de la tête de Jane. Il s’agit de Graf Lind, arrivé sans bruit, qui se permet de la braquer.



La Twi’lek allume son sabre-laser et coupe net le bras du vieux clochard. Le coup part tout de même, et atteint la pauvre Sariss, qui a décidément l’habitude de prendre des coups. Elle tombe au sol. Sans y prendre garde, Jane demande calmement : « Bon, on se bat ou on discute ? » La femme masquée répond « on se bat ! » Qu’il en soit ainsi.

Ildriss balance une grenade explosive. Jane fait de même. Puis nos adversaires font de même. Je bande alors mon arc laser, et mon projectile laser file jusque dans le masque de cette garce. Vu le cri de douleur qu’elle pousse, vu le nombre de pas qu’elle fait en reculant sous l’impact, j’en conclus qu’elle a méchamment dégusté !

L’autre groupe jette une grenade, et Ildriss et Jane tombent à la renverse. La situation s’envenime particulièrement. Il n’y a plus que moi, Kokoro et Jane en état de se battre. La femme masquée nous intime une nouvelle fois de cesser le feu et nous laisser emprisonner. C’est alors qu’une autre femme approche discrètement de nous par-derrière, et attire notre attention avec un léger « psst ». Mais je n’en ai cure. Ma patience a atteint ses limites. Je repère alors un gros panneau de contrôle cylindrique dans la salle. Je cours vers cette couverture, en tirant au passage une flèche sur la cheffe masquée. Cette fois, elle s’écroule pour de bon. Je saute derrière la table de contrôle, et ne peux retenir un « Crève, crotte de Rancor ! »

Soignée par Iro, Jane fonce, sabre-laser en avant, et taillade deux des soldats d’un mouvement large et gracieux. L’un des larbins restants court vers sa reine pour lui administrer un médipac. Elle se relève, blaster au poing, et me tire dessus. Le tir ricoche juste à côté de ma tête, mais je m’accroche avec l’énergie du désespoir. Je lui retire dessus à l’arc, elle retombe, et je crache un cinglant « j’ai dit ̎crève, crotte de Rancor ̎ ! » Et Jane bondit sur cette reine pirate, et la décapite.

Les quatre derniers soldats restants, voyant leur reine morte, se montrent enfin raisonnables, et décident de se rendre.

Enfin, le silence revient. Iro ranime les blessées. Jane arrache le masque à la tête restée par terre. Tout le corps change alors, révélant une combinaison bien moins riche. Le masque était probablement un projecteur holographique. Iro cherche la mystérieuse femme qui nous avait abordés, mais pas moyen de la trouver. Pas plus sur les enregistrements de sécurité, d’après ce que nous dit Sariss.

Je fouille la reine pirate. Elle n’a rien de bien intéressant sur elle. Son visage est celui d’une femme Humaine à la peau sombre. Jane coiffe le masque, et effectivement, son apparence change pour prendre celle de la reine pirate. Il en est de même pour sa voix.

Iro soumet alors une idée : et si nous simulions notre mort, pour pouvoir prendre la place de cette Reine Pirate, à la tête de la Sororité Voilée ? Hum… Je ne sais pas. Quelque chose ne me plaît pas, là-dedans. Cette voie-là me semble non seulement hasardeuse par rapport au Consortium, mais même… J’ai un instinct qui me chuchote que ce n’est pas ce que dois faire. Je n’ai pas envie de devenir une vulgaire pirate. D’après Iro, ça peut être un bon moyen de reconstituer les Sœurs de la Nuit… mais cet outil-là me paraît être un peu trop hasardeux. Comme un boulet. Encore que…

Jane nous dit que c’est une opportunité à saisir. En effet, jamais le Consortium n’acceptera de nous lâcher, même si on leur ramène le masque et la tête qui était dedans. Ils pourront continuer à nous faire chanter longtemps. D’autre part, la Sororité Voilée pourrait devenir rapidement un deuxième ennemi intersidéral.

Sariss, lasse au possible de tous les malheurs qui lui sont tombés dessus, propose alors de devenir la nouvelle Reine Pirate, nous donnant ainsi un solide contact avec des moyens très développés pour parvenir à nos fins. Certes, le Consortium n’appréciera pas, mais nous aurions les moyens de lutter contre eux ? Ils lâcheront peut-être Nu-Ada.

Et qu’en est-il de moi ? Reconstituer les Sœurs de la Nuit… je repense alors à ce que nous avons traversé, et aux temps de réflexion passés avec Nu-Ada. Et si… je suis actuellement la dernière Sœur de la Nuit de ma tribu… pourquoi ne pas en profiter pour changer un peu les règles ? Qui pourrait m’en empêcher, ou me le reprocher ? Je suis la dernière ! Je peux peut-être trouver une autre philosophie, basée plus sur la confiance, la compassion ? Nous, les Sœurs de la Nuit, nous étions des chasseresses, des traqueuses, des combattantes fières et impitoyables… mais où est-ce que ça nous a finalement mené ? Les plus grandes civilisations sont-elles vraiment les plus belliqueuses ?

Oh, c’est sans doute trop tôt. Et puis, je ne sais pas si Dame Ildriss verrait cela d’un bon œil ? Toutefois, ça mérite vraiment réflexion. Et les moyens matériels de la Sororité Voilée pourraient être une première piste sérieuse ?

J’ai pris le temps de réfléchir à mon nouveau but dans la vie. Oui, je vais tenter de créer une nouvelle philosophie, une nouvelle façon d’utiliser la magie des Sœurs de la Nuit, mais d’une manière différente.

Jusqu’à présent, je me suis servie de cette… « Force » en écoutant plutôt mes instincts les plus primaires, et brutaux. Comme les animaux. On ne peut pas dire qu’il y ait des animaux « gentils » ou « méchants », à ce que je sache. Qu’ils soient proies ou prédateurs, ils ne s’embarrassent pas de la moralité. C’est ainsi que raisonnaient les Sœurs de la Nuit, si proches de la Nature et son impitoyable neutralité. Mais…

En consultant les bases de données de cette Alliance Rebelle, j’ai pu voir quelques subtilités intéressantes : certains organismes vivants vivent en symbiose, et donc s’unissent pour faire face aux difficultés. Les animaux qui évoluent en meutes sont bien plus efficaces que les solitaires. Et certains ont choisi de s’adapter, d’évoluer pour être domestiqués par les espèces plus intelligentes.

Je pense que la philosophie proche de la Nature que m’a enseignée Dame Tildiss pourrait être une bonne base, mais je vais voir s’il n’y a pas moyen de troquer l’indifférence par la bienveillance, la cruauté par l’amitié, la sélection par la compassion.

J’appellerai ce nouveau mouvement « la Sororité de l’Aube », en souvenir de la Sororité de la Nuit. Je n’en ai pas la prétention pour le moment, mais qui sait, peut-être que dans quelques siècles, cette philosophie sera enseigné auprès de tribus entières ?

Pour l’heure, il nous faut prendre une décision. Ildriss soutient que Sariss n’a aucun intérêt à devenir la nouvelle cheffe de la Sororité Voilée, elle ne serait pas crédible, et sa vie s’abrégerait rapidement. Mais si elle quitte le groupe, elle exige de garder le vaisseau. « Je préfère perdre le Stingray mais te savoir avec encore la tête sur les épaules », dit la Zabrak.

Trop contrariée par ses dernières mésaventures, Sariss décide donc de quitter le groupe. Avant de s’en aller, elle farfouille une dernière fois dans la base de données informatique de la Sororité Voilée. Elle ne trouve cependant rien de particulier. Ildriss préconise de revenir au Consortium. Jane préconise d’effacer les enregistrements de sécurité, afin d’effacer nos traces. Nous quittons la base pour retourner en ville, et Sariss pourra partir de son côté. J’en profite pour annoncer officiellement la création de la Sororité de l’Aube. Jane, plus cynique que jamais, me rit au nez, sûre de me voir à jamais du Côté Obscur.

Mais alors que nous sortons de la base, nous tombons nez à nez avec un énergumène Humain qui attend près de notre landspeeder.



Jane sort tout de suite son sabre-laser. Et c’est moi la ténébreuse ? L’individu n’a cependant pas l’air de s’offusquer. Il semble émaner de lui des vents de magie bienfaisante. Il refuse cependant de discuter tout de suite, et préfère parler en chemin.

Il nous raconte alors une longue histoire ; il nous suit depuis Dathomir. Il se présente : Falen Thaxton. Il suit nos agissements depuis déjà quelque temps, et aurait besoin de nous pour libérer quelqu’un de très cher retenu prisonnier par les Impériaux. Il s’agit de son maître, Dame Belee Harik, qui serait « la personne prisonnière chez les Hutts que nous avons tenté de délivrer ». Sans doute quelque personne que Nu-Ada avait rencontré, car je n’ai pas vécu cette partie-là de l’histoire. Mais en y réfléchissant, elle me dit quelque chose, en effet.

Nous retournons à Taleucema, où Sariss prend congé de nous. Bon courage, Sariss, tu as fait preuve de plus de courage qu’un bon nombre de gens que j’ai pu voir…

Les coordonnées de Falen mènent au-delà de la Bordure Extérieure. Un nouveau parfum d’aventure à gros risques se profile. Plusieurs semaines de voyage se profilent. C’est Iro Gelliah qui pilote. Les premiers jours se passent sans histoire, jusqu’au moment où il nous égare dans un endroit non répertorié, ce qui rallongera d’une semaine le temps de trajet.

Je profite du voyage pour longtemps méditer. Je réfléchis à la nouvelle philosophie des Sœurs de l’Aube. Les Sœurs de la Nuit se fiaient à l’instinct, aux pulsions primitives. Moi, je pense qu’il faut rester proche de la nature, mais ne pas être dans la prédation ou l’opposition. Plutôt dans la symbiose. C’est là que je me rends compte que j’ai tout à apprendre en ce qui concerne la symbiose entre personnes – l’empathie.

Le nouveau venu, Falen, passe un moment à réparer le sabre-laser d’Ildriss, qui était abîmé. Il l’aurait « purifié » des traces du Côté Obscur. En effet, la lame est désormais verte. Heureusement pour lui, la Zabrak semble satisfaite.


Nous arrivons aux abords d’une planète glaciale, qui apparemment n’a pas été répertoriée. Appelons-la donc « Sariss » !



La boule blanche qui apparaît dans le cockpit est un spectacle plutôt hypnotisant. Les coordonnées indiquant la position de la cible à extraire que Falen a obtenues on ne sait comment indiquent un pic très haut, perdu dans une tempête de neige ininterrompue.



Iro nous rapproche tant bien que mal de cette montagne. Nous repérons alors ce qui ressemble à un village au niveau technologique comparable à celui qui m’a vu naître. Falen nous désigne une formation rocheuse sous laquelle nous pouvons poser le vaisseau, qui sera partiellement à l’abri. Jane observe que nous n’avons pas de vêtements chauds, elle enfile néanmoins le masque holographique et prend l’aspect de la Reine Pirate. Nous allons devoir marcher deux cents mètres en pleine tempête de neige.

Ildriss, je commence à la connaître, ne fait pas de détail. Elle monte dans le cockpit de la tourelle laser inférieure, et fait fondre la neige à coups de canon pour nous dégager le passage. Nous allons devoir tout de même affronter les éléments. Me remémorant nos leçons sur Dathomir, je me concentre pour utiliser la magie. Les vents magiques entourent mon corps, et l’isolent du froid. Mais l’exercice de la magie positive est stressant, vivement que je m’y habitue.

Le stress est surtout éprouvé par les autochtones, des Humains à peau sombre, qui nous voient d’un œil chargé de soupçons. En même temps, après la démonstration de canonnière d’Ildriss, ce n’est guère étonnant. Jane s’avance pour parlementer avec la personne qu’elle juge être le chef du village. Ildriss et Falen jouent des coudes pour pouvoir rapidement se mettre au chaud. La Zabrak fait même un immense saut au-dessus des villageois qui tentent de lui barrer la route, et rentre dans une maison au hasard. Ça ne rate pas : les habitants prennent peur, on entend leurs cris.

C’est alors qu’une personne encapuchonnée se dirige vers la maison d’un pas tranquille. Sous la capuche de fourrure, je distingue quelques cheveux roux. Hum… Au cours de nos conversations, Nu-Ada m’avait parlé d’une Humaine rousse, prisonnière chez les Hutts. Serait-ce cette Belee Harik ? J’ai de plus en plus de mal à réfléchir, il fait vraiment très froid ! Jane fait alors un petit geste de la main, et le chef, Gorouk, baisse son arme et nous invite à aller nous abriter à la plus grande maison du village.

L’intérieur est très spartiate. Nous nous rassemblons autour d’un grand feu. Ildriss nous rejoint alors, habillée à la manière des villageois. Elle nous présente la personne qui était encapuchonnée : Djak.



Djak est ne grande Humaine rousse, à l’air athlétique. Elle intercède en notre faveur auprès de Gorouk pour que nous puissions avoir des vêtements chauds. Je propose de leur donner en paiement ma grenade aveuglante. Ildriss, cependant, remet en question les capacités de chasseur du chef. Celui-ci veut la défier à un combat amical. Avec un sourire, la Zabrak montre du doigt Kokoro.

Les autochtones dégagent un espace pour servir d’arène improvisée. Gorouk fonce sur Kokoro pour le plaquer au sol. Le jeune homme se relève d’un bond et réplique d’un magistral coup de pied que l’autre esquive de justesse. Le combat s’arrête bien vite, le chef étant satisfait de la performance.

Gorouk nous déconseille fortement d’aller à la montagne. De grands dangers sont à craindre. « Démons », dit-il. Mais nous sommes décidés à y aller. Avant de partir, Iro va soigner nos engelures. Falen nous presse à partir au plus vite. Gorouk nous dit que plusieurs étrangers sont effectivement venus, mais seuls ceux habillés avec des tenues de culte revenaient. Des tenues de culte… comme des robes Jedi ou Sith ?

Nous entamons l’ascension, sans matériel d’escalade. Mais bon, le chemin serait tracé, et praticable sans matériel. Une fois encore, je fais appel à la Force – bon, je vais m’habituer à cette appellation universelle – pour résister au froid glacial qui traverse les vêtements, et surtout garder le rythme d’ascension. Iro et Djak sont malheureusement à la traîne. Je viens soutenir alors la femme Humaine, qui semble apprécier le geste.

Le chemin a beau être tracé entre les arbres, c’est dur. Le vent siffle de plus en plus fort à nos oreilles. Aucun animal ne se fait entendre, ni voir. La forêt est constituée seulement de troncs morts. Régulièrement, la neige craque en petites avalanches autour de nous. Les heures s’additionnent. Au bout de la huitième, enfin, nous arrivons sur une espèce de plateau où nous voyons une cabane en pierre du style architectural des autochtones, avec un toit rajouté par-dessus, et des outils disposés sur un plan de travail.

Quand nous approchons de la cabane, une odeur pestilentielle agresse nos narines à travers le froid. Ce qui n’est pas étonnant, vu que plusieurs morceaux de viandes sont accrochés sur les murs de la cabane. Il y a aussi des peaux de bête tendues, et des plaques de bois avec des inscriptions en basic : des noms de personnes. On croirait voir des plaques funéraires. Cela fait penser à un lieu de pèlerinage. Enfin, on voit une peau avec un nom écrit au sang : Marybell Walker.

Iro et Falen approchent de la cabane. L’Humain confirme qu’il sent quelqu’un à l’intérieur. Ildriss frappe alors à la porte. Au bout de quelques secondes, elle s’ouvre sur un homme couvert d’un grand manteau de fourrure bien différent de celui des autochtones. C’est un type immense, plus grand que le plus grand d’entre nous. Grande barbe, large d’épaules, un vrai bûcheron ! Je reste vraiment très impressionnée ! Je ne savais pas que les Humains pouvaient être aussi baraqués ! Il nous invite d’un grand geste à entrer nous mettre au chaud.



Ce géant – Zeke, de son petit nom – est ici depuis très longtemps. Il n’est pas très enthousiaste à l’idée de nous voir monter au pic, à cause d’une « malédiction » qui l’oblige à enterrer bien des gens.

La deuxième partie de l’ascension peut commencer. Plus nous montons, plus la bise s’intensifie, plus la couche de neige au sol devient épaisse. Les arbres se raréfient également. Une petite humidité glaçante traverse nos vêtements. Je ne sens plus mes doigts, encore moins mes orteils. Huit autres heures de marche intensive dans une tempête de neige. Enfin, nous arrivons sur un plateau immense, sur lequel sont disposées des milliers de tombes. Et près du bord de ce plateau, nous voyons un chalet.



Alors que nous approchons de ce cimetière, la tempête semble subitement se calmer. La température ne monte pas pour autant, mais au moins, on échappe au vent et à la neige dans la figure.

Un peu plus loin, on voit un arbre avec une corde attachée à une branche. Je vais aller voir l’arbre. Il semble tout à fait commun, sans la moindre feuille, et a une forme vaguement humanoïde. Au fur et à mesure que j’avance, je ressens une présence familière, hélas devenue synonyme de déchéance depuis quelques semaines : le Côté Obscur. J’entends alors au loin une espèce de mélodie, comme si le vent soufflait en musique. L’arbre lui-même suinte de haine, comme s’il avait assisté à quelque chose de détestable, et que ça le révoltait.

Je voudrais comprendre la colère de cet arbre pour l’aider à l’apaiser. Hélas, c’est lui qui me transmet sa colère. Je m’empresse de retirer la main. Kokoro se met alors à creuser sous la corde, et détermine en voyant les traces d’un corps tombé à terre. Djak se dirige vers le chalet.

Je ne veux pas en rester là. Je m’assois en tailleur devant l’arbre, et j’essaie encore de me synchroniser avec lui. Hélas, pas moyen. Trop de souffrance et de haine circulent dans ses fibres. Je suis violemment repoussée. Je sens des larmes geler sur mes pommettes. Tant pis, la rage est trop puissante, je ne peux rien pour lui. Résolue à accepter l’échec, je me relève pour retrouver mes camarades qui sont entrés depuis longtemps dans le chalet.

Alors que j’approche de la bâtisse, j’entends le bruit caractéristique d’un tir de blaster. Je fonce, tout en sortant ma vibro-lame, et entre en enfonçant la première porte venue, qui tombe sous ma botte. Un courant d’air glacé entre alors avec moi dans la salle de séjour. Aussitôt, trois chaises pivotent pile vers moi. Horreur ! Pas de doute, il y a une force maléfique dans la pièce. Je tâche de garder mon calme, et me concentre pour tenter de percevoir son origine. Sous mes pieds. Et, justement, au milieu du plancher, je remarque une trappe.

J’appelle Ildriss, Kokoro, Ilo… Ildriss me fait sursauter en arrivant juste derrière moi. Je lui montre alors la trappe, et assure en bredouillant sous la panique que l’influence néfaste vient de là. La chasseresse l’ouvre. L’ouverture donne sur un puits vertical sans échelle, mais avec des prises creusées.

Ildriss récupère une vibro-épée posée sur une malle, dans une des chambres. À mon avis, c’est une idée hautement mauvaise. Puis elle ramasse une bourse dans une autre chambre, une bourse pleine de poudre étrange qu’elle confie à l’alchimiste. Iro la reconnaît, il nous explique que c’est de la poudre de lotus pourpre, un composant très volatile aux effets pouvant être aussi terribles que fantastiques, selon comment on s’en sert.

Ildriss égrène quelques notes sur un instrument de musique très étrange, une énorme boîte dans laquelle se trouve toute une batterie de cordes métalliques tendues, cordes qu’on peut faire vibrer grâce à un système de petits marteaux commandés par un clavier de touches d’ivoire.

Je prends alors conscience que l’étrange mélodie que j’entendais dehors est plus forte dans cette bâtisse.

Falen voit alors sur un bureau du salon un énorme grimoire. Il est très épais, et semble relié en peau humaine. L’Humain refuse de s’en approcher. Ildriss l’ouvre alors sur une page au hasard. On peut voir une liste de noms et de lieux. Mais je ne sais pas pourquoi, je n’ai pas du tout envie qu’on y touche davantage.

Iro vient nous voir alors : il tient dans la main quatre billes bleues qu’il a récupérées d’une clepsydre, si j’ai bien compris. Ildriss lui préconise de ranger ces billes dans sa bourse. Iro fouille alors dans son gilet, et se rend compte que sa bourse a disparu. Ildriss regarde alors dans le miroir sur le mur, et l’observe attentivement. Elle l’oriente. Kokoro n’apparaît pas dans la glace. Ildriss décroche le miroir, et constate que seules les deux Zabraks du groupe se reflètent dans cette glace. Soit les deux personnes les plus influencées par le Côté Obscur, évidemment. Ce que Jane ne manque pas de remarquer avec un petit persiflage.

Falen fait alors allusion à une toile. Il y avait dans une des chambres une toile qui représentait notre groupe, les deux Zabraks en moins, avec un grand squelette en arrière-plan, Iro avec des billes bleues semblables à celles de la clepsydre dans les mains, et Djak avec une coupe baignant dans une lumière céleste. De mieux en mieux !

Ildriss repose le miroir à sa place, puis elle descend dans le puits, sous l’œil attentif de Jane, toujours équipée du casque holographique à senseurs améliorés. Ildriss touche le fond du puits, et fait face à une galerie. Kokoro embarque le gros livre sur le bureau.

Ildriss arrive à un couloir taillé dans la roche. Elle nous décrit qu’elle se trouve dans un couloir dont toutes les parois sont sculptées de dessins représentant la souffrance du sol au plafond. Charmant !

Iro se lance. Kokoro descend à son tour, puis Jane, mais celle-ci tombe. Kokoro la rattrape. Moi, je descends dans le puits en toute sécurité. Effectivement, en bas, c’est une horreur. Il y a des visages grandeur nature tordus de douleur taillés dans les parois du tunnel dans tous les sens.



Jane observe « ah, ces visages sont vivants ! » Djak dégaine aussitôt et tire dans un des visages, ce qui le fait exploser. L’idiote ! Le tir aurait pu ricocher sur quelqu’un ! Je ne manque pas de lui faire la remarque. Elle se contente de hausser les épaules.

Nous nous aventurons plus avant dans le couloir sombre. Au bout, nous arrivons devant une grande porte, dont la serrure a été ouvragée en forme de tête de gargouille. De quoi inspirer la confiance, pour sûr… La porte est fermée à clef, mais la clef est toujours sur la serrure. Par contre, cette serrure est placée dans la petite mâchoire sculptée. Très probable que ces mâchoires recèlent un piège. Falen prend le risque, et tourne la clef. Une série de cliquetis plus tard, la porte s’ouvre.

Nous arrivons dans une pièce avec dix petites tables de chevet, chaque table comporte une main gauche de squelette. Et à notre droite, il y a une grande double porte sur laquelle est gravé un sceau. Falen nous explique qu’il s’agit du symbole d’une secte alternative de la Force, un peu comme les Sœurs de la Nuit, en l’occurrence la secte des Duvans, des gens qui ont des croyances sur la mort, et qui ont tendance à faire des expériences pour altérer la frontière entre la mort et la vie.

Vraiment charmant ! Je me surprends à penser qu’il est heureux que les Sœurs de la Nuit n’existent plus, car c’est un genre de pouvoir que les plus fanatiques auraient convoité ! Mais Maîtresse Tildiss n’était pas spécialement tournée vers ce genre de ténèbres, contrairement à d’autres de ma connaissance.

Falen s’approche, regarde un peu plus en détail des plaques gravées de caractères. L’Humain semble alors assailli de petits éclats de lucidité. Il murmure : « Transcrire », « Remplacer ». Iro a l’idée que les personnes qui sont montées auraient échangé leur esprit avec d’autres qui sont redescendues à leur place, ou bien se seraient fait voler leur enveloppe corporelle.

Kokoro pousse la porte, elle s’ouvre sur une immense salle basse qui, vu du dessus, ressemble à un crâne. Au milieu de cette salle, une douzaine de crânes suspendus au plafond par des chaînes sont rassemblés en cercle. Au fond à gauche, je vois toute une construction de tuyaux en os au pied de laquelle il y a une sorte de clavier du même matériau. Au fond au centre, un autel. Au fond à droite, deux sortes de petits récipients fixés au mur. Et deux autres portes paraissent à nos yeux : une à gauche, et une au fond, près de l’autel. Ces Duvans semblent manifestement et définitivement portés sur le morbide.

Kokoro tente de fracasser une des charnières de la porte pour éviter que le mécanisme ne se referme sur nous. Ildriss est plus directe, et découpe le bois de son sabre-laser.

Kokoro remarque plusieurs fresques murales, dont l’une qui représente plusieurs centaines de victimes, avec la phrase : « Nommez-les, mais ne leur construisez aucun monument ».

C’est alors qu’une série d’événements se produit. Il va m’être difficile de tout restituer, car je n’ai pas tout suivi, notre groupe s’étant séparé à plusieurs reprises.

Jane, Kokoro, Djak et Falen franchissent tout de suite la porte de gauche.

Je reste aux côtés de Dame Ildriss. Elle s’approche de l’autel du fond. Cet autel est en forme de crâne. Djak va examiner les deux récipients à liquide sacré – en réalité de l’eau noire et visqueuse, avec des dents à l’intérieur. Djak vide sa gourde pour puiser de l’eau noire. Elle récupère également un médaillon qui était immergé dans le bénitier de gauche.

J’examine alors la construction entièrement d’os. J’appuie sur une touche du clavier constitué de phalanges standard. Une belle note sort d’un des tuyaux et retentit sous la voûte. Ildriss m’explique que cet instrument s’appelle un « orgue », et on s’en sert généralement pour jouer de la musique sacrée. J’essaie d’appuyer sur plusieurs touches pour reconstituer une mélodie. Je n’arrive à rien, il m’est trop difficile d’utiliser ce truc. Par contre, je sens une odeur désagréable ; oh-ho ! C’est un nuage de spores qui sort des tuyaux ! Je me jette en arrière, en retenant ma respiration. Je parviens ainsi à ne pas respirer les mycoses.

Ildriss, toujours près de l’autel, repère alors des bijoux dans le fond d’une ouverture. Elle appelle Djak pour faire jouer ses doigts de fée. Au moment où elle passe devant moi, un deuxième crâne tombe juste à côté d’elle, ce qui la fait sursauter. Je me dirige alors vers la porte du fond, celle près de l’autel. Pas moyen de l’ouvrir. Je la pousse, flanque des coups de pied dedans, elle résiste. Même le sabre-laser d’Ildriss ne peut l’entamer. Ildriss repère alors des plaques de cuivre avec un texte gravé dessus. Falen, qui semble connaître en partie ce langage, dit qu’il est écrit « dons ». Iro met alors deux de ses billes dans chaque vasque, mais rien ne marche. Hé, mais il manque une dent à chacun des crânes suspendus. Oh non… Oh non ! Il va falloir que quelqu’un donne une de ses propres dents !

Ildriss a une idée tout aussi tordue : se faire couper les deux cornes par Iro. Hélas, rien ne se passe quand elle met ses cornes dans le bénitier. En revanche, un troisième crâne tombe au sol.

Je sens couler des larmes sur la joue, mais il va falloir se faire une raison. Le jeu a des règles très cruelles, mais nous devons les suivre. Je tâche de me concentrer de toutes mes forces pour éviter de m’enfuir en hurlant, mais je dois atteindre un état de sérénité absolue pour pouvoir me livrer à cette terrible opération. C’est alors que Kokoro revient avec une feuille de papier sur laquelle sont écrites des notes de musique.

Iro s’installe devant l’orgue, se met à jouer. Une mélodie mélancolique retentit alors, et glisse à travers toute la pièce, lancinante, envoûtante. Le Tholothien entre alors en transe. Une minute plus tard, il se réveille, et nous confie avoir eu une vision : toutes les créatures des alentours, mortes. Dame Ildriss tente à son tour, et entre dans la même transe. Au bout d’une longue minute, elle se réveille. Elle a vu la même chose, mais rien de plus.

Un quatrième crâne tombe.

Falen repasse la porte de gauche pour reprendre son exploration. Quant à moi, je reprends de plus belle ma concentration. Il faut qu’on s’en sorte, il faut faire un don. Ildriss essaie bien de se taillader le bras pour faire couler du sang dans le bénitier, mais ça ne marche pas davantage. La nature du don à faire ne laisse pas l’ombre d’un doute. Iro s’occupe de cette abominable opération.

Sans oser regarder, je laisse tomber ma dent fraîchement extraite dans le bénitier, et à mon grand soulagement, ça marche ! Enfin, la porte s’ouvre. En même temps, le cinquième crâne se décroche et se brise sur le carrelage. Mais je suis soulagée, je n’aurai pas donné de ma personne pour rien !

Nous faisons donc face à un couloir qui débouche sur un carrefour. Ildriss ouvre la porte d’en face, et débouche sur une gigantesque salle profonde où sont emmagasinées des centaines et des centaines de momies sur dix mètres de haut. Il y a une couche de gel qui recouvre toute la pièce, ce gel est en train de fondre doucement.

Par la mémoire de Dame Tildiss, je ne pensais pas voir de mes yeux quelque chose d’aussi épouvantable sur Dathomir ! Je dois rester assise quelques minutes pour récupérer. C’est à peine si j’entends tomber le sixième crâne. Enfin, je m’engage dans le couloir de gauche, par où Ildriss est passée. J’arrive jusqu’à une pièce où se trouvent dix-huit socles, chacun supportant un livre, avec un petit oculaire attaché à chaque socle. Je constate que, lorsque je regarde les pages d’un livre grâce à l’oculaire, le texte en langage duvan apparaît alors dans ma langue natale.

Au loin, j’entends l’écho du bruit du septième crâne qui se fracasse par terre. Et la musique entendue de dehors s’intensifie. Ildriss explique alors qu’il s’agirait d’un autre instrument à touches nommé « clavecin », un appareil qui s’apparenterait à l’orgue, en tout cas sur le principe du clavier.

Ildriss entre dans la pièce, et consulte quelques livres à son tour. Le premier livre que je vois parle justement de légendes et d’utilisations de la Force. Ildriss lit à haute voix le passage d’un texte du dernier livre disant que les Duvans ont bâti d’autres sanctuaires comme celui-ci un peu partout dans la galaxie. D’autre part, il y a une histoire comme quoi un esclave sensible à la Force qui voulait se révolter s’est vu couper son lien avec la Force, et cette Force a été disséminée dans six petites boules…

Comme celles de la clepsydre ? Ildriss préconise à Iro d’aller récupérer les quatre boules restées dans le bénitier. Elle y galope. Falen confie à Iro d’autres partitions qu’il vient de trouver, histoire de reprendre des transes. Kokoro et Jane continuent ensemble jusqu’au bout du couloir.

Le huitième crâne se décroche du plafond. Nous continuons à compulser les livres sur les socles, Iro et moi, pendant qu’Ildriss va rejoindre les autres. C’est très instructif, mais je sens monter la frustration en sachant être obligée de laisser là une telle source de savoir. Nous ne pouvons pas enlever les livres solidement encastrés dans les socles, et il n’est pas question pour nous de revenir une fois que nous aurons retrouvé Dame Harik.

Puis c’est au tour du neuvième crâne de choir, nous n’avons plus beaucoup de temps. Je m’empresse de rejoindre les autres, talonnée par Iro. Nous continuons le long des couloirs, je vois des portes ouvertes par mes camarades qui sont encore au seuil. Sans m’attarder, j’arrive jusqu’au bout du dernier couloir, et ouvre la porte, avant de me figer devant un spectacle pour le moins dérangeant.

Je débouche sur une pièce carrée de taille moyenne. Enfin, il est difficile de déterminer la taille de cette pièce, car elle est fortement encombrée par la présence d’une énorme créature de chair gélatineuse, avec une vieille tête ridée et des petits bras malingres plantés au milieu.



Il y a une sorte de pâte gélatineuse qui recouvre toute la surface du plancher, du plafond et des parois. Je constate que la musique au clavecin que nous entendions depuis le chalet émane de cette créature.

J’essaie de lui parler, elle ne répond rien. Je pressens que le dixième crâne tombe. Je tente alors d’entrer en contact avec la Force avec cette chose. Je comprends alors qu’elle est intégralement constituée d’énergie du Côté Obscur. Faute de mieux, je me mets à genoux et reste les bras ouverts, en signe de compassion.

Iro et Ildriss arrivent à leur tour. Leur approche est plus directe et veulent la fracasser à coups de sabre-laser. Non seulement cette chose résiste, mais en plus ils sont englués. Kokoro les tire énergiquement du pétrin. Chagrinée, je sors mon arc laser en déclarant : « Désolée, vous ne me laissez pas le choix », avant de tirer. La créature encaisse le projectile laser. Rien à faire, tout le monde file, je ne vais pas rester seule devant lui. Je me lève et recule. C’est alors que je me rends compte que la créature arrête de bouger, par intermittence. Au loin, j’entends l’orgue en train de jouer la mélodie de la créature. J’entends la voix d’Ildriss à travers le couloir : « Iro rejoue l’air de cette saloperie ! Est-ce que ça fait de l’effet ? »

Hum… Il faudrait que le guérisseur parvienne à jouer précisément l’air, sans faire d’erreur, pour convaincre cette monstruosité de s’immobiliser. Heureusement, au bout de quelques essais, il y parvient ! La créature s’immobilise. Je lui grimpe dessus, et passe, non sans me faire brûler la peau au passage, des brûlures dues au froid.

Je vois un autel avec un grand squelette, une coupe sur un petit piédestal, et une lumière qui vient du plafond. Sur l’autel est allongée Belee Harik, inconsciente.



Je préviens les autres en criant de toutes mes forces. Au moment où je descends, la musique de l’orgue s’arrête, et le monstrueux tas de gélatine bouge de nouveau. Affolée, je prends sans ménagement la femme Humaine sur mon dos, me remets devant la masse semi-transparente, et m’égosille : « Jouez ! Jouez ! La créature s’est réveillée ! » Hélas, je me suis trop approchée, et cette horreur a un soubresaut, et me touche. Je suis paralysée par son contact glacial.

Au bout d’un temps indéfinissable, je vois le gardien s’immobiliser de nouveau, puis Ildriss et Falen arrivent à franchir la créature. L’Humain se précipite vers moi pour récupérer son maître. Ildriss s’approche de l’autel, et repère deux panneaux avec des inscriptions, un en or et un en bois. Encore la langue duvan.

Sur le panneau de bois, Falen lit : « Don ». Sur celui en or est écrit : « Nous saluons le néant, et lui présentons celui-ci ». À ces mots prononcés par sa bouche, mu par une force irrésistible, Falen s’approche d’Ildriss pour la saisir et l’allonger de force sur l’autel. Aurait-il des idées derrière la tête ? L’expression de surprise affolée de l’Humain confirme qu’il ne se contrôle plus. Blast ! Ildriss résiste magistralement. Lorsque l’Humain tente de me prendre à mon tour, la Dame Zabrak l’assomme au fusil paralysant. Elle arrive à sortir Belee Harik de cette monstrueuse salle. Comme je suis dégelée, je peux porter Falen sur mon dos.

Nous parvenons à réussir à sortir de cet affreux complexe souterrain sans plus de dommage. Enfin, nous remontons au puits, et nous sommes de nouveau au niveau du chalet.

Je roule sur le plancher pour reprendre mon souffle, péniblement. Mais un cri d’épouvante d’Iro me fait me relever en sursaut. Vision d’épouvante : tout autour de la cabane, des mains pourrissantes émergent de la neige. Sous l’action de la créature de chair visqueuse, tous les morts des alentours sont en train de se relever. J’imagine les corps de la crypte se bousculer dans les couloirs de pierre ! Nous sommes tous entourés de toutes parts. Là, je ne vois pas comment nous pourrions nous en tirer.

Une solution, néanmoins : courir. Vite. TRÈS vite ! Je vais lancer la dernière grenade explosive qui me reste pour nous ouvrir un passage. Mais au moment où je vais la lancer, un des morts-vivants me saisit par le bras et m’empêche de la lancer correctement. Elle tombe à mes pieds, et explose. Je suis projetée en avant, et m’écrase le nez dans la neige. Je me relève, et fais appel à toutes les forces de la nature environnante pour pouvoir foncer à travers la masse de zombies tout en renversant à coups de poing tous ceux qui sont devant moi.

Une fois éloignés de cet épouvantable plateau, je descends le long du chemin. Et nous voilà repartis pour seize heures de marche forcée dans la nuit, dans la tempête, et avec une légion de zombies affamés sur les talons ! Et comme si ça ne suffisait pas, je remarque avec amertume que je suis seule, les autres ont dû se perdre. J’ai l’idée de bricoler une fusée de détresse avec un chargeur de carreaux laser. Les autres pourront ainsi me suivre.

Nous nous retrouvons à la cabane de Zeke, Iro et moi. L’ermite est d’abord surpris, mais quand il apprend qu’on a réveillé les morts-vivants, il devient fou de panique, et quitte précipitamment sa cabane.

Iro et moi entamons la deuxième partie de la descente. J’utilise encore ma fusée de détresse improvisée. Cette partie de l’aventure est confuse, je l’avoue. Entre la nuit, l’énergie du désespoir, le froid, la douleur permanente, les contusions, les blessures, je me demande si, même sur Dathomir, j’aurais pu vivre une telle horreur.

Enfin, nous arrivons au village. Il faut absolument organiser la défense. Nous avons deux vaisseaux, dont un sans canons. Cependant, je suis catégorique : il n’est pas question que nous abandonnions ces villageois à leur triste sort. « Nu-Ada ne le permettrait jamais ! » dis-je alors d’un ton décidé. Les autres approuvent rapidement. Ildriss a l’idée de provoquer une avalanche avec les canons d’artillerie de notre appareil. Pour la première fois de ma vie, je m’assois au poste de pilotage. Malheureusement, c’est autre chose que de manœuvrer un crabe géant ! Je tape dans la paroi rocheuse. Kokoro prend vite ma place, et je m’installe à la deuxième tourelle. Je m’en sors bien mieux, et j’emporte quelques centaines de ces cadavres animés par des réactions en chaîne à neige !

On fait tout ce qu’on peut sur cette horde de zombies. Mais d’autres viennent encore du haut des montagnes. Des braseros sont allumés de village en village, et l’on voit des vagues de migrations. Nous ne pouvons pas rester à ne rien faire alors que nous avons les moyens ! Il nous faut les aider en pilonnant à foison les morts-vivants. C’est ce que nous faisons.


Cette opération durera l’équivalent de deux longues journées passées à se relayer, à se reposer tant bien que mal entre deux passages, à récupérer du matériel dans des villages abandonnés… Pendant cette terrible épreuve, je ne peux pas m’empêcher de penser que tout ceci, c’est de notre faute. Notre curiosité a réveillé cette malédiction. Mais nous avons sauvé Dame Belee Harik, et nous avons réussi à préserver le gros du peuple des autochtones. Ils auront malheureusement essuyé quelques pertes.

Enfin, le troisième jour, la pression retombe. La tempête se calme d’ailleurs un peu, ce qui réchauffe légèrement mon cœur glacé. Falen nous demande alors un coup de main pour régler le problème de Dame Harik. La pauvre Humaine n’a pas repris connaissance. Ce n’est pas un coma naturel. En fait, à l’instar de l’esclave sensible à la Force, les Duvans ont dû couper le lien de Dame Harik avec la Force avant de le synthétiser dans des billes bleues. L’Humain explique qu’il a fait manger à son maître les quatre billes – j’espère qu’il aura pris soin de les nettoyer avant.

Il y a un autre problème : la malheureuse Dame Jedi n’est plus seule dans sa propre tête. Une entité pétrie de rage et de rancœur entache son âme. Cette entité veut éliminer les Duvans. Remarque, compte tenu de ce dont ils sont capables, et leur penchant pour l’étude poussée de la vie après la mort, je ne suis pas spécialement en désaccord avec l’entité sur ce point-là… Seulement voilà, pour le moment, elle perturbe Dame Harik.

Falen connaît un rituel qui permettrait de forcer cette entité à lâcher prise, et à permettre à Belee Harik de reprendre connaissance. Malheureusement, nous ne sommes pas encore suffisamment en phase avec la Force pour accomplir ce rituel avec succès.

J’espère que nous y parviendrons. J’espère aussi que Nu-Ada va bien, là où elle se trouve. Ces derniers jours, j’ai vu une utilisation particulièrement écœurante de la Force. Je n’imaginais pas dans mes pires jours de désespoir que cette énergie pouvait être utilisée de façon aussi abominable.

Le pire est que j’aurais pu devenir comme ça. Les Sœurs de la Nuit chez qui je vivais étaient des progressistes, mais si j’avais été élevée chez les traditionnalistes, tout ceci ne m’aurait pas effrayée, plutôt dangereusement attirée.

Dame Tildiss, vous avez veillé sur moi comme une mère soucieuse de voir s’épanouir son enfant. Je vous promets que je ne vous ferai pas faux bond. La Sororité de l’Aube rappellera à l’univers que la Magie… enfin, la Force est une énergie qui peut créer et soutenir la vie.

Dame Ildriss, Kokoro et Jane vont partir à la rencontre des responsables du Consortium, afin de négocier les termes de notre « arrangement final ». Djak va nous suivre à bord de son petit chasseur. Le Consortium a sa station non loin de Dathomir. Ildriss propose de me déposer près de l’ancienne forteresse des Sœurs de la Nuit, que je pourrais explorer en attendant qu’on vienne me chercher. Falen et Iro resteront à l’écart pour tenter de soigner encore Maîtresse Harik. Djak se porte volontaire pour m’accompagner.

Nous nous posons près de la forteresse des Frères de la Nuit, réservée aux esclaves. Une terrible vague de tristesse et de colère m’envahit de nouveau quand je vois que la lumière de la lune se reflète sur des parcelles de terrain littéralement vitrifiées par l’intensité des bombardements. Toute la zone a été complètement purgée, et les rares Sœurs de la Nuit qui avaient trouvé refuge ont été réduites en cendres. L’Empire va payer !

Quelques animaux se promènent encore dans les ruines. Kokoro ne repère pas un niveau de radiations dangereux. Ildriss me dépose dans une clairière épargnée par les bombes. Je prends quelques affaires pour tenir quelques jours, puis je souhaite bonne chance à Ildriss avec un « Que la Force soit avec vous ». Jane éclate de rire. Je ne lui réponds même pas, et me tourne fermement vers la forteresse des Frères de la Nuit. Djak me suit.

Aux abords de la forteresse des Frères de la Nuit, je constate qu’il ne sera pas possible d’entrer par la voie normale. Le bâtiment est en ruines, et rien n’est accessible.



De petits animaux semblent venir de la zone vitrifiée. La nature semble reprendre péniblement ses droits. Je reconnais ces rongeurs, souvent aux alentours de la forteresse. Ils ont dû regagner leur terrier à la force de leurs dents et de leurs griffes. Nous devrions pouvoir révéler un tunnel qui nous permettrait d’entrer dans la partie souterraine de la forteresse ?

Je repère une zone où le sol durci semble être moins épais. Avec les bons objets, il devrait pouvoir être possible de le casser. Un tir d’arc laser fait craqueler le sol. Les rongeurs s’échappent en panique de cette ouverture. Je tire une deuxième fois, Djak aussi, et le sol se fend en deux. Malheureusement, je n’avais pas repéré que l’endroit où je me tenais était plus fragile que prévu, et je tombe dans le vide ! J’ai tout juste le temps de voir Djak se raccrocher au rebord. Je suis alors ballotée d’une paroi à l’autre, ma peau s’écorche sur les éclats de verre. Ma main agrippe une racine au dernier moment. Je suis suspendue dans le vide, à une bonne dizaine de mètres du sol.

Au-dessus de moi, Djak réussit à remonter, puis sort de son sac à dos une corde et descend en rappel jusqu’à ma hauteur. Elle me rattrape, puis nous descendons ensemble pour atterrir en douceur au fond du gouffre.

Les lunes de Dathomir éclairent l’endroit, et les vitrifications augmentent la luminosité ambiante. Je reconnais les tunnels, mais certains sont condamnés par les éboulements. Par contre, nous n’avons aucune lumière. Je commence à sentir la sueur couler sur mes tempes. Djak tâtonne, met la main sur une torche éteinte accrochée à un mur. D’autre part, elle trouve un silex, et parvient à allumer la torche, révélant un spectacle qui me glace le sang.

La lumière éclaire des cadavres de mes Sœurs de la Nuit, éparpillées sur le sol. Certaines étaient mes amies. Djak serre les dents, mais ne crie pas. Moi non plus, je sens même une certaine assurance pour tenir bon, et accomplir une tâche qui me semble nécessaire : je prends le temps qu’il faut pour rassembler les corps, les mettre dans une position décente, et faire une prière aux grandes puissances pour le repos de leur âme. Pendant ce temps, Djak trouve d’autres torches à allumer, commence à dessiner une carte. Une fois le rite accompli, je m’empare d’une torche allumée.

Je me rends compte alors que ça fait un long moment que je n’entends plus ni ne vois plus Djak. Je l’appelle par le communicateur… pas de réponse. Mais au bout d’un moment, j’entends sa voix m’appeler de manière hésitante. Je la rejoins bien vite.

Djak est près d’un autre cadavre, elle tient une coupe à la main. Elle m’explique qu’en prenant ce calice, elle a vu les derniers moments de la Sœur de la Nuit au sol. Je ne reconnais pas le gobelet, impossible de dire s’il serait ou non lié à la Magie. Par contre, je reconnais le corps au sol. C’est Dame Tildiss.

Je sens mes jambes s’écrouler net.

Pendant de très longues minutes, je laisse aller ma peine.

Dame Tildiss a tout fait pour sauver le maximum de sœurs, j’en suis certaine. Hélas, sa vie s’est bel et bien terminée. Au moins, je sais qu’elle a donné sa vie sans hésiter. Le moins que je puisse faire est de lui rendre les derniers hommages de façon appropriée. J’applique sur elle les rites funéraires, puis je l’enterre avec le calice et ses possessions.

Après ce cérémonial, je rappelle Djak, et nous reprenons la route à travers les galeries.

Au fur et à mesure que nous avançons, j’imite le sifflement de certains oiseaux, en fait les cris de ralliement de notre tribu. Hélas, personne ne répond. J’ai la sensation d’avancer dans un monstrueusement immense tombeau. Tant pis, nous n’avons plus rien à faire ici. Nous nous redirigeons vers la sortie.

Djak monte à la corde pour voir si tout va bien, mais à peine arrivée en haut, elle descend à toute vitesse. Ce n’est guère étonnant, car un Rancor est à la surface, et rugit. Je grimpe à la corde à mon tour pour le maîtriser. J’arrive à sa hauteur, je lève la main, et commence à créer un lien avec la bête. Seulement, il y a un problème, j’ai l’impression que le Rancor ne veut pas se laisser apprivoiser. Ou plutôt… il a en fait déjà un lien de Magie de quelqu’un d’autre. C’est alors qu’une voix demande : « Kodaïss ? »

Je tourne la tête et regarde par-dessus mon épaule. C’est Kaïss, une de mes consœurs !



Une dresseuse, comme moi ! Je m’empresse de remonter, et nous nous jetons dans les bras l’une l’autre, avec fortes effusions de larmes. Je lui dis alors la triste vérité sur Ildriss. Puis, je lui parle de mon idée de Sœurs de l’Aube, et lui propose de quitter cette planète. Trop bouleversée, elle n’est pas capable de me donner une réponse. En revanche, elle nous propose de passer la nuit dans un abri de chasseresses un peu plus loin.


Le lendemain, je suis réveillée en sursaut par des tirs de canon laser. Je cours hors de la grotte. Je suppose qu’Ildriss a tiré en l’air pour attirer notre attention. En même temps, si elle a vu le chasseur de Djak réduit en miettes… Je la contacte avec le communicateur. Un quart d’heure plus tard, nous arrivons à la hauteur du chasseur de Djak, qui a effectivement été méchamment secoué par le Rancor.

Djak peste mille jurons, mais parvient à rafistoler son appareil pour lui permettre de voler de nouveau. Pendant qu’elle est à la tâche, Ildriss propose à Kaïss de l’emmener au village de sorcières le plus proche. Elle préfère qu’on lui indique une direction où aller, elle refuse légitimement de quitter son Rancor. Ildriss fera quelques tours dans le ciel, et reviendra au bout d’une demi-heure. Kaïss pourra s’en aller vers l’ouest.

Nous nous quittons alors, émues, mais résignées.

C’est sa décision. Je la respecte. Il y aura toujours un lien entre son cœur et le mien. Peu importe la distance. Peu importent les circonstances.

Enfin, nous quittons Dathomir. J’espère tout de même y retourner un jour pour revoir Kaïss. Peut-être que j’y amènerai un premier groupe de Sœurs de l’Aube ?

Pour l’heure, il nous faut prendre une décision sur la suite des événements. J’ai le bonheur d’apprendre que le Consortium a estimé que mes camarades ont remboursé leur dette, même si la négociation s’est avérée houleuse.


Alors qu’Ildriss et Jane sont disposées à m’abandonner, Iro, Falen et Kokoro décident de me faire confiance, et me laissent les accompagner sur Kashyyyk ; échange de bon procédé, je peux les aider à se battre contre l’Empire, ils peuvent m’aider à trouver de quoi créer une nouvelle philosophie proche de la nature.

Falen profite du voyage pour nous parler de l’enseignement Jedi, notamment la gestion de ses émotions. Un vrai Jedi ne se laisse jamais porter par ses émotions, éviter d’agir sous le coup de ses émotions. Être maître de ses émotions, et pas esclave. Cela donne lieu à une discussion hautement philosophique sur la Magie – non, allez, je ne peux pas me résoudre à dire « Force ». Jane est directe : je suis condamnée à rester dans la spirale du Côté Obscur, et à la moindre preuve concrète de cette condamnation, elle me tue.

Quelques jours plus tard, nous arrivons sur la planète Kashyyyk. Pas mal, j’ai l’impression de voir Dathomir, en moins sombre. C’est une planète entièrement recouverte d’arbres hauts de plusieurs centaines de mètres. Ce qui est inquiétant, c’est la présence plutôt forte d’Impériaux. Je suppose qu’il va falloir mettre en application les premières leçons de Falen… Nous retrouvons rapidement Djak, qui n’a pas atterri sur la même plate-forme que la nôtre. Un soldat de choc aborde Jane, mais celle-ci utilise la Magie pour le convaincre qu’il y a erreur sur la personne.

Nous sommes donc à Kachirho.



Nous sommes à la recherche d’un certain Lowchitacca, un Wookiee qui aurait sympathisé avec Nu-Ada. Jane a l’idée d’aller à un marché aux esclaves pour « acheter » un Wookiee et lui demander s’il ne connaîtrait pas ce Lowchitacca ?

Idriss a une autre piste : un Géonosien qu’ils auraient rencontré quelques mois plus tôt. Je l’accompagne. Malheureusement pour nous, ce Géonosien est mort. Ces charognards ont eu la charmante idée d’exposer son cadavre en guise d’avertissement !

Nous retrouvons Jane, qui tient un Wookiee en laisse. Ildriss sait parler sa langue, et lui demande s’il connaîtrait Lowchitacca, tout en lui retirant son collier. Le Wookiee répond par l’affirmative. En fait, il sait précisément où se trouve la base secrète où est caché Lowchitacca, et nous propose de nous y emmener. Ildriss suggère qu’on libère ses amis pour tous les emmener au camp secret. Il s’appelle Atayysh.



Ildriss lui parle alors des Trandoshens du Clan des Hissks. Apparemment, la dernière fois que mes camarades sont venus sur ce monde, ils ont eu un accroc sévère avec une guilde de Trandoshens.

Kokoro a des informations : des chefs de l’Alliance Rebelle seraient venus sur Kashyyyk, d’où la présence renforcée des Impériaux. Nous attendons la nuit pour aller au campement de prisonniers.

Ildriss et Djak avancent vers les cages, telles des ombres. Jane, Kokoro et moi restons en retrait. Djak ouvre la cage. L’un des Wookiees enfermé dans une autre cage fait un boucan d’enfer qui attire les gardes. L’Humaine fait démarrer un speeder qui va s’écraser dans le décor. La confusion est telle que nous pouvons tous nous enfuir.

Nous pouvons nous rendre à présent au village. Les Wookiees, une fois débarrassés de leurs colliers, nous guident dans la nuit. Nous nous perdons rapidement dans l’obscurité, heureusement une petite patrouille d’agents rebelles nous trouve. Atayysh assure notre bonne foi. On nous donne alors des coordonnées où poser notre vaisseau. Ildriss fait alors allusion aux « chefs Rebelles » qui seraient attendus.

Une heure plus tard, nous arrivons dans un campement qui semble avoir subi un assaut assez lourd. Nous pouvons toutefois nous y reposer.


Le lendemain, alors que nous nous levons péniblement, un Wookiee surgit de la forêt, il a l’air paniqué. Le camp où se trouve son chef a été attaqué, il est venu pour chercher de l’aide. Pas à hésiter, on fonce ! Nous courons vers le nord. Une immense cascade d’eau boueuse nous barre la route. Nous distinguons un groupe de Wookiees cachés derrière la cascade, assiégés par une demi-douzaine de Trandoshens. L’un d’eux semble plus grand, plus fort et mieux équipé que les autres. Il brandit notamment un fusil particulièrement énorme, et s’en sert sur Kokoro. Le moine guerrier évite le tir, mais perd l’équilibre.

Djak brandit son blaster lourd, et ajuste le chef Trandoshen. Un tir magistral qui l’atteint en plein dans l’entrejambe. Il gémit alors quelque chose, et les Trandoshens s’enfuient. Les Wookies coincés sortent de leur cache et se mettent à la poursuite des hommes-lézards. Leur vengeance est terrible.

Quand nous arrivons à la hauteur des Wookiees, un des grands indigènes à fourrure crème et marron nous accueille avec enthousiasme. C’est avec plaisir qu’il accepte de nous conduire à la base, à une heure de marche de là où nous sommes.

Pendant le trajet, j’ai l’impression d’être à Dathomir. Les Wookiees sont sur leurs gardes, le danger est permanent. Enfin, nous arrivons à un campement où ont été montées quelques huttes. Là, on nous donne à manger et à boire, et nous faisons connaissance avec l’antenne de résistance locale. Leur chef s’appelle Chawroo.



Kokoro fait allusion à une base dans laquelle seraient menées des expérimentations sur des esclaves Wookiees… de mieux en mieux ! Chawroo nous explique qu’il y a un Wookiee en particulier, lui-même fortement engagé dans l’Alliance, qui travaille volontiers avec des non-Wookiees, qui pourrait nous mettre sur des actions d’Alliance. Ce Wookie-là s’appelle Orooroo.

Nous allons pouvoir prendre quelque repos dans le camp avant de repartir à l’aventure.

Djak retourne à notre vaisseau. De mon côté, je réfléchis. Est-ce vraiment mon combat d’aider ces Wookiees ? Pas directement, mais c’est aussi un combat contre l’Empire. Toute action contre l’Empire est bonne à exécuter. Mais est-ce que je dois être animée par un désir de vengeance bête et méchant ? Je suis moins sûre… La vengeance n’a rien de noble, somme toute, c’est une action guidée par des pulsions noirâtres, comme la rancune ou la colère. Et dans de nombreux cas, si ce n’est tous, la vengeance provoque plus de mal qu’elle n’est censée en effacer. Je m’en suis rendue compte en me battant contre les Imps : contrairement à ce que je pensais, chaque soldat de choc de moins n’a pas diminué ma rage.

Nous sommes contactés par radio par Falen. Son Maître, Dame Harik, a repris enfin connaissance. Apparemment, ils ont été séparés depuis plus longtemps que je ne soupçonnais… Comme elle est restée en stase quelque temps, elle a un peu perdu le fil des événements de ces dernières années, m’a-t-il dit. Il n’a pas développé le détail de leur conversation, bien sûr. Mais je suis curieuse d’échanger mes points de vue avec une personne nettement penchée du Côté des Jedi. Cela me changera de la suspicion de Jane et de la noirceur d’Ildriss. J’espère cependant qu’elle aura conscience de tous les risques que nous avons pris pour la sauver !

Pour l’heure, nous devons gagner la confiance des Wookiees. Orooroo serait en contact avec un groupe de Trandoshens renégats, qui seraient dans un camp particulier. Pour commencer, en attendant de repartir à l’aventure, je tâche de contribuer au mieux à la vie du camp. On m’explique à l’occasion que bien des races intelligentes sont venues chasser sur Kashyyyk, profitant de l’embargo impérial pour pouvoir se rendre n’importe où. Certaines zones sont cependant restées très sauvages, et seuls les Wookiees sont suffisamment endurants et débrouillards pour survivre dans de telles zones.

La première chose à faire pour que la cause puisse avancer est précisément d’unifier tous les camps, afin de faire une seule et même grande force de frappe. Je propose à Chawroo de mettre mes talents de survie de Dathomir au service des Wookiees. Apparemment, Orooroo se serait procuré des antennes-relais pour garantir des communications entre les différentes bases. Justement, alors que nous en parlons, arrive un grand Wookiee à la fourrure sombre, constellée de taches blanches, et est accueilli en héros par ses camarades. Belle coïncidence, c’est justement Orooroo.



Curieusement, quand ce grand gaillard nous approche, il semble surpris, comme s’il nous reconnaissait. En fait, mes compagnons d’armes ont fricoté avec des Trandoshens avant que je ne les rejoigne, ce qui ne plaît pas au champion Wookiee, le clan des Zssissks. Nouvelle coïncidence, ce camp est justement constitué de renégats, et doivent dissimuler leur double nature, quitte à passer pour des esclavagistes zélés. Quant à savoir ce qui les pousse à aller contre leur nature… Orooroo soupçonne qu’ils souhaitent avant tout prendre la place des Écailles Noires, le plus important clan de Trandoshens sur cette planète. Ils risquent alors de trahir les Wookiees une fois cela fait, aussi les Wookiees les trahiront probablement avant.

Je n’ose rien dire, car je tiens à mes bras, mais je suis déçue… J’ai toujours entendu dire que les Wookiees étaient de fiers guerriers honorables ; s’apprêter à jouer à ce jeu de manipulation et trahison me paraît indigne de ces guerriers.

Dame Ildriss parle alors d’un certain Maître Yoda, qui aurait combattu sur Kashyyyk. Orooroo l’aurait aperçu il y a une bonne vingtaine d’années, au cours d’une bataille sur Kachirho, bataille menée contre une force d’armée commerciale constituée essentiellement de robots. Et donc, Dame Ildriss indique la présence dans notre groupe d’un Maître Jedi comparable à ce Yoda.

Deux directions sont à prendre :

- Installer les antennes-relais.
- Retrouver les Zssissks pour les aider à renverser les Écailles Noires

Je refuse catégoriquement de me mettre dans une guéguerre de clans, et mes compétences seront plus utiles sur la piste des antennes-relais. Il y a deux villages à relier : un en amont et un en aval. Je me porte volontaire pour aller à celui en amont. Mais Dame Ildriss propose d’aller à celui en aval, ce qui nous permettra de retrouver Falen. Cela se tient. Falen nous donne rendez-vous par radio.

Orooroo nous confie plusieurs antennes, afin que d’autres villages aux alentours puissent être ainsi équipés. Je porte une des grosses antennes, tout comme Kokoro et Jane. Je marche en tête de notre petit groupe de quatre. Au bout d’une heure à suivre les eaux du grand lac, nous voyons un petit bateau sur lequel nous attend Falen, qui a engagé un passeur.

La rivière descend du nord au sud. Nous retraversons la rivière pour aller à l’ouest, où se trouve le village. C’est la forêt de Kowir. Je confie mon antenne à Falen, et je mène le groupe. Les premiers kilomètres se font sans encombre. J’ai de plus en plus confiance. Pendant notre trajet, Falen nous parle alors d’une particularité de son maître : Dame Belee Harik a développé un talent aussi rare que convoité, à savoir la Méditation de Combat. Cet état de transe permet de rester en communication avec ses alliés, et à les aider à se coordonner. Les Jedi les plus puissants sont ainsi capables d’englober une armée entière et influencer une bataille à l’échelle planétaire.

Mais alors qu’il nous explique tout ça, il est subitement interrompu par une morsure de serpent des marais qui s’est jeté sur sa botte. Le petit reptile file, cependant.

La nuit tombe. Grâce à mes compétences de pisteuse, nous avons réussi à avancer plus vite que prévu. J’aimerais voir la tête d’Orooroo, histoire de lui prouver que je suis aussi bonne en survie que…

Hé, il y a un problème. Maintenant que nous approchons de la forêt de Kowir, le paysage change singulièrement. La forêt devient de moins en moins luxuriante, de plus en plus… brûlée. Malsaine, même. La présence de la Magie Noire paraît évidente. Mais si mes compagnons ont l’air de plus en plus inquiets, je garde mon sang-froid. Les épreuves précédentes m’aident à surmonter cette nouvelle épreuve. Jane lève la main, et marmonne quelque chose à Ildriss.

Avant d’aller plus loin, Kokoro suggère d’utiliser l’antenne pour entrer en contact avec les gens que nous devons contacter. Hélas, l’Humain n’y arrive absolument pas. Je repère des traces de pas de Wookiees s’enfoncer plus avant dans la direction où nous allions. Mais quand je relève les yeux, je distingue un groupe d’animaux sauvages normalement paisibles, des ullers.



Ils ont l'air inhabituellement nerveux, sans doute à cause de la Magie Noire environnante. Je décide de me souvenir des enseignements des Sœurs de la Nuit pour calmer ces bêtes. Deux d’entre elles se tournent dans ma direction, et grognent. Je reste accroupie, et tâche de rester calme. Malheureusement, l’influence de la Magie Noire pousse l’un des ullers à me charger !

L’animal semble cependant ralenti dans sa charge. Pas assez pour m’éviter un choc frontal violent. Plus tard, je comprendrai que c’était l’influence de Dame Ildriss. Mais sur le moment, je ne réfléchis pas, j’exploite sa désorientation pour tenter de créer un lien de Force avec. Et ça marche ! Je calme l’animal. Les deux autres se sont enfuis. L’uller avec nous peut maintenant porter les antennes.

Plus loin, nous voyons quatre Wookiees armés jusqu’aux dents d’équipement de chasse. Comme ils transportent des carcasses animales, on peut en conclure que la chasse a été bonne. Dame Ildriss s’avance, et engage la conversation. Ils n’ont pas l’air très motivés à nous aider. J’essaie alors de leur faire une petite tirade sur la force, le courage et l’honneur de ce peuple. Ils n’ont pas l’air convaincus, mais voir l’uller dompté les étonne. Ils semblent dire qu’ils vont passer le mot, avant de nous laisser.

La nuit est tombée, il est temps de monter le camp. Malgré l’influence du Côté Obscur, je me débrouille pour dénicher de quoi manger et faire du feu. Puis nous nous organisons pour les tours de garde. Une fois mon tour passé, je laisse Ildriss seule près du feu, et vais me coucher.

Avant de m’endormir, je repense à ce qui s’est passé aujourd’hui avec l’uller. C’est une expérience nouvelle, pour moi. Bien sûr, sur Dathomir, à plusieurs reprises, j’ai été amenée à communiquer avec des animaux, en jouant sur les émotions. Les Sœurs de la Nuit m’ont appris à dompter le redoutable Rancor. Mais jusqu’à présent, je n’étais jamais allée aussi loin dans l’empathie. J’ai eu l’impression de vouloir apaiser cette créature avant tout pour l’apaiser. Bien sûr, j’avais un intérêt direct : celui de ne pas me faire réduire en pulpe sanglante sous ses énormes pattes. Seulement, j’ai ressenti sa souffrance à cause de la présence de Magie Noire qui imprégnait les lieux. C’est la première fois que je parviens à créer un tel lien, mes compétences en Magie ont dû se renforcer, avec le temps et la pratique.

J’ai vraiment l’impression qu’il y a eu un échange entre deux créatures vivantes qui voulaient partager quelque chose, et pas une relation dominant/dominé. J’ai hâte d’en parler à Dame Harik. Si c’est bien elle qui a appris à Falen l’utilisation de la Magie Bénéfique, elle a beaucoup à m’apprendre.

Je ne tarde pas à m’endormir, après tous ces événements rocambolesques.

La nuit a été trop courte.

J’ai encore du mal à comprendre. Alors que j’étais sur le point de m’endormir, j’ai été réveillée en sursaut. Une nuée d’énormes créatures insectoïdes ont attaqué le camp ! Je n’ai pas eu le temps d’attraper ma vibro-hache. Une de ces créatures se jette sur moi et me déchiquette.

J’ai ouvert alors brutalement les yeux, pour me retrouver à nouveau dans ma tente. Mais surtout, je me suis rendue compte de quelque chose d’assez gênant : je suis menottée ! J’arrive à me traîner sur le ventre jusqu’à la sortie de la tente pour mettre le nez dehors. Je tombe alors sur un bien triste spectacle.

Mes compagnons de voyage sont tous sérieusement blessés. Falen a eu sa main coupée, et est inconscient, Dame Ildriss a eu son visage brûlé par quelque chose, et ses yeux sont endommagés, et Jane n’en mène pas large, avec le corps d’un personnage encapuchonné à ses pieds – en deux morceaux, la tête est un peu plus loin.

Bien évidemment, Jane, plus menaçante que jamais, m’accuse d’avoir mené notre équipe dans un piège. Emprisonnée dans une illusion, je n’ai pas pu participer au combat contre un Sith venu nous massacrer. Il n’en faut pas plus à la Disciple de Niman pour convaincre les autres de ma trahison délibérée. Bon sang, que la Magie m’aide à garder mon calme. Je ne sais pas si je dois lui donner raison ou si je dois la maudire – en tout cas, je la défie de m’exécuter sans jugement.

En attendant, Falen redresse l’antenne sur laquelle a galéré Kokoro hier soir. La parabole pivote et capte un signal. On entend la voix sifflante d’un Trandoshen. J’espère qu’il s’agit du clan dissident, les Zssissks. Le mépris dans sa voix pousse Jane à couper la conversation. Notre interlocuteur nous rappelle, et nous transmet la fréquence d’Orooroo.

Deux heures plus tard, les Wookiees arrivent, et nous escortent jusqu’à leur camp, où mes camarades pourront être soignés. Qu’est-ce que je vais devenir ? Tout est contre moi, chaque fois que je fais des efforts surhumains pour gagner ne serait-ce qu’un pouce de considération de leur part, quelque chose d’extérieur s’applique à tout réduire en miettes en un instant !

Nous arrivons jusqu’à un immense cratère, au centre duquel des habitations ont été érigées à même le sol sur le plateau d’un grand piton rocheux. Un pont suspendu permet d’aller et venir dans cet espace. Nous passons devant quelques dizaines de Wookiees en train de s’entraîner à combattre. Je vois un vieux en train de donner une leçon à tout un parterre de jeunes. Nous sommes amenés jusqu’à un grand cercle de totems de pierre, qui entourent un parterre de fleurs très bariolées.

Cela m’interloque. Des plantes qui peuvent résister à la stérilité ambiante ? Hum… rien de particulier, pourtant. Peut-être que c’est l’action des Wookiees plus que la sève elle-même ? Quoi qu’il en soit, je reconnais alors une plante médicinale qui pourrait soigner Ildriss, à condition d’en presser le suc sur ses yeux. Il faudrait que j’en parle, à l’occasion !

Nous entrons dans le bâtiment central, le seul qui soit rectangulaire au lieu d’être circulaire. Un immense Wookiee au visage balafré nous fait entrer, l’air méfiant. C’est probablement le chef, Kuchintakukumba.



Dame Ildriss prend la parole, et nous présente comme des membres de la résistance, au même titre qu’Orooroo. Ce nom a le don d’énerver le chef, qui le qualifie aussitôt de « traître fricotant avec les Trandoshens ». Il crie quelques ordres, et les Wookiees se jettent sur mes camarades pour les désarmer. Jane réussit cependant à les calmer, en levant la main et en marmonnant quelques mots. Une utilisation de la Magie Claire, je suppose.

Kuchintakukumba n’a pas confiance en nous. Mais il nous explique que cela pourrait changer en les aidant dans une entreprise particulière : un certain « Arbre de vie » menace gravement de mourir, il faudrait trouver un moyen de le restaurer. C’est peut-être un moyen de regagner la confiance des autres ?

En attendant, je parle à Dame Ildriss des fleurs de guérison. Jane va alors vérifier. D’après un Wookiee du village, cette plante-là peut effectivement s’utiliser en baume pour certaines plaies. Bon, au moins, je ne me suis pas trompée en la confondant avec un laxatif.

On nous montre un immense arbre, qui se dresse en dehors du cratère. C’est le fameux Arbre de Vie. Effectivement, certaines branches ont l’air mortes.

Restaurer un Arbre de Vie me semble être un travail pour moi. Mais bien entendu, ni Jane ni Ildriss ne me font confiance.

Un véhicule monté sur roues arrive, avec des Trandoshens à bord. Ils nous emmènent vers une destination inconnue. Enfin, nous sommes amenés à une base pleine de Trandoshens. Le plus prédateur et manipulateur d’entre eux nous accueille, un sourire inquiétant aux lèvres. C’est le chef Bochassk.



On nous installe dans une salle sombre. « Enchanté de vous revoir », dit Bochassk à Dame Ildriss et à Jane. Apparemment, ce n’est pas la première fois qu’elles ont affaire à ce triste sire persifleur. Qui a apparemment envoyé des chasseurs de primes à leurs trousses.

Je déteste d’instinct ce personnage, et ne manque pas de lui exprimer mon mépris. Cela tourne à la bravade. J’écope d’un coup de griffe au cou. Bochassk apprécie d’apprendre que le Sith s’est fait tuer, et demande une preuve. Jane lui montre le sabre-laser. Le chef Trandoshen demande à un de ses sbires de l’allumer. Jane et Ildriss le préviennent, il est peut-être piégé. Effectivement, un éclair jaillit de la poignée et sonne le pied plat.

Bochassk invite nos blessés à aller se faire soigner sur l’Avatar, une base insérée dans un astéroïde de Kashyyyk contrôlée par les Écailles Noires. Il voudrait cependant, pour effacer leurs dettes précédentes, que cette base ne soit plus fonctionnelle, définitivement. Seuls Falen et Dame Ildriss iront sur cette base, Jane, Kokoro et Iro ne sont pas suffisamment amochés pour être autorisés à y séjourner. Quant à moi, je suis emmenée dans une petite case à part, où l’on m’enferme.

Je commence à me demander sérieusement si j’ai raison de m’obstiner à continuer à traîner avec ces gens-là… Quelles que soient mes actions, les preuves de ma vaine bonne volonté, rien ne marche. J’ai envie de me laisser aller, de donner raison à ces considérations, à retourner sur Dathomir et à ne plus jamais en bouger, mais… ce serait s’abandonner à la Magie Noire.

Enfin, trois jours plus tard, nous sommes ramenés jusqu’au spatioport où nous regagnons le Stingray. Nous retrouvons Iro et Belee Harik. C’est non sans émotion que Falen retrouve son maître.

S’ensuit alors une longue conversation entre moi, Jane, et Maître Harik, discussion à l’issue de laquelle le Maître Jedi nous invite à faire une méditation à trois. Malheureusement, ces dernières semaines ont été très dures, les peurs et les suspicions sont trop envahissantes. Je n’arrive pas à me concentrer à cause de la tristesse d’avoir perdu les miennes, et la colère contre l’Empire et cette satanée disciple de Niman. Heureusement, Maître Harik précise que si ces émotions peuvent mener au Côté Obscur, elles n’en font pas complètement partie.

« Kodaïss quittera peut-être le Côté Obscur, mais elle ne pourra pas y arriver seule », dit la grande Humaine rousse. Jane, plus directe, rétorque : « Elle ne pourra jamais y arriver ». Je suis tentée de lui cracher au visage comme quoi ça ne risque pas si elle continue à faire preuve d’un tel comportement, mais je n’en ai pas la force. Je suis trop lasse, et je n’ai pas envie de souffrir davantage.

Les autres nous rejoignent, et nous tâchons de décider de la suite des événements. Dame Ildriss parle alors de « restaurer l’Arbre de Vie ». Hé, j’aimerais faire quelque chose pour ça. Mais mes camarades ne sont pas aussi enthousiastes. Il est même établi un vote pour savoir si ce groupe me garde, ou si je serais débarquée sur Dathomir. Les votes sont à égalité, jusqu’à ce que Maître Harik tranche : des épreuves sur Kashyyyk nous attendent, elles serviront de révélateur.

Malheureusement, Jane n’est pas d’accord, et continue à m’enfoncer en me traitant de traîtresse, en me reprochant d’avoir abandonné les Sœurs de la Nuit… je n’en peux plus, je lui rétorque que son obstination à ne voir que ce qu’elle veut voir n’est pas conforme à la philosophie qu’elle prétend suivre.

Jane et Ildriss partent en premier. Falen m’enlève les menottes. Avant de le suivre, je lui remets mon arc laser et ma vibro-hache.

Nous relouons un bateau pour nous retrouver au village Wookiee du cratère. Les chamanes du village nous disent de rassembler les ingrédients d’une sorte d’eau de vie – plutôt un fertilisant liquide. Il faut récupérer :

- Le pistil d’une plante nommée « plante-sirène » particulière, assez dangereuse parce que carnivore
- De la soie de wyyyshaok, une espèce d’araignée de grande taille
- De la poudre d’un cristal qu’on trouve dans les profondeurs de la terre de Kashyyyk, qu’on peut trouver « là où vivent ceux qui apportent la corruption en ces lieux »

Nous savons à peu près où trouver chaque ingrédient. Nous partons vers le nord, où nous attendent les cristaux d’une part, et les wyyyshaok d’autre part. Je sens le regard inquisiteur de Jane qui ne quitte pas l’espace entre mes deux omoplates. Je ne veux même plus lui répondre quand elle me reproche d’avoir laissé mes armes à Falen. C’est pourquoi ce dernier me les rend.

J’ouvre la marche, et trouve rapidement un chemin vers la caverne que nous recherchons. Mais alors que nous arrivons aux abords de l’ouverture, je me rends compte qu’il manque quelqu’un. Dame Ildriss n’est plus avec nous ! Nous entendons alors au loin ses cris, et le vrombissement caractéristique de son sabre-laser. Quand nous la retrouvons, elle vient à notre rencontre, couverte de sève, avec un grand pistil dans la main. Elle a manifestement trouvé la plante-sirène, et a réussi à résister à son emprise. Bien ! Nous avons un ingrédient !

Nous entrons dans la caverne. Les trois Jedi ont leur sabre-laser dégainé, et moi je lève ma vibro-hache. Nous arrivons dans un réseau de cavernes, un vrai labyrinthe. Nous tâchons de rester bien groupés. Des bruits nous parviennent, c’est plutôt inquiétant. D’autant plus que nous voyons des os éparpillés, rongés, un peu partout. Je ne sais pas pourquoi, mais je pressens que je dois me mettre devant. J’avance, deux mètres devant les autres. Ildriss et Jane sont à deux mètres derrière moi, et Falen ferme la marche.

Je ne vois pas d’où ça vient, mais j’entends un très léger « bip » électronique. Alors que je me retourne pour le signaler, je trébuche sur un bras. C’est le bras artificiel d’un robot de sécurité. Je le donne à Falen, et je continue d’avancer.

Le couloir où nous étions s’élargit en une caverne d’une dizaine de mètres de diamètre. Il est presque déjà trop tard quand je vois un ensemble de droïds de modèle B1 qui bipent tous ensemble.



Il y en a quatre à ma gauche et quatre à ma droite, tous en position debout, immobiles, qui se font face. Sans perdre mon calme, je m’immobilise, et marmonne par-dessus mon épaule ce que je vois.

Falen approche à son tour, et approche du groupe de gauche, lentement, pour tenter de les désactiver. Malheureusement, il n’est pas assez silencieux, et est repéré. Ceux-ci pivotent tous ensemble la tête vers le Jedi. Il n’hésite pas davantage, et se jette sur eux, sabre-laser virevoltant. De mon côté, je me précipite vers le groupe de droite, et en fracasse trois à coups de vibro-hache. Le dernier robot encore debout dégaine et me tire dessus. Aïe, à cette distance ! Dans un grand fracas d’étincelles, la tête de ce droïd explose, suite à un coup de sabre-laser de Falen.

Ce petit interlude terminé, sur invitation d’Ildriss, je continue à avancer. Soudain, deux autres robots en forme de sphère roulent vers nous, se déploient, révélant ainsi deux doubles canons, et font apparaître un champ de force autour d’eux.



Misère ! Ildriss crie « Repliez-vous derrière un coude de tunnel ! » Je n’ai pas le temps de réagir. Un tir de l’une de ces deux machines de guerre me plonge aussitôt dans l’inconscience.

Au bout d’un temps indéfinissable, je rouvre les yeux. Je constate que je suis sur le dos de Falen. Et que deux araignées énormes descendent des murs de la caverne pour galoper dans notre direction !



L’une d’elles crache un filet de toile sur Ildriss. J’essaie alors de faire appel à la Magie pour entrer en contact avec elle et la raisonner.

C’est alors que j’entends un murmure, un sifflement, la voix que je m’appliquais à écouter chez les Sœurs de la Nuit. Pas de doute, la seule Magie qui accepte de me prêter sa force est la Magie Noire ! Mes compagnons et moi-même sommes en danger, il faut agir, mais si j’utilise la Magie Noire, j’aurai le choix entre mourir de la main de Jane ou de celle de Falen ! Mon hésitation me coûte le choix : Ildriss hésite moins, et blesse sérieusement l’araignée avec son fusil laser.

Je me tourne vers l’autre araignée, et retends les bras dans sa direction. Malheureusement, déstabilisée par l’appel de la Magie Noire, j’ai moins confiance dans mes actes, et je n’arrive pas à communiquer avec la créature. Celle-ci en profite pour me projeter un filet de toile, ce qui m’interdit tout mouvement. Je vois derrière moi l’éclat du sabre-laser de Falen filer vers moi. Il tente de couper la toile, mais coupe trop loin, et me blesse accidentellement. La douleur m’assomme net.

Je reprends la rédaction de ce journal après plusieurs mois loin de mes compagnons d’armes. Pendant de longues semaines, j’ai négocié sur la planète Ingo un moyen de secourir mes amis du chantage du Consortium de Zann. Malheureusement, le capitaine Schmidyo, responsable de l’antenne de l’Alliance où je me suis réfugiée, a refusé d’intervenir. « Ils connaissent les risques, et même si nous tâchons de ne pas abandonner nos agents, nous ne pouvons pas pour autant risquer de nous compromettre si les risques de perte sont trop importants ». Il m’a dit que j’avais bien de la chance d’avoir échappé à ces esclavagistes. Ces fichus pirates auraient pu faire sauter la capsule de survie tant qu’elle était dans leurs viseurs !

Et donc, je me suis engagée à travailler pour cette branche. Plusieurs mois ont ainsi passé. Chaque jour, je demandais des nouvelles de mes amis, hélas elles étaient maigres, quand elles n’étaient pas inexistantes. Et pendant ce temps, j’ai affiné mes compétences dans les travaux manuels de réparation… et quelque chose a changé, aussi. Comme si j’avais une meilleure perception des choses, des personnes… Serait-ce un développement de la Force ?

Heureusement que je recevais tout de même quelques informations de temps à autres. Le capitaine me laissait lire une version sans doute censurée des rapports transmis par mes camarades. D’abord, j’ai appris qu’ils avaient fait tomber la Sororité Voilée, une organisation criminelle spécialisée dans la piraterie. Mince, j’aurais peut-être dû rester avec eux ! Mais bon, je ne regrette pas d’avoir suivi mes convictions. Jamais je n’aurais pu travailler volontairement et en toute connaissance de cause pour le Consortium de Zann.

Ensuite, ils ont révélé un temple maudit sur une planète inconnue rebaptisée Sariss – whoua, je me demande ce qu’en aurait pensé notre amie pilote ? Là, par contre, curieusement, je ne regrette pas grand-chose.

Le capitaine Schmidyo m’a alors proposé de me rendre de nouveau chez les Wookiees pour un travail particulier, sachant que je m’y étais déjà rendue, et que je connaissais un peu les lieux. J’ai d’abord été affectée aux ateliers, à réparer les vaisseaux et les ordinateurs. Puis j’ai été conduite dans le village cavernicole de Myyydriiil, où l’on m’a confié une tâche assez incroyable : remettre sur pied un bataillon de vieux robots de combat modèle B1 datant de la Guerre des Clones. Incroyable qu’ils puissent fonctionner encore malgré la poussière et la rouille !

Parallèlement, le docteur Kins, un scientifique de renom, est venu nous rejoindre. Il m’a demandé de l’assister pour créer un modèle de droïd de combat plus évolué afin de contrôler les B1. Si nous rassemblons une armée entière, nous pourrions virer les Impériaux de Kashyyyk !



Et puis un jour, les droïds B1, qui étaient en stationnement dans une caverne, se sont activés. Sans doute des araignées wyyyshaok. Mais les indicateurs ont signalé des dommages par armes énergétiques. Des envahisseurs armés ? Un groupe de Wookiees armés court vers la caverne, je les suis.

Quand nous arrivons sur place après de longues minutes de course, nous voyons les gens qui ont activé malencontreusement les robots. Ce n’est pas sans émotion que j’ai retrouvé Ildriss, Kokoro et Jane. Comment sont-ils arrivés là ? Dame Jane consent à m’éclairer. Certains visages sont partis, d’autres, nouveaux, ont pris place. Ainsi, j’ai appris que Sariss, lasse d’avoir été ballotée d’un bout à l’autre de la galaxie tout en encaissant des baffes de plus en plus fortes, a fini par s’en aller de son côté, tout en nous laissant le Stingray. Et un jeune homme Humain du nom de Falen Thaxton les a rejoints. C’est un vrai Jedi, en tout cas, il en a la formation et l’équipement. Et le mentor, en la personne de Belee Harik, la femme Humaine rousse que nous avons secourue il y a une éternité. Elle a pleinement repris connaissance après de longues séances de méditation, de lien créé entre elle, son élève, et Kodaïss.

Kodaïss est d’ailleurs dans un sale état, pour le coup, et deux de mes camarades Wookiees la transportent sur une civière.

Nous retournons dans les galeries du village de Myyydriiil. Ce village rassemble des membres de l’Alliance, et donc de nombreuses races se croisent. Le chef Kallaarac nous accueille chaleureusement. Mes amis revenus expliquent qu’ils doivent « sauver l’arbre sacré » au moyen de trois ingrédients, sachant qu’ils en ont déjà deux en stock et qu’ils espèrent trouver le troisième dans le secteur, à savoir un cristal de Force.

Nous passons le reste de la soirée ensemble, à échanger ce qui nous est arrivés, d’un côté comme de l’autre. Je parle de ma fuite, mes regrets pour avoir laissé derrière eux mes compagnons, mes tentatives désespérées pour les aider à la mesure de mes moyens. Puis nous allons nous coucher. Le lendemain, nous repartons à l’aventure pour chercher ce cristal de Force. Mais Kodaïss ne sera pas de l’aventure. En fait, elle ne sera plus d’aucune autre aventure que la sienne.

Mon amie de Dathomir est partie. Nos adieux ont été plutôt pénibles – en tout cas, ils l’ont été pour moi. Fidèle à elle-même, elle est restée plutôt discrète. J’aurais aimé la voir rester, et devenir de plus en plus optimiste, hélas les choses ne se sont pas passées comme ça. Nous avons longuement parlé de ses pérégrinations auprès de mes amis. Jane n’a pas manqué une occasion de la mépriser ou de la menacer, et Ildriss suinte tellement de noirceur qu’elle devient de mauvaise compagnie pour quelqu’un d’aussi tourmenté que mon amie.

Pauvre Kodaïss ! Elle ne pouvait pas rester plus longtemps avec ces gens-là, en particulier la menace permanente de la Disciple de Niman et du jeune Jedi. Avant de monter dans la navette en direction de Dathomir, elle m’a chuchoté un « méfie-toi de certaines personnes… » avec un regard en coin pour la Twi’lek. Elle lui a lancé cependant un dernier : « Pour une fois, la sorcière du Côté Obscur est d’accord avec vous, Jane : je n’ai rien à faire avec des personnes dans votre genre. Je rentre auprès de mon peuple, et je ferai de l’Ordre des Sœurs de l’Aube une source d’inspiration pour ceux qui veulent se rapprocher de la Force de la Vie elle-même ! »

Sans prendre attention à la réponse teintée de mépris de Jane, Kodaïss a grimpé la rampe, puis le vaisseau est parti, et avec elle cette Zabrak. Quel dommage que mes camarades ne l’aient pas plus aidée ! Et je suis certaine qu’ils auraient pu vraiment l’encourager, et l’aider à devenir quelqu’un de bien ! Hélas, ce n’est pas moi qui décide.

Tant pis. Merci pour tout, Kodaïss. Je te souhaite de reconstituer ton peuple, et de le mener vers une voie qui apportera espoir et construction.

Pour l’heure, nous avons toujours du travail à faire pour permettre à l’Alliance de progresser. Kallaarac accepte de laisser mes amis planter une antenne de relais radio. Pendant ce temps, mon employeur, le docteur Kins, nous emmène voir le « droïd spécial » sur lequel nous travaillons. Il a la prétention de fabriquer un droïd capable de se mesurer à un manieur de la Force, comme le tristement célèbre Dark Vador. Il nous emmène dans la pièce renforcée où nous attendent trois droïds : deux robots identiques armés de vouges énergétiques et le droïd spécial qui serait un dérivé d’une expérience qui n’aurait pas été concluante il y a quelques décennies. Je vois alors Falen blanchir comme un linge face à ce troisième modèle. Le docteur n’en démord pas. Il veut absolument qu’on aille jusqu’au bout.





L’attitude de mes compagnons me fait douloureusement réfléchir. C’est vrai, je ne travaille que depuis quelques semaines ici, et le fait de pouvoir pleinement utiliser mon potentiel pour travailler à la liberté m’a enthousiasmée, au point de ne pas percevoir certaines choses qui, maintenant que j’y réfléchis, viennent un peu refroidir mes ardeurs.

Je me souviens alors que le docteur Kins avait travaillé lui-même, il y a des années, alors qu’il était jeune laborantin, sur un projet militaire réputé particulièrement… exotique : un robot de combat capable de rivaliser avec les combattants habitués au maniement du sabre-laser. Kins m’avait expliqué que, selon son étude, ce projet de l’époque avait une faiblesse, à savoir la présence d’un individu bien vivant dans la carcasse du droïd de combat. C’était considéré à l’époque comme une dernière chance pour le malheureux qui avait été victime de blessures de guerre critiques. Le docteur Kins veut réaliser un droïd de combat entièrement mécanique, spécialement programmé pour diriger une armée, et se battre au sabre-laser. Et notamment affronter et vaincre le Chevalier Noir, déjà venu sur Kashyyyk.

Je demande alors au docteur de me permettre de m’isoler avec mes amis fraîchement retrouvés. Il m’accorde sa permission, mais marmonne encore « tâchez de les convaincre de m’aider, je sens qu’ils ont le potentiel pour m’aider dans cette œuvre, plus qu’ils ne veulent l’admettre ».

Une fois isolés avec Jane, Ildriss, Falen et Kokoro, je leur parle de tout. Le jeune Falen confirme qu’il a reconnu avec horreur une reproduction du Général Grievous, un fanatique aux ordres du tristement célèbre Comte Dooku, grand commandant de l’armée des Séparatistes pendant la Guerre des Clones. Grievous est le responsable de plusieurs centaines de meurtres de Jedi, sans la moindre distinction d’âge ou de niveau d’apprentissage, aussi bien maîtres qu’enfants padawans. Et les deux autres robots sont des magna-gardes, construits et programmés pour constituer la garde rapprochée de Grievous !

Falen est bien décidé à trafiquer ce robot pour le neutraliser. Jane est même prête à le faire immédiatement. Je demande néanmoins un délai, le temps d’envoyer un rapport au capitaine Schmidyo et d’attendre la réponse. Dans ce rapport, je parle de la ressemblance avec Grievous et des ambitions de Kins. Je ne crois pas que ce dernier soit consciemment maléfique. Seulement, il fait preuve d’une telle ambition que ça l’aveugle, et si j’approuve la libération de la planète des Wookiees, je ne veux pas que cela entraîne des conséquences encore pire, comme une armée de droïds fous qui échapperaient à notre contrôle et sèmeraient la mort partout. En attendant, mes amis préconisent de dire au docteur Kins qu'ils réfléchissent, et non pas refuser catégoriquement.

Le lendemain, nous partons pour aller chercher le fameux cristal. Nous devrions y passer une journée complète. C’est Falen qui nous guide, il aurait une meilleure perception de la résonnance de cet artefact. Hélas, au bout d’une longue demi-journée, il reconnaît nous avoir perdus. Nous sommes contraints de passer une nuit éprouvante dans la jungle de Kashyyyk. Le lendemain, nous arrivons au niveau de la zone où se trouverait la « vergence ». En approchant, en effet, je me sens de moins en moins bien. Nous arrivons à un lieu où la terre elle-même est stérile, grisâtre, avec des arbres brûlés, comme un incendie dont la planète serait condamnée à ne jamais se remettre. Je me demande…

Oh-ho ! Quelque chose nous épie ! Je ne sais pas quoi, mais je marmonne à mes amis que nous ne sommes pas seuls, tout en sortant mon blaster. Jane a l’air deux fois plus désorientée que moi, tiens !

Au fur et à mesure que nous progressons, je perds peu à peu pied avec la réalité. Une sorte de brume monte. Fugitivement, des images me reviennent en tête. Je revois des moments particulièrement difficiles : l’assassinat de mon père adoptif Cerrano par Voronoff, mes amies réduites comme prostituées pour le Réseau Excelsior, les horreurs vécues à bord du Voyageur de la Force, notre confrontation avec Zordo le Hutt, ma fuite du Consortium de Zann… Pire encore, les actions de mes amis deviennent des preuves de faiblesse, et je suis tentée de me laisser aller à la violence, la révolte, le meurtre, pour obtenir des réponses à mes questions, devenir plus puissante, plus forte… Et ces gens autour de moi, que je me suis crevée à vouloir aider, quitte à risquer ma peau pour eux, deviennent des boulets que je traîne à mes pieds… Oh-ho… Côté… Obsc…

Non !

Je tombe à genoux, bouche mes oreilles et crie « Non ! Je rejette le Côté Obscur ! ».

Je sens que la présence qui m’épiait s’approche. J’ai le réflexe de tourner la tête, et je vois très rapidement un Wookiee particulièrement grand, et a l’air fantomatique. Je ressens alors une terrible souffrance : il y a longtemps, il a refusé de se soumettre aux Impériaux, et a dû faire face à une mort particulièrement cruelle après avoir vu sa famille se faire massacrer. Quelle horreur, quelle douleur ! D’autres silhouettes apparaissent à ses côtés, tant de Wookiees morts dans des circonstances aussi dramatiques !

Je n’en peux plus. Pétrie de compassion, j’invite les Wookiees à partager avec moi leur souffrance, leur peine, pour la soulager ne serait-ce que d’un iota. Je laisse chaque fantôme s’approcher de moi, et tente de les prendre dans mes bras, l’un après l’autre. Les images de douleur, de torture et de mort se succèdent à un rythme effréné. Les larmes cascadent sur mes joues, mais je tiens bon. Je comprends alors que les fantômes sont tous rattachés entre eux, et à une présence en particulier ; le visage d’une femme maquillée qui apparaît devant moi.



Et qui me menace : « Vous vous frottez à trop fort pour vous ! Partez ! » Je rétorque : « Libérez-les ! S’il vous reste une once d’humanité, laissez-les partir ! » Elle ricane cruellement avant de s’évanouir, me laissant seule avec les Wookiees. Je leur dis alors : « je trouverai chez les vivants de votre peuple quelqu’un pour vous aider à quitter ce monde pour trouver le repos, j’en fais le serment ! »

Je ressens alors une légère chaleur dans mon cœur, sous la tenaille de souffrance et de tristesse qui l’enserre. Un petit sourire me vient aux lèvres quand je me rends compte qu’il y a, au milieu des brumes ténébreuses, quelques petites étincelles d’espoir. La brume se dissipe partiellement, révélant un grand trou dans le sol dont elle semble sortir. Je vois Jane en sortir, aux aguets, suivie de près par Kokoro. Je lui dis qu’il y a quelque chose de terrible, et que des chamanes Wookiees pourraient aider ces pauvres âmes à trouver le repos.

Jane a l’air d’être d’accord avec moi : il y a un esprit malveillant dans le coin. Mais pour elle, il n’est pas nécessaire de faire venir des chamanes. Nous devrions pouvoir nous en débarrasser nous-mêmes. Par contre, Kokoro a l’air beaucoup plus dubitatif. Je n’aime pas tellement la façon qu’il a de me regarder… Puis soudain, il tourne les talons et fait un bond pour grimper dans l’un des arbres brûlés, puis s’éloigne de nous à toute vitesse !

C’est à ce moment-là que Falen sort à son tour du trou. Il a l’air dans un état ! Maculé de terre et de sueur, il est surtout à bout, lui aussi, avec les yeux exorbités et la respiration bruyante. Jane lui dit juste « je sais où est le chemin de la vérité ! » et part à la poursuite de Kokoro. Je la suis en courant le plus vite possible.

Nous arrivons ainsi jusqu’à une clairière, avec une sorte de village de cabanes en bois au milieu duquel évolue une demi-douzaine de personnes. Ces gens qui vaquent à leurs occupations ont un maquillage ressemblant à celui de la méchante femme. Et au centre du village, il y a une sorte d’enchevêtrement circulaire de branches, avec une femme assise en tailleur devant ce cercle, dos à nous, qui regarde à l’intérieur de cet enchevêtrement de branches.

Derrière elle, tourné dans notre direction, Kokoro se tient debout, les poings serrés, la détermination dans le regard. Jane s’avance, et le moine combattant s’interpose. La Twi’lek murmure : « vous devez me laisser passer dans l’intérêt de nos quêtes personnelles ». J’entends alors la voix de la femme qui nous tourne le dos : « Telle est la preuve de votre faiblesse, Kokoro. » Je reconnais aussitôt ce timbre froid et distant. C’est elle ! La sorcière qui retient les esprits des Wookiees ! Imperturbable, Jane lui ordonne de relâcher son emprise. Et cette horrible personne obéit. Je sens la tristesse et la souffrance environnantes se dissiper lentement.

Les villageois retournent dans leur cabane. La femme se lève, se tourne vers vous. Elle porte un collier serti d’un gros cristal. Elle tend la main vers Jane, qui se crispe. Horreur ! C’est comme avec l’inquisiteur sur Dathomir !

Falen bondit sur le côté pour pouvoir faire le tour du village discrètement. Je suis plus directe : je sors mon blaster et j’ouvre le feu. Terminée, la fillette naïve des bas-fonds de Coruscant, il faut arrêter cette furie ! Je n’utilise pas le mode « étourdissant ». Je la touche à l’épaule ! Mais je n’ai pas le temps de savourer ma victoire ; Kokoro me décoche un magnifique coup de poing. Jane, libérée de son entreprise, tend la main. Le collier de la sorcière décolle de son cou et saute de lui-même dans la main de la Twi’lek.

Falen surgit et attrape la pierre précieuse toujours dans la main de Jane. De mon côté, je tire une deuxième fois sur la sorcière. Hélas, Kokoro m’arrache mon arme, m’empêchant d’atteindre ma cible. J’arrive à crier quelques encouragements à la Twi’lek.

La sorcière dit alors : « Voilà le vrai pouvoir de la Force ! Maintenant, le destin est entre vos mains ! » C’est alors que nous réalisons tous quelque chose : pendant l’échauffourée, un vaisseau venu de nulle part s’est posé à la lisière du village – je n’arrive pas à en identifier le modèle.



Le cockpit s’ouvre alors et un individu tout de noir vêtu en descend d’un bond. Je peux voir à ses formes que c’est une femme. Elle porte le brassard des Inquisiteurs de l’Empire ! Oh, non, pas encore !



Falen attrape Jane par le bras pour se rapprocher de moi. La sorcière recule à son tour, et lance à Kokoro : « Faites les bons choix ! » L’Inquisitrice sort son sabre-laser rouge à poignée en forme d’anneau, et fixe le moine guerrier.

Le temps semble suspendu. Les deux adversaires se regardent sans détourner l’œil ne serait-ce qu’une fraction de seconde. Des émotions très vives ont l’air de crépiter entre Kokoro et cette femme masquée. Les villageois sortent alors de leur abri pour faire barrière devant la sorcière. Je m’empresse de sortir un de mes deux stimpacks de ma sacoche pour administrer les premiers soins à Jane.

Falen dégaine son sabre-laser et se place aux côtés de Kokoro. L’Inquisitrice tend le bras et le lui arrache de la main. Jane bondit en avant tout en dégainant son propre sabre-laser, et avec une précision incroyable, détruit la poignée de l’arme laser de la femme masquée. Kokoro laisse tomber mon pistolet, et le sien à l’intention de Falen, et se précipite gracieusement vers notre adversaire, poings levés. Il décoche un magnifique uppercut. Je ramasse mon blaster. J’aimerais tirer encore sur la sorcière, mais elle a couru trop loin, et je n’ai pas envie de lui courir après et de me jeter sur les villageois, alors que je suis salement blessée. Elle ne perd rien pour attendre ! Je n’ose pas non plus tirer sur l’Inquisitrice, au risque de toucher un de mes amis. Tant pis, je vais attendre une ouverture.

Falen n’hésite pas ; il court vers l’Inquisitrice, et lui agrippe son sabre-laser des mains. L’Inquisitrice raille Kokoro : « Comme on me l’a dit : tu es un faible et un lâche, incapable de te battre seul ! ».

Jane utilise une nouvelle fois la Force pour lui ordonner de se rendre. La femme masquée obéit et lève les mains. Jane ordonne : « Ligotez-la » ! Falen la ligote et Kokoro lui enlève son casque, révélant une Humaine qui lui ressemble de manière troublante, si l’on ne tient pas compte de la rage qui déforme ses traits délicats. Le moine guerrier est muet comme une carpe, incapable de prononcer le moindre mot. Jane demande : « Kokoro, tu la connais ? » Il ne répond pas. En revanche, une petite larme perle à son œil. Jane demande à la fille : « Qui es-tu ? » « Ça ne vous concerne pas ! » crache l’Inquisitrice. Je dis alors : « c’est notre ami, ça nous concerne ! ». Jane, insensible, demande à notre ami Humain « Tu la connais ? ». Il articule dans un souffle : « c’est ma grande sœur. » « Ah, la Force est puissante dans ta famille. Et comment s’appelle-t-elle ? » Kokoro dit « Meikai », mais elle répond « Onzième Sœur. Tu m’as abandonnée au milieu de ces rats, tu devais bien t’attendre à un retour de bâton ! ».

Jane pose ses mains sur la tête de Meikai pour canaliser la Force qui l’anime, et voir jusqu’où elle est tombée. « Tu n’as pas toujours été comme ça. Tu pourras remonter la pente. » « Et pourquoi je voudrais la remonter, cette pente ? Ils sont tous morts ! ». « Qu’est-ce qui s’est passé ? » articule péniblement Kokoro. « Comment oses-tu ? Après avoir fui lâchement pour trouver un pseudo-pouvoir pour toi tout seul ! Pour nous ̎protéger ̎, tu parles ! Tu nous as abandonnés, les autres sont tous morts ! » Mais Jane reste optimiste. « Tu as changé parce que ton frère est parti, mais maintenant que tu l’as retrouvé, tu devrais pouvoir changer de nouveau dans l’autre sens. »

Falen profite de l’accalmie pour farfouiller le vaisseau de Meikai, sans succès. Par contre, ce vaisseau, on ne va pas le laisser là. Je tâcherai de le trafiquer pour le faire exploser.

Mon reflet transparent dans la vitre de verre blindé me sourit tristement, alors que les étoiles scintillent dans l’espace. Je soupire, et retourne dans la cabine où j’ai élu domicile, non loin du poste de commande. Une fois la porte fermée, il n’y a que la petite lumière de la chambre sobre que j’occupe pour éclairer les lieux. Enfin, je peux me détendre après quelques heures de pure folie furieuse où moi et mes camarades avons frôlé la mort à plusieurs reprises.

Il s’est également passé pas mal de choses qui m’ont amenée à réfléchir sur mon avenir. Beaucoup de questions, de réflexions sont venues à mon esprit. Ma perception de l’univers entier est en train de changer.

Mais comment expliquer cela ? Et d’ailleurs, comment ai-je fait pour me retrouver à bord de ce croiseur de bataille entièrement manœuvré par une légion de droïds ?

Quarante-huit heures plus tôt...


Cela faisait quelques temps que nous étions sur Kashyyyk. L’Arbre de Vie des Wookiees a été sauvé, à notre grand soulagement. Je n’ai pas pu participer à l’opération à proprement parler, mais j’ai veillé à ce que les communications entre les Trandoshens dans notre camp soient bien fonctionnelles, en contrôlant à distance chaque antenne. C’est peut-être un jour nouveau pour ce monde ? En effet, les Wookiees et les Trandoshens, deux peuples en guerre depuis des temps immémoriaux, ont décidé de mettre leurs éternels différends de côté pour unir leurs forces contre les Écailles Noires, un réseau d’esclavagistes Trandoshens de réputation sinistre que même le Trandoshen moyen redoute.

Notre nouvelle mission confiée par la bande de résistants Wookiees consistera donc à neutraliser la base des Écailles Noires. Cette base est implantée au cœur d’un astéroïde en orbite autour de Kashyyyk. Le problème principal vient de leur système de défense : une flottille de canons laser qui gravitent autour de la base.

La meilleure façon de nous débarrasser du problème est d’utiliser la ruse. Nous allons nous faire passer pour les prisonniers de deux Trandoshens voulant nous vendre aux Écailles Noires. Les deux volontaires sont deux vieux routards, Hyōgo et Grishkassk.





Les Wookiees leur ont procuré des cartes d’identité d’officiers des Écailles Noires. Nous serons également accompagnés par Orooroo, un opérateur Wookiee avec qui j’ai installé les antennes-relais chez les Trandoshens.



Nous devrons malheureusement nous passer de Kokoro. Le jeune Humain est malheureusement très contrarié. Sa sœur Meikai a réussi à s’évader et a pris la tangente pour une destination connue d’elle seule. Notre ami s’est lancé dans de longues recherches pour la retrouver. Je lui souhaite d’y parvenir. S’il me demande de l’aide, je la lui accorderai de mon mieux.

Nous embarquons à bord d’un vaisseau de transport pénitentiaire volé à quelque gouvernement. J’espère que les deux Trandoshens ne comptent pas nous trahir et vraiment nous livrer… Nous serons placés dans les cellules à l’arrière, avec des menottes. Au moins, ces menottes seront modifiées pour pouvoir être retirées en un clin d’œil. Avant de partir, je souhaite bonne chance à Shylock, et lui demande de rester attentif : dès que nous aurons neutralisé les satellites de défense, je lui enverrai un message crypté, ce qui donnera le signal aux autres pour lancer l’assaut sur la base même.

Un droïd astromécano, R2-D0, va nous accompagner pour tout ce qui relève de la communication avec les ordinateurs.



C’est vrai qu’on ne se méfiera pas de lui pendant les fusillades… Je ne peux malheureusement pas prendre mon pistolet blaster avec moi. Autant mes compagnons ont chacun un sabre-laser, facile à dissimuler, autant moi… Je me contente de cacher mon électro-matraque dans R2-D0.

Et puis, nous décollons. Je ne le savais pas à ce moment-là, mais après cette mission, plus rien n’allait jamais être pareil.

Pendant le voyage vers la base dans l’astéroïde, personne ne parle pendant le voyage. Jane et Falen sont partis méditer dans les cellules que nous devrons occuper. De mon côté, je tâche de me concentrer, je réfléchis sur mon implication dans cette histoire, et je me demande si je saurais « instinctivement » bricoler et pirater les dispositifs qui me tomberont sous la main, grâce à la Force ?

À l’approche de la base, nous passons devant l’un des satellites à canon laser, qui fait une bonne trentaine de mètres de long. Et enfin, la base nous apparaît dans son entier.

C’est une sorte de complexe qui s’étend sur une dizaine d’étages, chacun équipé d’une entrée vers un hangar d’atterrissage. Nous approchons de l’avant-dernier étage. C’est le moment de commencer la comédie. Ildriss et moi rejoignons Jane et Falen en cellule, puis nous passons les menottes trafiquées. De la cage où je suis enfermée, j’entends les Trandoshens parler dans leur langue – j’espère vraiment qu’ils ne disent pas quelque chose du genre « on va livrer ces pauvres naïfs ! ». Enfin, la navette se pose sur la deuxième plate-forme en partant du sommet. Nous sortons en rang, à la queue leu leu, Orooroo en dernier. Grishkassk passe devant, et Hyōgo ferme la marche.

Un groupe de gardes Trandoshens s’avance, j’ai l’impression de revivre de vieux traumatismes. Grishkassk siffle et glapit quelques syllabes, imité par les autres. Je devine qu’il s’agit d’une discussion durant laquelle ils se mettent d’accord sur la transaction. Nous traversons le grand hangar. Au passage, je regarde les vaisseaux stationnés d’un œil professionnel, et reconnais des chasseurs de la République datant de la Guerre des Clones.

Nous traversons des couloirs étroits et sombres. Certaines sections par lesquelles nous passons n’ont pas encore été complètement aménagées, et sont encore à l’état de tunnels taillés dans la roche. À un moment, après une bifurcation, Grishkassk nous ordonne de nous adosser au mur. J’obéis. Il avance et va plus loin, tandis qu’Hyōgo reste en arrière, et guette au niveau du croisement. Grishkassk disparaît au virage suivant, mais revient trop rapidement pour qu’on ait le temps de s’inquiéter, et nous fait signe de le suivre au pas de course. Nous arrivons à une nouvelle bifurcation. Grishkassk nous invite à retirer nos menottes, l’action va commencer. Hyōgo ne bouge pas, il va rester faire le guet. J’en profite pour récupérer ma matraque.

Nous arrivons jusqu’à un tunnel encore en travaux, le duracier n’est pas encore posé sur la roche. C’est de plus en plus angoissant. Je tâche de voir s’il n’y aurait pas quelque part des composants, des câbles qui dépassent, n’importe quoi que je pourrais mettre à profit pour bricoler un piège, quelque chose comme ça.

Nous arrivons à un croisement où deux gardes Trandoshens postés devant une porte renforcée réprimandent Grishkassk. Sans doute sommes-nous à l’approche d’une zone interdite ? Heureusement, ils n’ont pas l’air de voir que nous n’avons plus nos menottes. Ildriss lance la Force et saisit l’un des deux gardes. Jane fait de même et projette l’autre contre un mur. Notre guide n’en revient pas. Serait-ce la première fois qu’il voit des Jedi ? Il récupère l’une des vestes des gardes pour renforcer son déguisement.

J’en profite pour ramasser un fusil blaster de l’un des gardes. Je me rapproche du panneau de commande, et je le trafique les doigts dans le nez. J’arrive même à programmer une petite routine pour dissimuler l’ouverture. Grishkassk entre, et abat les trois opérateurs. Contrairement à l’idée que j’avais des personnes issues d’ancêtres reptiliens, il n’a pas pour autant le sang-froid, et semble nerveux. Ildriss nous ordonne de rentrer les deux gardes Trandoshens inconscients restés dans le couloir. Nous les attachons avec les menottes, et on les bâillonne.

La petite pièce bardée d’équipements électroniques dans laquelle nous sommes entrés semble être le cœur des opérations électroniques. Donc, notre objectif. Il y a trois pupitres alignés le long des trois murs autres que celui percé par la porte d’entrée, chacun surmonté d’un gros écran. Le premier gros ordinateur montre un diagramme de la base et ses alentours, c’est l’appareil qui contrôle le système de défense satellitaire. Le deuxième affiche la carte de l’étage. Le troisième gère les caméras et les protocoles de sécurité – d’ailleurs, il a quelques problèmes de fonctionnement, Grishkassk l’a accidentellement touché. Je vais tenter de le réparer. Hélas, j’ai beau y mettre toute ma concentration, je comprends qu’il ne m’est pas possible de rattraper les dégâts. Falen, heureusement, a plus de chance de son côté, et installé au poste de contrôle des tourelles, parvient à couper le système.

R4-G3 se branche à une prise d’interface, je devine qu’il envoie à Shylock le signal convenu. L’hologramme du chef Trandoshen apparaît. Avec un sourire très inquiétant, il déclare : « Bon travail, mes amis… Nous arrivons. » Orooroo crie de joie, et semble impatient d’en découdre. Nous ne devons surtout pas rester là. Ildriss ouvre la porte, et la referme aussitôt, prétextant la présence d’un autre garde. Notre Wookiee fait alors quelque chose que je n’attendais plus : il attrape Grishkassk par le col, et lui brise la nuque d’un coup sec. Que… mais… quoi ? Je sais bien que ces deux peuples sont ennemis, mais de là, briser une trêve sans doute au plus mauvais moment, cela me paraît stratégiquement très maladroit ! Et pour avoir travaillé quelque temps à ses côtés, je ne le pensais pas capable de faire une telle bêtise !

Sans hésiter, Ildriss lui envoie une rafale paralysante. Elle attrape la radio de Grishkassk. Quelqu’un tape à la porte. Je me planque aussitôt derrière le pupitre de commande. Jane appuie sur le bouton d’ouverture, Ildriss tire une autre rafale paralysante, et fauche les trois Trandoshens qui tentent d’entrer.

Il va être l’heure de froisser de la tôle ! Falen transporte tant bien que mal Orooroo, qui est dans les vapes. R2-D0 nous dit alors connaître un passage pour rejoindre le hangar à vaisseaux. Il avance devant nous, passe dans la zone de tunnels, et s’enfonce dans une zone obscure. Puis, il s’immobilise. Je vois que son dôme fait un tour à 360°, il fait aussi un petit sifflement inquiet, et fait mine de reculer, comme s’il avait senti un danger. Rien d’étonnant, car dans un cri strident, deux affreux Mynocks volent dans notre direction !



Ildriss tire une rafale laser et abat l’un des deux. Je foudroie le deuxième de la même façon, mais, pas de chance, l’ancien propriétaire de mon fusil n’avait pas chargé la batterie, et l’arme tombe en rade. Je la balance sans hésiter.

Nous demandons à R2-D0 de partir en reconnaissance. Mais celui-ci, effrayé, refuse. Nous nous mettons à trois pour le motiver. Après tout, il est on ne peut plus quelconque, les Trandoshens ne feront pas attention à lui, encore moins dans la confusion qui va suivre dans les prochaines minutes. Finalement, il semble convaincu, et part en avant.

Nous entendons alors nos communicateurs grésiller. Une voix grave nous menace alors d’un classique « Saletés de Rebelles ! Cet astéroïde sera votre tombeau ». La base semble alors prise de chocs violents par l’extérieur au rythme de grondements sourds et brefs. Quelqu’un a profité de l’extinction du système de défense pour pilonner la base, mais cette voix laisse à penser qu’il ne s’agit pas des Wookiees de la résistance. Nous courons alors vers le chemin que nous pensons être la sortie. J’ouvre une lourde porte automatique. Mais à peine est-elle ouverte que je constate avec terreur qu’une tourelle de sécurité lourde a été déployée juste de l’autre côté de l’ouverture. Une douleur abominable me jette littéralement en arrière, et je roule au sol, le ventre méchamment carbonisé par un tir de laser lourd.

J’entends tout autour de moi une terrible agitation, des cris, des chocs… Je devine que mes amis sont en train de déchaîner leurs pouvoirs sur nos ennemis. J’arrive à péniblement distinguer des Trandoshens de la bande des Écailles Noires, mais aussi des hommes en blanc de l’Empire. R4-G3 se branche sur une prise d’interface, et relance des systèmes électroniques de treuils que je n’avais pas encore vus. Il faut dire que mon triste état m’empêche de me concentrer ; en fait, si on va vers le hangar à vaisseaux, on a encore trois tourelles automatiques à franchir. En revanche, si on part dans l’autre sens, on peut emprunter une autre solution en passant dans une sorte de grand puits. Il y a des chariots montés sur rail, on peut s’en servir pour se cacher derrière. Un chariot part vers le hangar, l’autre vers le puits.

J’arrive à péniblement me traîner dans un coin, et j’utilise un stimpack pour rafistoler cette nouvelle blessure.

Jane jette une grenade, et réussit à la mettre juste au-dessus de l’une des tourelles. Elle explose, et réduit l’arme mortelle au silence. Le droïd astromécano s’affole, et fait accélérer le chariot. Je me mets à courir aussi vite que je peux, afin de pouvoir sauter dessus. Soudain, un tir nourri d’une tourelle fait exploser le rail et le chariot est renversé. Je tâche de le contourner, mais des soldats de choc en profitent pour m’aligner dans les jambes.

Je suis arrivée à un stade de douleur que je ne pensais jamais atteindre un jour, et seule la volonté de fuir pour sauver ma vie me donne suffisamment d’énergie pour puiser dans mes dernières ressources.

Je sens que je brûle les dernières gouttes de mon carburant, mais enfin, j’arrive avec mes camarades jusqu’au puits. Il a l’air profond au point de s’étendre sur toute la hauteur de la structure. Alors que nous l’approchons, une lueur apparaît dans son fond, et dans un grand bruit, une colonne de plasma s’élève Nous sommes toujours au deuxième étage, et R2-D0 nous siffle qu’il connaît une sortie… à l’étage en-dessous. J’ai envie de lui mettre mon pied dans le fond de la carrosserie, il commence à sérieusement me casser les oreilles ! Une lueur vient alors du fond du puits, et une colonne de plasma explose jusqu’au plafond. Ce puits est un réacteur !

Quelques câbles pendent sur le côté, il va falloir s’en servir pour accéder à l’étage du dessous. D’après R2-D0, le flux de plasma est régulier, et l’intervalle entre deux salves est suffisant pour que nous puissions descendre, à condition de ne pas traîner. Falen est le premier à descendre. Il attrape un câble et se laisse descendre. Malheureusement, alors que ses pieds touchent le rebord inférieur, il dérape, et menace de basculer. Il se rattrape au dernier moment à la paroi. Malheur de malheur pour lui, il voit son sabre-laser glisser de sa ceinture et tomber dans les tréfonds du réacteur. Quelle tragique perte pour un Jedi !

Ildriss emprunte le même chemin, mais se montre plus adroite. Puis c’est au tour de Jane de descendre. Orooroo revient alors à lui. Le temps de le laisser se relever, je descends le long du câble. Mais arrivée à l’étage d’en-dessous, je dérape en arrière ! Ildriss me rattrape grâce à la Force, et me jette sur la corniche, ce qui me fait quelques bleus supplémentaires. Orooroo nous rejoint, R2-D0 sur le dos. Une fois au sol, le petit droïd nous montre une sortie, de l’autre côté du gouffre, bien évidemment. Il sort alors un câble à tyrolienne, et le catapulte de l’autre côté. Le crochet s’enroule solidement autour d’une poutrelle.

J’ai comme une sensation de fraîcheur fort désagréable qui m’étreint, alors que nous entendons des voix dans des communicateurs. En tordant le cou, j’arrive à trouver le bon angle pour voir de quoi il s’agit. Horreur, ce sont les membres d’une escouade de Troupes de la Mort !



Si seulement ils étaient seuls, par ailleurs. Mais non, à leur tête, nous reconnaissons le terrifiant Inquisiteur que nous avons combattu sur Myrkr !



Nous ne sommes pas en mesure d’affronter tout ce monde. Ildriss prend son élan, et fait un immense bond pour se retrouver de l’autre côté du trou. Jane fait léviter le droïd jusqu’en face. Nous allons devoir à présent franchir le trou. Seulement, nous serons exposés aux tirs des Troupes de la Mort en empruntant le câble de manière « conventionnelle ». Falen court en équilibre dessus, et parvient rapidement de l’autre côté.

C’est à présent mon tour. J’ai une idée : grâce au matériel que j’ai dans les poches de ma combinaison de mécanicien, je peux bricoler en quelques instants un petit système qui me permettrait de remonter le long de la tyrolienne. Je fais appel à la Force, et j’y parviens, mais alors que je vois mes doigts tremblants s’activer à toute vitesse, je pressens que ce n’est pas un sentiment noble qui me motive, mais la peur. La peur me donne des ailes ! Tant pis, c’est ça ou l’Inquisiteur ! Mon système marche au poil, et je franchis le gouffre en quelques secondes.

Jane passe à son tour, et au passage, renvoie quelques tirs de fusil blaster avec son sabre-laser. Enfin, Orooroo ferme la "marche", sous les tirs des Troupes de la Mort.

Nous sommes maintenant tous de l’autre côté. R2-D0 nous montre une lourde porte blindée, avec une serrure électronique, le genre particulièrement difficile à déplomber. Mais l’heure n’est pas à la parlotte ! Il va me falloir trafiquer cette serrure. Comme un fantôme, l’Inquisiteur plane jusqu’à nous, ses deux sabres-lasers rouges allumés. Il murmure à l’attention d’Ildriss un « j’attendais ce moment depuis longtemps… ». La Zabrak ne répond pas, elle se jette sur lui sans hésiter.

Je décide de me concentrer sur mon travail, et je compte sur mes amis pour me couvrir afin de pouvoir assurer notre fuite. Je ne verrai pas précisément ce qui arrivera dans la prochaine minute, trop concentrée que je suis sur mon travail. Je devine un furieux combat entre Ildriss, Jane et l’Inquisiteur, tandis que les Troupes de la Mort, toujours en face du gouffre, continuent à les canarder. À un moment, Jane fait tomber le sinistre personnage en arrière, avant de tomber à genoux, épuisée. Les Troupes de la Mort pilonnent toujours. Ildriss tente de leur renvoyer un tir, mais elle rate, et le rayon d’énergie la sonne. Falen se précipite vers elle pour la ranimer à coups de baffes.

Je serre les dents, je continue, surtout ne pas s’affoler, surtout ne pas regarder derrière, surtout ne pas voir ce que confirment mes sens liés à la Force soumis à une nouvelle vague de froid glacial surnaturel, qui me laisse penser que l’Inquisiteur n’a pas basculé dans le trou, mais est remonté à notre hauteur. J’entends alors Jane éclater de rire et crier : « vas-y, je te le laisse ! », puis un rugissement guerrier d’Orooroo résonne par-dessus le bruit du réacteur qui envoie une nouvelle salve de plasma… puis plus rien.

Je m’autorise à me retourner, et je constate que mes trois amis se remettent péniblement debout. R2-D0 bipe triomphalement au moment où la lourde porte s’ouvre enfin. Mais aucune trace d’Orooroo, ni de l’Inquisiteur. Je suppose que le guerrier Wookiee s’est jeté dans le précipice en emportant l’Inquisiteur avec lui… Qu’il puisse reposer en paix, à défaut d’un héros, il est mort en guerrier.

La porte nous conduit à une sorte de hangar avec quelques chasseurs. L’astromécano s’avance jusqu’à un petit ascenseur, puis nous ordonne de le suivre, sans prendre le temps de soigner Falen ou de tenter de démarrer l’un ou l’autre des chasseurs. La plate-forme nous fait descendre jusqu’à une pièce très sombre, à tel point que je ne peux rien voir. Je vois juste les lumières du robot qui vont et viennent entre les formes que je devine être celles de pupitres de commandes. Puis il se branche à un ordinateur, et dit « Ho, la Twi’lek ! Viens ici ! ». Jane répond « J’arrive ». Elle fait quelque chose que je n’arrive pas à voir, et toute la pièce s’allume.

Nous sommes dans le cockpit d’un cuirassé type Battle Cruiser dont je connais le modèle. C’est un Praetor Mark II, un vieux modèle de l’armée de la République, très grand, long de plus de quatre mille mètres, à sept cents millions de crédits. Je n’ai cependant pas le loisir de me repasser toute sa configuration. En effet, les tremblements se font de plus en plus forts. De nombreux bruits mécaniques retentissent partout autour de nous. Je devine qu’il se décroche de son quai d’amarrage, et qu’il quitte cette maudite base. Puis une succession de bruits sourds se fait entendre. Je tâche cependant de ne pas me déconcentrer pour ranimer Falen, pendant que Jane utilise son dernier stimpack sur Ildriss. Jane et Ildriss se mettent chacune derrière un écran de contrôle. Une fois Falen à nouveau conscient, je m’intéresse à mon tour à ce que nous voyons.

L’un des écrans indique une carte de Kashyyyk, avec des points clignotants. Nous constatons que les canons de notre vaisseau tirent sur les points clignotants sans relâche. Voilà donc d’où venaient les bruits sourds. Je regarde un peu mieux la carte, et soudain, mon cerveau se bloque.

Ces points d’impact indiquent les antennes émettrices que nous avons aidé à installer sur les camps Trandoshens.

…

LES ENFOIRÉS !

Ils se sont servis de nous !

En me rendant compte de ça, je commence à me sentir mal. Je vais vomir.

Alors, c’était ça, le plan de libération ?

Un massacre !

Comment les Trandoshens pourront survivre à un tel bombardement ?

Pas seulement les soldats. Les techniciens, les opérateurs, les cuisiniers…

Et je ne parle pas des esclaves enfermés dans les cages.

Et Shylock !

Pas le temps d’y réfléchir, si on veut être encore en vie pour les pleurer. Je calcule la trajectoire pour faire partir notre croiseur jusqu’à la base de l’Alliance dont le capitaine Schmidyo m’a donné les coordonnées. Deux croiseurs apparaissent alors sur les radars : un impérial, et un du Consortium de Zann. C’est bien le moment, tiens ! Heureusement, le voyant indiquant que les moteurs sont chauds s’allume. Au moment où Ildriss tire le levier pour lancer l’hyperespace, l’astéroïde explose derrière nous.

Enfin, nous pouvons souffler. Nous sommes sauvés.

Mais à quel prix…

Et donc, nous voilà, ici, dans ce navire dont nous n’avons par ailleurs pas encore décidé du nom, il faudrait que ça change.

Sur ordre de Jane, R2-D0 a fait l’inventaire du navire. Ce Praetor Mark II peut accueillir jusqu’à cent trente mille personnes. C’est un ancien vaisseau de la Guerre des Clones repris par les Écailles Noires. Au fil des années, des améliorations ont été faites, et il y a une centaine de droïds préprogrammés qui peuvent remplacer l’équipage, de manière à ce qu’il puisse être utilisable par un équipage vivant très réduit. Pour le moment, nous ne sommes cependant pas assez nombreux pour faire autre chose que le déplacer et faire des opérations de maintenance extrêmement basiques. Pas question de l’envoyer au combat ou traiter des opérations lourdes. Il nous faudra un équipage de cent mille individus pour exploiter son potentiel à cent pour cent. En plus, en carburant, il consomme des quantités comparables à ce qu’il faut pour alimenter une ville. On va devoir faire de sacrées économies !

Les hangars sont situés seulement à l’avant, au bout de la proue de l’appareil. Ils sont suffisamment spacieux pour contenir :

- 120 chasseurs
- 120 navettes

Pour le moment, on peut y trouver deux navettes Lambda de classe T-4A, ainsi que trois petits chasseurs stellaires de modèle Z-95 Chasseur de Tête. De vieux modèles incapables d’aller en hyper-espace. Mais c’est mieux que rien, après tout. Nous avons également suffisamment de vivres pour nourrir mille personnes pendant trois ans. Au moins, nous sommes parés pour l’attente.

Les canons orbitaux ont été rajoutés par la suite. Nous avons aussi remarqué que le transpondeur du vaisseau affiche toujours une signature impériale.

Nous sommes toujours en route vers la base où m’attend le capitaine Schmidyo. Nous nous sommes par ailleurs fixés trois objectifs :

- Chercher Kokoro. On ne laisse personne en arrière ! Il faudra le récupérer au plus vite, quitte à lui donner rendez-vous quelque part.
- Chercher la maître Jedi Belee Harik. Nous pourrons mutuellement nous aider.
- Aller sur Tython, la planète vers laquelle allait le vaisseau Voyageur de la Force. Peut-être y trouverons-nous de quoi restaurer tout ou partie des forces de l’Ordre Jedi ?

Si nous avons un cap avec des objectifs clairs, ce n’est pas pour autant que nous avons le moral, hélas. Les événements survenus chez les Écailles Noires nous ont tous fichu un sacré coup.

Falen est particulièrement tourmenté. Il ne quitte sa cabine que pour prendre ses repas avec nous. Et encore, peut-on vraiment parler de « passer du temps avec nous », quand on voit son expression ? Je devine que ce qui s’est passé est terrible pour lui.

Ildriss a l’air aussi abattue, même si elle fait des efforts pour avoir l’air d’être toujours dynamique. C’est surprenant désagréablement. La fière et forte Zabrak peut avoir ses moments de faiblesse.

Jane s’isole, et passe beaucoup de temps dans la chambre d’officier. Je n’ai rien d’autre à dire à son sujet, si ce n’est qu’elle ne change pas de d’habitude.

Moi-même, j’essaie désespérément de ne pas y penser. Nous avons été manipulés par les Wookiees, leur soif de vengeance a été trop forte, et les vies innocentes perdues dans cette terrible affaire sont innombrables. Tous mes idéaux en matière de lutte contre l’esclavagisme ont trouvé leur pendant maléfique, je le crains. Et je suis aussi peinée par ma propre impuissance.

Je me sens très mal. Et si j’étais à la traîne ? Si les autres n’avaient pas vaincu cet Inquisiteur, je me serais retrouvée sans défense face à lui ! Je devrais peut-être réfléchir à la question.

Je suis vraiment peinée par ma propre faiblesse. Nous avons tous risqué notre vie, c’est vrai. Mais si je m’étais retrouvée seule face à cet Inquisiteur, j’aurais été tuée, à coup sûr ! La Force m’a permis jusqu’à présent de rester en vie et de bidouiller les machines de manière instinctive, presque surnaturelle. Mais j’aimerais pouvoir faire plus. J’aimerais ne plus être un boulet pour notre groupe. Si la Force me guide, alors je dois lui faire honneur. Peut-être que Falen pourrait me donner des clefs ? Encore que je ne sais pas si c’est le meilleur moment pour lui en parler, il a l’air vraiment au plus bas.

Pour penser à autre chose, je m’isole entre ma chambre et l’atelier le plus proche, et je consacre mon temps à me fabriquer un nouveau droïd astromécano. Celui-là, je l’appellerai « Bolter ». Cette activité m’empêche d’être furieuse contre moi-même.

Au cours du briefing suivant, je donne le dernier rapport informatique. J’ai analysé tout le système du vaisseau, et je n’ai pas trouvé trace d’un quelconque virus. Malheureusement, je ne sais pas non plus ce qui a lancé le bombardement de Kashyyyk. Une commande préprogrammée par les Écailles Noires ? Impossible, ils n’attaqueraient pas leurs propres bases. Un pirate informatique qui a uploadé la commande au moment où nous avons démarré le croiseur ? Possible, mais qui, et comment ?

Les autres me demandent alors de repérer s’il y a des traces d’autres formes de vie dans le croiseur ? C’est vrai que nous n’avons pas encore pris le temps d’en explorer les quatre kilomètres. Avec les senseurs, j’arrive à repérer des traces de vie à l’avant de l’appareil. Falen s’empresse d’aller vérifier s’il y a quelque chose. À la demande des autres, j’essaie de calibrer les senseurs pour affiner la détection. Peut-être qu’il était mal réglé, car en effet, ces traces de vie disparaissent. Jane me demande de laisser les senseurs en veille nous prévenir en cas de changement avant de partir à son tour.

Nous gardons contact grâce à nos communicateurs. Pendant que Falen et Jane investiguent, nous nous concertons pour voir ce que nous ferons de ce vaisseau. Nous décidons de le garder pour nous. Je donne mon point de vue : « après ce que j’ai vu, je pense que nous ne pouvons faire confiance qu’à nous-mêmes. Ni à l’Empire, ni à une association de bandits, ni à l’Alliance. Qui sait ce qu’ils pourraient en faire ? En tout cas, pas moi. Ce vaisseau est un trésor qui va attirer les convoitises, nous devons le garder pour nous. » Falen et Ildriss ont l’air curieusement fort d’accord avec moi. Ildriss me félicite presque, même. « Enfin, tu acceptes de voir les choses de manière plus réaliste qu’idéaliste. »

Et donc, il nous faut changer de cap. D’abord, on coupe l’hyperespace. Ensuite, sur suggestion de mes amis, je désactive nos émetteurs pour éviter qu’on se fasse repérer. Pendant l’opération, j’arrive, coup de chance (ou de la Force, peut-être ?), à remonter le long de la mémoire cache de la boîte noire. Je trouve alors les traces d’une savante combinaison de manœuvres, et je repense à ce qui s’était passé au décollage.

Au moment où nous étions dans le poste de pilotage, R2-D0 s’était connecté au pupitre. D’après le journal de bord, il y a eu l’introduction d’un code au moment du décollage. Toute une batterie de manipulations manuelles ont été faites pour mettre en marche un code et activer les fonctionnalités comme le démarrage, le décrochage de la base, la mise en service des systèmes de défense, le signalement de la position, l’émission d’un message disant « Début de l’opération confirmé », puis le repérage par système radar d’un certain nombre de points de repère sur la planète correspondant aux signaux d’antennes radio, et enfin le bombardement.

Par contre, toujours aucun moyen de savoir à qui a été envoyé le message de confirmation de lancement de l’opération.

Cette opération, c’était le bombardement des bases Trandoshens de Kashyyyk. J’ai alors terriblement peur. Une intuition me dit qu’il y a un droïd là-dessous qui est responsable. Nous étions tous les quatre… avec une centaine de robots à bord. Je pense aussitôt à R2-D0, le droïd astromécano qui appartenait à Orooroo, le Wookiee qui n’a pas hésité à tuer devant nous notre guide Trandoshen une fois qu’on n’avait plus besoin de lui….

Et si… ?

Peut-être même qu’il est branché au réseau de caméras et micros et qu’il me surveille ?

Je m’efforce de garder mon calme. J’appelle les autres par communicateur, et je leur demande de me rejoindre pour « discuter de certaines choses qui doivent être vues en personne », une excuse bidon, mais il ne faut surtout pas que les robots m’entendent ! Falen ne répond pas. Jane fait la sourde oreille, concentrée à sa tâche. Ildriss, qui essayait de se familiariser avec les commandes du vaisseau, vient me parler. Je coupe le communicateur et lui enjoins de faire de même.

Puis, je lui montre le fruit de mes découvertes.

On appelle R2-D0, il ne répond pas. Ildriss appelle Jane, et lui demande où est R2-D0. Jane répond qu’il roule à ses côtés. Jane parle alors d’un bloc de données qu’Orooroo lui aurait confié avant de se sacrifier. Le Wookiee lui avait enjoint de le brancher pour lancer le croiseur. « Tu aurais pu nous en parler plus tôt », reproche Ildriss. « Je pensais que vous aviez fait la corrélation », répond Jane. Une fois encore, la Twi’lek nous a caché quelque chose, puis se déresponsabilise.

Donc, si nous avons tout bombardé, c’est à cause des instructions lancées par un bloc de données programmé par Orooroo et exécutées par R2-D0… Il n’a fait qu’obéir aux ordres, et désormais il est la propriété de Jane. Mais à la première entourloupe, je le balance directement dans le broyeur à ordures !

En fait, je n’ai pas confiance en R2-D0. Au cas où, je programme une nouvelle routine pour repérer toutes les émissions/réceptions radio à partir de maintenant, avec une alerte active sur mon communicateur à chaque entrée ou sortie d’émission. Et ma confiance envers Jane s’est encore effritée.

Ildriss contacte Falen. Celui-ci nous apprend alors que Dame Belee Harik est entrée en contact avec lui par le biais de la Force. Elle est en route pour nous rejoindre, mais elle sait aussi que sa communication a été interceptée par un utilisateur du Côté Obscur. Il ne faut pas traîner !

C’est à ce moment-là que Jane entre dans la salle de pilotage. Elle nous annonce en toute simplicité avoir repris contact avec Morossk, le Trandoshen qui lui avait juré fidélité, pour venir le chercher. Morossk nous attend sur une base spatiale à Refnar. Je calcule les coordonnées. Je connais cette planète. Elle est sur la Bordure Extérieure, assez éloignée de là où nous sommes, il y aura un certain temps de trajet pour ça. Heureusement, on a assez de carburant pour y aller. C’est une planète désertique.

Ildriss demande si Morossk n’était pas prisonnier du Consortium de Zann ? En fait, le Trandoshen avait été salement blessé au visage, et le Consortium le gardait pour lui poser des implants cybernétiques sur les yeux.

Jane a donc prévenu Morossk, et le lieu de rendez-vous est probablement une base du Consortium de Zann ! Encore une fois, la Twi’lek a pris une initiative dont les répercussions pourraient affecter tout le groupe, sans nous demander notre avis au préalable, en plus ! J’en ai assez qu’on me la mette à l’envers, bon sang ! Cette fois, j’éclate. Je reproche à la Twi’lek son manque d’honnêteté et son égoïsme. J’ai autant de droits sur notre vaisseau qu’Ildriss, Falen et elle-même. Or, son attitude me paraît hautement préjudiciable à un bon travail d’équipe ! Et une fois de plus, elle se contente de dire « je note vos protestations » en haussant des épaules. Blast !

Pour l’heure, il va falloir jouer serré pour éviter la présence du Côté Obscur à notre poursuite. Je calcule des coordonnées dans le système de Refnar, à proximité de la planète, mais pas trop près non plus, histoire qu’on ne nous voie pas venir trop vite. Ensuite, je retourne à la fabrication de Bolter. J’ai besoin de penser à autre chose !


Le lendemain, quand le vaisseau sort de l’hyperespace, on reçoit un appel radio. Un vaisseau vole à notre rencontre. La voix de Dame Harik résonne dans le communicateur. Elle semble surprise de nous voir arriver dans un vaisseau impérial.



Nous l’accueillons dans le hangar, où s’est posé le Stingray – je croyais bien ne jamais le revoir ! Dame Harik semble soulagée de voir Falen, et le serre même dans ses bras. Nous retournons dans le petit train interne pour remonter jusqu’au poste de pilotage. Arrivés à la moitié du trajet, un petit ordinateur se met à biper, et signale l’arrivée d’une flotte impériale à quelques centaines de kilomètres de nous. Jane contacte R2-D0 et lui ordonne de lancer le saut que j’ai préalablement préparé. Et nous partons en hyperespace en direction de Refnar, encore.

Dame Harik nous invite à aller prendre un repas tous ensemble. Pendant la conversation du repas, Ildriss raconte nos mésaventures, y compris le passage où R2-D0 a utilisé le bloc de données d’Orooroo pour lancer un bombardement sur Kashyyyk. J’en profite pour lui faire part de ma déception : « au nom de la liberté et de la lutte contre l’oppression, on peut faire les pires choses ! Les Wookiees se sont servis de nous pour exterminer les Trandoshens, faisant fi des éventuels prisonniers et esclaves qu’ils pouvaient encore avoir. »

Dame Harik dit alors : « nous avons un certain talent, moi et vous autres. Vous devez apprendre à vous en servir. Le passé peut être douloureux, mais il ne faut pas le laisser s’emprisonner. Nous devons faire en sorte de bâtir un meilleur futur. Il faut apprendre de ses erreurs et s’améliorer. Il est préférable que je vous enseigne les Voies de la Force. La première chose à faire, c’est de ne plus réfléchir, mais de ressentir les choses, ressentir la vie à travers la Force. Si vous aviez été plus à l’écoute de la Force, vous auriez pu éviter le drame qui s’est passé. »

Je sens alors sa présence dans mon esprit. Elle dit alors à haute voix mon ressenti, et fait de même avec les autres. Puis elle semble s’attarder sur Jane, avant de revenir à nous tous : « Je vais tenter de faire de vous des utilisateurs compétents de la Force. En chacun de vous, il y a une volonté de faire bien, et de faire le bien. » « Je sens parmi vous des gens qui ont entendu parler de l’Ordre Jedi, et souhaitent recréer l’Ordre Jedi. Je ne pense pas que vous soyez prêts aujourd’hui. Mais on verra si ça peut changer, au fur et à mesure de votre apprentissage. Être un Jedi, c’est beaucoup de choses. Beaucoup de sacrifices, même dans votre vie. Ce n’est pas à la portée de tout le monde. »

Je parle de mon passé, dans des quartiers régis par des bandits, pourris par la prostitution et le trafic de drogues, mon serment de lutter contre l’esclavagisme, puis la fin de mes certitudes sur « la fin justifie les moyens » qui ont volé en éclats : l’idéalisme des Wookiees pour lutter contre les esclavagistes Trandoshens s’est conclu par un massacre. Elle explique qu’il n’y a plus de résistants Wookiees non plus, et que l’Empire se partage désormais le gâteau avec le Consortium de Zann. Elle se contente de sourire en me disant que j’ai beaucoup à apprendre. C’est tout juste si je ne l’envoie pas promener. Après tout, jusqu’à présent, elle n’a pas tellement prouvé la validité de ses paroles ! Elle parle du fait que je ne peux pas tout généraliser à partir des décisions d’un seul Wookiee. Cela confirme donc ce que je dis : l’égoïsme d’Orooroo a provoqué ce carnage.

Je sens qu’elle sonde mon état émotionnel. Alors, je pense de toutes mes forces : « rappelez-vous que la confiance, ça se gagne dans les deux sens ! »

Nous commencerons à parler de la Force dès demain matin. J’espère qu’elle parlera de choses plus intéressantes que ces leçons de morale infantilisantes. D’accord, je n’ai que dix-sept ans, mais j’ai pris tellement de claques ces derniers mois que j’ai dû mûrir plus vite que la Nature l’avait prévu à la base. Et je n’ai pas besoin des petites piques narquoises d’une soi-disant Maître Jedi qui a passé les trois quarts de son temps de présence devant moi dans le coma ! Et je parierais que Kodaïss se montrerait plus acerbe que moi, compte tenu de ce qu’elle a traversé pour la sauver sur la planète Sariss !

Le lendemain, Dame Harik est déjà levée quand je sors de ma cabine en direction du petit déjeuner. Alors qu’elle fait son jogging, elle nous invite à la suivre, ce que fait Falen. Moi, je préfère suivre Ildriss qui va faire du parkour dans le gymnase du vaisseau. Je vais l’accompagner, tiens !

Au bout de quelques dizaines de minutes, nous sommes rejoints par Dame Harik et Falen. Nous faisons tous les quatre des exercices. Si je m’en tire plutôt bien, Dame Harik nous impressionne grandement, grâce à la Force, c’est d’une agilité surnaturelle, grâce à la Force. Elle me dit en souriant : « vous me surprenez, je ne m’attendais pas à une telle performance, compte tenu de votre carrure ! ». Je lui rends son sourire en le teintant d’ironie, et réponds : « Pas plus tard qu’hier, vous me parliez bien de ne pas se fier aux apparences, non ? ».

Nous allons tous nous rafraîchir, et nous restons au gymnase pour la première leçon. Elle réaménage en faisant léviter des objets des délimitations pour faire quelques exercices chacun de notre côté. Dame Harik souhaite qu’on trouve un lieu avec une vergence de la Force pour pouvoir s’entraîner. Ildriss propose de nous orienter à Tython, une fois Morossk récupéré. Dame Harik nous révèle que c’est un lieu où était bâti l’un des principaux temples Jedi, mais que ce lieu est gardé par l’Empire.

Il est temps de commencer notre première leçon ! Dame Harik nous demande de lui dire ce que nous connaissons de la Force ; j’arrive à répondre plus ou moins bien. Je peux même entrer dans le détail en parlant de ma propre expérience sur mes rapports à la Force. Falen récite presque mot pour mot l’apprentissage qu’il a eu au temple.

Le Côté Lumineux et le Côté Obscur sont deux facettes de la Force. Pour le Côté Lumineux, l’utilisateur se laisse porter par la Force, et lui fait confiance. L’utilisateur du Côté Obscur refuse d’écouter la Force, et essaie plutôt de la plier à sa volonté. Toute la différence est là.

Je n’ai toujours pas confiance en Belee Harik. J’écoute de mauvaise grâce, mais j’avoue que c’est plutôt intéressant.

Le Côté Obscur, c’est donc de la domination. Les résultats sont plus rapides, sont inverses à la patience. C’est pour ça qu’on présente le Côté Obscur comme plus puissant, mais cette puissance n’est qu’un leurre, une illusion. Le Côté Obscur ne permet que donner un raccourci vers la puissance, alors que le Côté Lumineux attend de voir son utilisateur devenir suffisamment responsable pour accepter de le porter.

Les tentations seront nombreuses, et grandes, il faudra y résister au quotidien. Chaque résistance nous renforcera. Nous pourrons être tentés d’utiliser le Côté Obscur. L’Ordre Jedi réfute toute utilisation en temps normal. Nous, c’est un peu différent, dit-elle. Nous devons apprendre à utiliser la Force avec nos méthodes, nos standards, notre vécu, notre expérience. Belee Harik se propose d’être un garde-fou sur une voie lumineuse et vertueuse. Si nous gardons une ligne directrice, ce sera une victoire pour nous, pour la galaxie, et pour l’Ordre. Nous devrons rester en accord avec cette ligne directrice.

Une dernière chose : le Côté Lumineux, c’est le sacrifice de soi pour les autres. Le Côté Obscur, c’est le sacrifice des autres pour soi.

Belee Harik parle alors à Jane, et rappelle ses rapports tendus avec Kodaïss. J’ai un petit pincement au cœur en entendant le nom de mon amie de Dathomir. Jane parle de la prétention et de l’impatience de la Zabrak, qui n’aurait pas pu se libérer du Côté Obscur selon elle. Harik répond en disant qu’elle avait au moins appris que la fin ne justifiait pas les moyens, et que les choses auraient été différentes si Jane ne l’avait pas jugée à l’apparence.

Après la leçon, je retourne à mon atelier. Et je termine enfin mon chef d’œuvre.



Bolter est un droïd astromécano plus intelligent que la moyenne, et plus doué en astrogation que sa programmation initiale le permettait à la base. Malheureusement, ces performances ne sont pas sans conséquences ; d’une part, l’intérieur regorge de composants qui n’étaient pas forcément compatibles à la base, ce qui fait qu’il sera plus difficile de le modifier. D’autre part, cette programmation d’astrogation améliorée a été faite au détriment de ses capacités d’interprétation. En d’autres termes, il sera complètement imperméable au second degré, et prendra à la lettre toutes les paroles qu’il entendra.

Il nous reste quelques heures avant notre sortie de l’hyperespace jusqu’à Refnar. Je flâne à travers les coursives du Jötunn – oui, notre vaisseau géant a désormais un nom – réfléchissant à ce que je devrais faire. Je réfléchis aux paroles de Dame Harik. Si je suis destinée à emprunter le chemin de la Force, il est clair que je suis à la traîne par rapport à mes trois camarades qui ont plus ou moins toujours vécu dans l’optique de ne faire qu’un avec cette énergie. Moi, cela ne fait qu’à peine quelques mois que ma vie a changé.

Je réfléchis donc à ce que je pourrais faire pour évoluer, lorsque j’ai une inspiration. La première chose à faire est donc de sentir la Force… alors je devrais tenter de percevoir les choses différemment, de voir au-delà de ce que mes cinq sens me permettent de distinguer.

Isolée dans ma cabine, je médite. Je respire lentement, je ferme les yeux, et je me concentre sur ce que je perçois. Le noir avec ses myriades de lumière dues à mes paupières baissées, le ronflement des moteurs du Jötunn, le grésillement du tube au néon qui éclaire la pièce. Je ressens alors des choses que… je ne sais pas trop. Je pense qu’inconsciemment, je les sentais déjà, mais c’est la première fois que je sens clairement les choses aussi clairement. Dans mon esprit, tous les objets autour de moi apparaissent dans mon esprit. La peur et la tristesse des événements passés continuent néanmoins de me perturber, et je sens que cette séance a été plus éprouvante que bienfaisante.

Nous arrivons aux abords de Refnar.



Falen nous révèle qu’il y a eu une bataille opposant l’Empire à l’Alliance, et l’Empire aurait gagné. Il pourrait y avoir une vergence du Côté Obscur à purger ? Voilà qui me paraît être une bonne idée, ce qui me permettra d’éviter de rencontrer des membres du Consortium de Zann – j’en profite pour avouer au jeune Humain les déboires que j’ai eus avec ces gens quelques mois plus tôt. Nous allons donc partir en deux groupes, chaque groupe part avec une navette Lambda. Nous avons dissimulé le Jötunn derrière la planète. Jane et Ildriss partent vers la station spatiale du Consortium, tandis que Falen et moi nous dirigeons vers la planète.

Falen nous pose dans une clairière, apparemment, il a les coordonnées d’un lieu précis. Je mène la marche jusqu’à l’endroit en question. Au passage, nous entendons un grand cri qui nous cause une frayeur, tandis qu’une ombre menaçante passe sur nous. Nous nous empressons de nous cacher. Contrairement à ce que je craignais, néanmoins, nous ne sommes pas les proies, cette fois, et nous avons la surprise de voir le spectacle magnifique d’un immense oiseau qui retourne au nid pour donner la becquée à ses « petits » (dont le plus petit doit être aussi grand que moi).



Comme ça fait du bien de voir enfin la vie dans sa plus pure expression, après toutes ces horreurs !



Nous arrivons aux alentours d’une base rebelle abandonnée. La porte à moitié fracassée par un arbre qui a poussé laisse un espace suffisant pour entrer. Il n’y a pas de courant. J’ai ma lampe torche, et Falen son sabre-laser à lame violette. Nous fouillons les premières salles. Je ne trouve pas moyen de trouver du courant, mais j’arrive à trouver trois fusils de soldat de choc (j’en prendrai un et Falen les deux autres), et un bloc de données impérial sur le corps d’un officier que j’analyserai une fois retournés au Jötunn. Mais je ne trouve rien de plus. L’atmosphère tendue finit par me taper sur les nerfs.

Falen se redresse soudain d’un coup et se met à courir. Avant que j’aie le temps de me demander pourquoi, j’entends un petit « bip » électronique à ras du sol, suivi de la violente explosion d’une vieille mine qui me souffle jusqu’au mur. Je me relève péniblement, et utilise un de mes deux stimpacks. Apparemment, cette mine était encore fonctionnelle.

L’explosion a l’air d’avoir remué pas mal de choses. Ordinateurs, armoires, chaises… le mobilier a morflé. Falen m’informe qu’il y a quelque chose de vivant qui s’approcherait par l’entrée. Je sors mon blaster, en le réglant sur « paralysant ». Falen passe devant, son sabre-laser brandi, alors que je reste en arrière, dans l’obscurité. Un bruit de respiration animale assez violent retentit, ainsi que des claquements. C’est une sorte de créature insecte grande comme nous, sans doute attirée par le boucan de l’explosion.



Elle n’a pas l’air hostile, mais a les pinces levées. L’Humain range son sabre-laser, et me fait signe de rester en arrière. « N’interviens que si elle me blesse ». Il lève la main, avance très lentement… la créature ne réagit pas. Falen va poser sa main sur une de ses pattes, elle recule en sifflant. Je manque de tirer par réflexe, mais heureusement j’arrive à me retenir. Falen recule lentement. La créature tourne sur elle-même, puis se pose.

Je pense « que dirait Dame Harik dans cette situation ? » Je me mets en tailleur, et je parviens à ressentir pleinement la créature. Son calme, ses motivations instinctives. Je sens à travers la Force qu’elle a son nid qui n’est pas loin, et qu’elle cherche à protéger ses petits. Je murmure à Falen : « Cette bestiole souhaite juste protéger sa progéniture. » Le jeune Humain s’installe à côté de moi, et va tenter de s’installer dans la connexion que je suis en train de maintenir.

Nous restons ainsi un long moment. Soudain, l’insecte se redresse avec un crissement stressé, et tourne la tête vers l’arrière, irritée par quelque chose qui arrive par l’extérieur. La bête va finalement quitter sa place, ce qui nous laisse la voie libre. J’en profite pour sortir calmement, toujours blaster en main. L’insecte géant ne réagit pas. En revanche, quand Falen passe, la créature pousse un sifflement, et le jeune homme allume nerveusement son sabre-laser. Cela irrite davantage l’insecte qui siffle plus fort. Falen court alors vers le côté, dans la direction de trois silhouettes qui viennent vers nous : Ildriss, Jane et Morossk (avec ses nouveaux yeux cybernétiques, j’ai failli ne pas le reconnaître).

Ildriss et Jane nous invitent à repartir vers notre navette – la leur s’est crashée. En fait, la négociation avec le Consortium de Zann s’est bien passée, mais une patrouille de la Sororité Voilée est venue compliquer les choses ! La Sororité a détruit la base du Consortium. C’est plutôt inquiétant de savoir que ces criminels nous ont retrouvés ! Nous retournons au plus vite sur le Jötunn.

Jane installe Morossk dans une cabine, nous mettons dans l’armurerie les trois fusils lasers, et je vais dans ma cabine pour analyser le bloc de données trouvé sur le corps de l’Impérial. Je fais appel à Bolter pour récupérer les données. Il contient énormément d’informations sur des rapports de batailles. L’officier qui a rédigé ces rapports était sous la responsabilité du Seigneur Vador – oups ! Il y a quelques pages de rapport, notamment un entraînement très difficile pour lui et ses troupes sur une planète de la Bordure Extérieure, sur le thème de la Terreur. La qualité de cet entraînement y est pour beaucoup dans la réussite de leurs actions à venir. Une dernière phrase conclut le rapport : « Malgré tout, j’espère ne jamais revoir Mustafar… »

Mustafar… Cette fameuse planète est donc le cadre d’un entraînement spécial ? Hum, ça ne me dit absolument rien, mais peut-être que Dame Harik en saura plus ? Il faudrait que je l’interroge.

Je rassemble tout le monde, Morossk et Dame Harik compris, et je montre le bloc de données, avec le nom de Mustafar. D’après Dame Harik, il y avait une base des Séparatistes sur cette planète. Sans doute un endroit farci au Côté Obscur, où les vergences doivent proliférer. On ne va peut-être pas s’y précipiter…

Notre prochain voyage sera probablement en direction de Tython, mais ça reste à voir. En effet, le Jötunn va être particulièrement gourmand en ressources, il va falloir trouver une source stable et régulière de revenus pour pouvoir l’alimenter, au moins ce qu’il faut pour le faire aller d’une planète à l’autre sans tomber en panne sèche.

En attendant, Dame Harik nous fait continuer notre entraînement. Cela concerne principalement la méditation, le contrôle de soi. Je lui parle alors de mes dernières expériences : mon premier contact dans ma cabine, l’émerveillement face à l’oiseau géant, la tentative de communication avec la créature-insecte… Tout ceci laisse à penser à Dame Harik que ce sont les signes d’une affinité avec la Détection, le moyen que les Jedi ont de percevoir le monde qui les entoure. Dame Harik m’enseigne les bases.

La nuit a porté conseil, et nous avons à présent un cap où nous rendre. En effet, Ildriss a eu des visions, qui lui ont donné une idée pour obtenir des revenus. Dans cette vision, elle a vu un vaisseau s’écraser sur la planète Dathomir. Elle a vu ensuite une personne extraire de l’épave des cristaux. Elle a également vu ces mêmes cristaux se faire charger d’énergie par un rituel exécuté par les Sœurs de la Nuit. Puis un autre homme s’est rendu sur Toydaria, et a donné ces cristaux à des habitants locaux. La meilleure piste à suivre passe par la planète des Toydariens.

Les Toydariens sont des petites créatures ailées, sans histoire, à ceci près qu’ils seraient insensibles aux influences psychiques de la Force. Certes, la télékinésie ou les éclairs peuvent les ennuyer autant que moi, mais les pouvoirs de déviation de l’esprit sont inefficaces contre eux. Voilà qui pourrait être pratique pour tripatouiller des cristaux farcis au Côté Obscur sans danger.



Toydaria est une planète dans l’espace Hutt. Deux Clans Hutts se disputent le contrôle de cette planète. Parallèlement, l’Empire essaie de tout contrôler sans partage. Les Hutts sont des individus puissants et dangereux, et nous sommes ici sur leur territoire, ce n’est donc pas gagné pour les Hommes en Blanc d’imposer leurs lois.

La société des Hutts est organisée en Clans. Deux Clans se disputent l’occupation de Toydaria : le Clan Gorensla et le Clan Desilijic. Mes quelques maigres connaissances du milieu me rappellent que sur Toydaria, le Clan Desilijic est représenté par Korinha.

Je me souviens aussi qu’on avait eu affaire à un Hutt du nom de Zordo. Il faisait partie du Clan Besadii, qui n’a heureusement pas de représentant influent. Par ailleurs, on n’a plus de nouvelles de Zordo depuis sa « tragique disparition » dans l’explosion de sa base dans l’orbite de la planète Duro.

Nous allons descendre sur Toydaria à bord du Stingray. Dame Harik et Morossk restent sur le Jötunn, et j’emmène Bolter, que je laisserai sur le Stingray.

Je profite du calcul des données d’astrogation pour télécharger les dernières mises à jour des cartes du secteur. Un pop-up s’affiche alors : « Attention, collecteurs d’artefacts ! La boutique Walisi vous annonce qu’une vente aux enchères aura lieu très prochainement ! » On voit une statuette nommée « L’Espoir Tragique », un buste de personnage tenant au-dessus de sa tête une pierre cristalline. Ildriss fronce les sourcils ; la pierre qui surplombe cette sculpture ressemble à un des cristaux qu’elle a vus dans sa vision. Ah, pour une fois, nous avons de la chance !

La boutique de Walisi est dans la ville de Riar, dans le secteur du Clan Gorensla. Riar est la deuxième plus grosse ville de la planète, après la capitale, Toydor.

C’est l’Empire qui nous invite à décliner notre identité. Jane répond, en parlant de la vente aux enchères, et nous pouvons atterrir dans une ville bâtie au milieu de collines marécageuses.



De nombreux vaisseaux vont et viennent comme de furieux insectes, mais toutes les voies de vaisseaux sont presque réglées au millimètre et les pilotes respectent la signalisation et l’organisation de la circulation dans un superbe ballet.

On distingue six collines, chacune soutenant un bâtiment. Une voix nous parle alors dans la radio, et nous détaille les prix des frais d’atterrissage. Nous optons pour la formule économique à 90 crédits par jour. Nous nous posons sur une plate-forme à mi-chemin entre le marais et le sommet de la colline. Des traces vertes sur les murs laissent à penser qu’il peut arriver que la gadoue du marécage peut monter jusqu’aux trains d’atterrissage.



Une femme Toydarienne, Ner Henol, volette dans notre direction pour les formalités. Jane lui donne un créditube d’argent pour payer le premier jour, et nous quittons l’astroport pour trouver le magasin. Nous apprenons que c’est un magasin « mouvant », apparemment, plus précisément une galerie d’art.

Ildriss tente de repérer les cristaux avec la Force, mais ne ressent rien. Falen se renseigne. De fil en aiguille, nos recherches nous font aboutir jusqu’à un magasin dont la porte d’entrée située à trois mètres de hauteur du sol est spécifiquement percée pour les Toydariens. La porte est cependant condamnée. Les riverains nous apprennent qu’un éboulement survenu il y a plusieurs semaines a fait fermer cette boutique, qui était une plaque tournante de plusieurs trafics.

Ildriss grimpe péniblement jusqu’à l’ouverture, et essaie de déblayer l’entrée bouchée. Falen reste prêt à la rattraper si elle tombe. De mon côté, je monte la garde, on ne sait jamais. Au fur et à mesure qu’Ildriss déblaie et fait descendre les débris, nous les rassemblons proprement de manière à ne pas laisser un tas de détritus qui attirerait le regard.

Ildriss s’engouffre dans le passage. Quelques minutes plus tard, elle ressort, et nous explique que le tunnel mène à une « sorte de lourde porte industrielle ». Nous montons à notre tour jusqu’à l’ouverture, nous franchissons un tunnel qui nous oblige à passer à quatre pattes (la taille des Toydariens). Nous arrivons jusqu’à la porte. J’arrive à la crocheter, non sans faire pas mal de bruits.

Nous arrivons dans une grande cavité souterraine où se croisent de nombreux passages à l’identique du tunnel que nous avons emprunté. Ildriss va pour sauter à l’un des tunnels au hasard en hauteur. Quelques minutes plus tard, encore, elle revient et nous aide à monter. Au passage, je m’écorche cependant les mains, la montée est plus dure que prévu.

Nous arrivons devant une grande porte rouge très bien décorée, à notre taille, avec un digicode. J’arrive à le trafiquer, mais j’ai du mal. C’est un système de haute qualité, le genre solide avec lequel on ne rigole pas. Encore une fois, je fais pas mal de boucan. La porte ne s’ouvre pas automatiquement. Ildriss se met sur le côté pour la tirer. Falen se met de l’autre côté, et tire aussi. La porte s’ouvre légèrement, puis d’un coup elle se débloque, et les deux tombent. La porte s’ouvre dans un grand fracas, et des petits droïds sphériques sortent de l’ouverture.

Ce sont des droïds ménagers, armés de plumeaux et d’outils d’entretien. Ils n’ont pas l’air enchantés de nous voir, et tentent de nous repousser avec hostilité. Ildriss franchit cependant ce cordon de sécurité improvisé, et s’annonce : « excusez-moi, nous souhaiterions parler à quelqu’un en charge de ce magnifique trésor ? »



Un droïd de protocole argenté, RT-3PO, arrête les droïds. J’en profite pour admirer un peu les lieux. Nous sommes au milieu d’une véritable galerie d’art, avec de nombreuses pièces de collection sous vitrine autour de nous. RT-3PO nous prie alors de partir. Quand Ildriss lui demande de rencontrer son propriétaire, il répond que ce dernier a été « enlevé par d’ignobles brutes ». Jane négocie alors auprès du robot l’endroit où il serait enfermé. RT-3PO nous explique que les ravisseurs de Walisi ont également saisi la pièce maîtresse de sa collection, « L’Espoir Tragique » Évidemment…  RT-3PO n’a pas pu en voir plus, ayant été désactivé dès le début de l’enlèvement. Jane obtient de lui l’accès au bureau. Le droïd a l’air confiant, mais il ne souhaite pas qu’on fasse état de son enlèvement auprès des autorités locales.

Ildriss se met en tailleur au milieu de la salle des collections pour méditer et y voir plus clair. De mon côté, je trouve sur le bureau de Walisi son ordinateur. J’arrive à pénétrer le système pour voir les dernières images du système de sécurité. En moins de quinze minutes, un bataillon entier de près d’une trentaine de personnes est arrivé, a neutralisé RT-3PO, puis fracassé le socle de la statue, enlevé Walisi, et pété la caméra.

Je constate en regardant mieux le programme et les images que Walisi porte un bracelet de localisation sur lui, mais ce système n’est pas allumé de son côté. J’arrive cependant à programmer une petite application pour capter le signal de la balise de détresse si elle était rallumée à partir de maintenant, et le faire apparaître sur mon bloc de données. Pendant cette opération, je sens que mon cerveau carbure à une allure surnaturelle, comme s’il était aidé par mon intuition. Hum, une utilisation de la Force ? Si c’est le cas, elle n’était pas teintée de sensation désagréable.

Falen, de son côté, repère un logo sur les vêtements des attaquants : trois hexagones rassemblés en triangle. Pas moyen de savoir ce que ça représente. Un gang, une mégacorporation, un groupe de mercenaires… faut songer à tout. Ils sont entrés par un grand tunnel au fond duquel attend une plate-forme montée sur rail. C’est l’entrée de service de sa galerie, donc. Et en face, il y a l’enseigne d’un magasin de speeders.

Il est peut-être temps de faire une enquête de voisinage. Le concessionnaire du magasin confirme que, quelques jours plus tôt, un grand véhicule portant le logo de « boîtes blanches disposées en triangle » a débarqué, des mercenaires en sont descendus, puis ils sont repartis un quart d’heure plus tard. Lui s’était caché, ne voulant pas avoir d’ennuis.

Avec quelques recherches sur mon bloc de données, j’apprends enfin que ce logo représente un groupe de mercenaires, les « Mercenaires de Wrecker ». Je n’apprendrai cependant rien de plus.

Falen trouve quelqu’un pour lui vendre des informations sur les Mercenaires de Wrecker, en échange de quatre cents crédits. Je mets les vingt-cinq crédits qui me restent sur la table. Falen et Jane mettent la main à la poche et nous rassemblons cette somme.

Ces mercenaires sont plutôt connus. La plus grosse partie de leur équipe est stationnée sur la zone industrielle, dans la « Fonderie Royale ». Malheureusement, pour avoir accès à un tel emplacement, ils ont probablement des accointances avec la Famille Royale de Toydaria.

Une autre question s’impose à nous : pourquoi avoir enlevé Walisi ? Pourquoi ne pas lui avoir simplement confisqué la statue, ou abattu ? Qu’est-ce qu’il peut bien avoir que les Mercenaires de Wrecker veulent ?

Nous allons faire des recherches. Les Mercenaires de Wrecker embêtent pas mal l’administration impériale, et parfois les représentants de la loi Toydarienne elle-même, mais ils n’ont jamais été véritablement neutralisés par le gouvernement. Les peines de prison à leur encontre sont rates et indulgentes. Je pense que la famille royale est une clientèle régulière de ces mercenaires, quand il y a du sale boulot à effectuer, le genre de boulot qui ferait tache sur un gouvernement si c’était officiel.

Quelques temps plus tard, nous voilà arrivés au secteur de la Fonderie Royale. C’est le plus gros bâtiment du secteur industriel. C’est un complexe construit sur trois zones, assez ancien, entouré par une structure de murs en pierre agrémentés de grillages. Une bonne douzaine de bâtiments avec deux grandes cheminées constituent l’une des trois zones, sans doute celle de la fonderie de métal elle-même. Les autres secteurs ont l’air d’être plutôt des zones de stockage et les bureaux. Dans tous les cas, il est plutôt évident que cette fonderie est désaffectée depuis des années.

Falen repère grâce à la Force deux formes de vie derrière le grillage. Il va falloir jouer serré ! Les options sont cependant limitées, nous décidons d’y aller à la manière « marchandage ». Nous approchons de l’entrée, et voyons effectivement deux gardes Toydariens. Jane entame le dialogue. Elle nous fait passer pour des clients potentiels.

Les deux gardes préviennent par radio, et nous invitent à entrer. Un Humain accompagné de deux Toydariens viennent nous chercher. Nous approchons d’un entrepôt, d’où sortent des éclats de voix aux accents variés. L’entrepôt est immense, et rempli de matériel industriel. Là encore, des mercenaires vaquent à leurs occupations : musculation, entraînement à la lutte, au tir. Notre guide nous amène vers une énorme machine très bruyante, une plieuse de métaux. Je me rends compte en l’approchant qu’elle est entretenue n’importe comment. Il y a moyen d’améliorer son rendement de manière significative. Je garde cette information dans un coin de ma tête.

La machine fait sortir une structure de métal, structure qui représente vaguement les hexagones en triangle. En tout cas, c’est l’effet recherché, mais c’est complètement foiré. Ce qui ne m’étonne pas.

Un Toydarien, un officier avec de nombreux galons sur la veste, flanque un coup de pied dans la machine. Puis il se tourne vers nous. Il se présente : Wrecker, seigneur mercenaire.



Jane lance la négociation. Elle demande les services des Toydariens pour libérer Walisi. Elle n’y va pas par quatre chemins ! Wrecker est aussi direct. D’abord, il refuse de parler, à cause de « conflits d’intérêt » par rapport à son précédent employeur. Ensuite, il confesse qu’il a enlevé Walisi et la statue pour vingt-cinq mille crédits. Il accepte de dire le nom du commanditaire en échange de ces deux mille crédits.

Ildriss oriente la conversation vers l’activité de la fonderie. Wrecker peste sur le matériel. Alors, je mets mon grain de sel dans la conversation : pendant cinq bonnes minutes, je détaille au Toydarien tout ce qu’il pourrait faire pour améliorer le rendement de l’appareil. En échange de l’information à deux mille crédits, je répare la machine. Comme je m’y attendais, elle fonctionne merveilleusement bien. Wrecker tente de balancer dedans l’ancien mécanicien. La chute du pauvre type est curieusement déviée au loin, comme si une force invisible l’avait poussé dans une autre direction.

Wrecker est un homme de parole, néanmoins. Il nous explique qu’il a transporté la « cargaison » à la Villa des Barons Marchands. Cette villa se trouve à la Région des Lacs.

On retourne à l’astroport. L’activité de la ville bat son plein, alors que la soirée commence. Avant de décider quoi faire, cependant, nous réussissons à mettre la main sur Ner Henol. Elle nous indique où est la Villa des Barons Marchands. C’est juste à la sortie de la ville.

Jane négocie âprement une course auprès du premier chauffeur de taxi venu, qui nous largue devant une zone résidentielle en périphérie de Riar. Le décorum est sensiblement plus riche que la ville « ordinaire » que nous avons laissée derrière nous.

Une descendus du taxi, Ildriss s’assoit sur un carré d’herbe, et se met à méditer pour percevoir le cristal. Elle reste ainsi quelques instants. Malheureusement, sa recherche s’avère vaine. Nous allons devoir trouver la Villa des Barons Marchands d’une manière plus conventionnelle, ce qui s’avère un peu délicat, étant donné qu’il s’agit d’un quartier résidentiel où les villas sont immenses.

Jane se concentre à son tour, et nous invite à la suivre. Quatre pâtés de maisons plus loin, elle nous arrête devant la grille d’une grande propriété qu’elle pense être la bonne. Elle nous montre l’interphone, ainsi que deux senseurs sur les deux tours de part et d’autre du portail.

Ildriss bondit vers l’un des senseurs sur l’un des murs, et nous indique un angle mort où nous pourrons passer sans le faire sonner. Nous montons l’un après l’autre. Jane a malheureusement mal calculé un de ses pas, et est passée dans le champ d’action du senseur, imitée par Falen. De mon côté, j’y parviens, mais j’ai du mal, et je suis un peu à la traîne. Pour descendre de l’autre côté du mur, ce n’est pas mieux. Alors que je suis au pied du mur, un droïd-sonde vole vers moi, me met dans le faisceau de son projecteur, et me somme de me rendre.



Je me jette dans un buisson, et envoie un caillou dans une direction opposée. Le droïd de sécurité a l’air perplexe, ce qui nous permet, à mes camarades et moi-même, de filer vers le manoir.

Aux abords de la maison, je réalise que le droïd a sans doute envoyé les images au poste de sécurité. On est probablement grillés, déjà… Tant pis, il est trop tard pour s’en faire. Devant nous se trouve une grande piste d’atterrissage circulaire, avec encore deux tours qui encadrent une entrée vers le bâtiment principal.

Nous faisons le tour de la piste par le nord, pour approcher du bâtiment. Ce manoir est essentiellement composé de verrières.



Falen est un peu nerveux et nous retarde, mais nous arrivons tout de même jusqu’aux abords du bâtiment. Les ailes secondaires du bâtiment sont moins grandes, et n’ont que deux étages. Nous grimpons au premier par l’escalier extérieur.

Nous errons le long de couloirs sombres, prêts à nous cacher au moindre mouvement. Au bout du couloir principal, nous voyons un ascenseur. Il ne permet que de descendre au rez-de-chaussée. L’ascenseur descend de manière très fluide. Au passage, Ildriss donne à Jane un passe magnétique qu’elle a dégotté tantôt.

L’ascenseur s’ouvre sur un immense couloir tout droit, deux cent cinquante mètres de long pour trente de large et vingt de hauteur, très vivement éclairé, avec des alcôves jumelées de part et d’autre. Et une multitude d’œuvres d’art s’offre à nous dans les alcôves. Nous commençons à progresser, mais déjà, j’éternue un grand coup. Ildriss se tourne pour me réprimander, mais elle heurte dans son mouvement un vase qui se fracasse au sol.

Quatre droïds de sécurité débarquent alors d’une petite trappe au plafond, deux sur le côté gauche du couloir et deux sur le côté droit. Ildriss se précipite vers l’ascenseur. Les hostilités commencent !

L’un des droïds déploie un petit filet vers Ildriss. Elle a le réflexe de dégainer son sabre-laser et de trancher le filet avant qu’il ne l’emberlificote. Je me précipite sur l’un des autres droïds pour tenter de le reprogrammer en vitesse ; hélas, il résiste, et m’envoie un tir de blaster bien cinglant ! Jane lance la Force, mais semble hésiter grandement, avant de finalement tendre les doigts vers l’un des droïds. Ildriss se précipite en avant, et coupe en deux le droïd d’un bon coup de sabre-laser. Emportée par le feu de l’action, je sors mon blaster et tente d’abattre le droïd qui est près de Falen. Mon tir le frôle, mais ça le déstabilise suffisamment pour que le coup suivant le démolisse.

Les deux autres droïds ne font pas le poids ! Encore que Falen doit encaisser quelques tirs. Et on remarque que l’un des droïds a déployé son antenne avant d’exploser. Je m’empresse de déboulonner rapidement l’un des autres pour récupérer son émetteur, repérer la fréquence, et envoyer un contre-ordre comme quoi le danger a été neutralisé. Par contre, pendant mon bricolage, je constate que des caméras ont filmé toute la scène. Falen s’administre un stimpack pendant que les deux autres femmes méditent pour trouver le cristal.

Manifestement, elles n’arrivent pas à trouver quelque chose. Alors, je repense à Dame Harik, et je tente d’écouter la Force. Faisant fi du stress du au combat, je ferme les yeux, je me concentre en déambulant lentement… et je sens quelque chose. En passant près d’une statue représentant un Toydarien, je sens qu’il y a quelque chose. Une forme de vie en dessous, et une sensation de malaise me soulève le cœur.

Jane repère un mécanisme, sous le chapeau du Toydarien. Je n’arrive pas à le reprogrammer. Mais je constate qu’il y a des traces par terre, comme si quelque chose de lourd avait raclé le sol au pied de la statue. Elle doit pouvoir coulisser. Cette fois, Falen en a assez. Il parle de casser tout, mais se résout à tenter la manière douce avant. Il essaie à son tour de trafiquer le mécanisme, et y parvient ! Toute la structure autour de la statue se soulève. C’est un énorme cube d’une dizaine de mètres d’arête qui sort ainsi du sol dans un grand silence, sous la statue, révélant un spectacle incroyable.

Dans le cube de verre, il y a plusieurs appareils ressemblant à des sarcophages. Chaque sarcophage contient un être vivant, Humain ou Toydarien, avec un droïd médical à côté. Et près du mur nord, il y a un promontoire sur lequel se trouve une cloche de verre avec le cristal que nous cherchons. Je n’ai aucun mal à trafiquer le digicode, et la porte s’ouvre. Jane repère Walisi. Il a l’air salement blessé !



C’est alors que quatre droïds de sécurité de l’Empire avancent vers nous, l’air menaçants. Hé, mais qu’est-ce qu’ils font là ? Ildriss se précipite vers le cristal et l’attrape en le prenant dans les plis de sa cape. Soudain, pendant un instant, j’ai l’impression que quelque chose tente de pénétrer mon propre esprit. La Zabrak repose alors le cristal. Cela ne diminue pas pour autant cette présence dérangeante.

Sans transition, une énorme explosion résonne au loin, au niveau de l’entrée du grand hall, puis une pluie de tirs de blasters sort de la fumée. Des Weequays !



Qu’est-ce qu’ils foutent là ? Les droïds de sécurité semblent tout aussi décontenancés.

C’est à la suite d’une sacrée pagaille que nous embarquons le sarcophage avec Walisi dedans. Jane pousse le droïd médical qui s’y oppose, et Ildriss pousse le sarcophage. Je règle mon blaster sur la fonction « paralyser », et défouraille en direction des Weequays. Mon premier tir envoie valser sur le tapis l’un des mercenaires, mais j’ai un point de côté, et le souffle un peu court. Falen hurle : « arrêtez, ces mercenaires viennent sauver quelqu’un ! » Un peu tard pour changer d’avis…

Les tirs volent dans tous les sens. Un étrange personnage tout cybernétisé de partout arrive de derrière les mercenaires.



Il hurle dans notre direction : « Vous avez Walisi ? » J’ai le réflexe de répondre : « Non ! » Ildriss répond « Oui ! ». « Rendez-nous Walisi ! » « Non ! » je réponds à nouveau. Jane donne rendez-vous dehors à ce gars avant de sortir par une porte latérale, derrière Ildriss. Mais Falen reste sur place. Il crie : « on ne peut pas abandonner les autres ! » Je sens que je vais le regretter, mais je suis d’accord avec lui. Tout ceci est une forme d’esclavage ! Et puis, je n’ai pas confiance en ce gros mastodonte chromé. Je me range à ses côtés.

Plusieurs speeders se lancent à la poursuite de Jane et Ildriss. Je sens que ça va être sportif ! Les Weequays finissent de démolir les droïds. Falen bombe alors le torse, et leur ordonne de l’aider à sortir autant de sarcophages que possible. Le chef l’envoie promener. Moi, je me sens pousser des ailes. Est-ce la Force ? Toujours est-il que je décide de faire ce que ce minable refuse. Je commence à pousser l’un des sarcophages. Les droïds médicaux approchent, et veulent me faire sortir. J’ai alors une idée que j’estime géniale : j’arrive à me souvenir d’une commande automatique immédiate sur ce modèle de droïd en particulier pour obtenir leur obéissance immédiate, puis je leur ordonne d’évacuer les blessés dans les sarcophages.

Et ça marche ! Les droïds sont convaincus que je suis le Ministre de la Santé en personne, et obéissent sans discuter. Ils se rassemblent autour des sarcophages, les emmènent hors du cube… en direction des mercenaires Weequays. MAIS C’EST PAS VRAI ! Alors que Falen se met à l’abri, je crie de toutes mes forces sur les droïds pour les convaincre de sortir par l’issue juste au nord, en prétextant que « la navette de secours est dehors ».

Les Weequays se font canarder par des speeders. Quoi ? Ces gars dans les speeders ne font pas partie de la même faction que les Weequays ? Mais alors qui est en train de courser Jane et Ildriss ? Quoi qu’il en soit, Falen invite le chef des mercenaires Weequays à nous suivre. Nous courons dans la direction de la grille, suivis par les Weequays d’une part, et par ces individus non-identifiés hostiles en speeder d’autre part. Dehors, ce n’est qu’un chaos indescriptible d’explosions, de cris de moteur, de rayons laser, de grondement de réacteur… Et aucune trace de nos compagnonnes, ni de notre précieuse cargaison.

Alors que nous approchons de la grille d’entrée, nous voyons alors une très étrange silhouette :



C'est une femme portant un masque complètement lisse, avec un manteau sombre, dont une impression très malsaine émane de chaque pore de sa peau. Elle nous dit d’une voix terrible : « Fuyez si vous voulez, mais laissez-les là. Ce sont des témoins gênants, et je ne peux pas les laisser en vie. » Je feins alors d’avoir mal entendu : « Vous avez envie de les laisser ? D’accord, on vous en débarrasse ! » Et donc, on continue de courir.

Cette femme tend alors le bras, et arrive quelque chose que je n’avais jamais vu. Et très sincèrement, j’espère ne jamais le revoir un jour.

Un torrent d’éclairs bleutés jaillit de ses doigts, et frappe simultanément tous les caissons. Et tous les appareils grillent l’un après l’autre en quelque secondes ! Je devine à l’intérieur tous les prisonniers qui meurent en moins d’une minute, dans des souffrances que j’imagine démesurées.

Sans mot dire, la femme masquée retourne lentement vers une navette stationnée un peu plus loin.

Je me tourne alors vers Falen, et lui demande, une envie de me battre dans le regard : « Falen, on ne va pas laisser filer un tel monstre ? » Pour toute réponse, le jeune Humain m’attrape par le col et me tire vers la sortie. Nous franchissons la grille, qui a été défoncée je ne sais comment. Derrière nous courent les mercenaires Weequays. Et de l’autre côté, à l’extérieur du périmètre du manoir, Jane et Ildriss nous attendent, avec le caisson contenant Walisi.

Jane demande : « où est-ce que vous étiez ? » Je réponds : « On a tenté de sauver des vies, c’est assez Jedi, non ? » Je me penche vers Walisi, qui a l’air vraiment très mal en point. Les voyants du panneau de contrôle de son caisson clignotent comme une guirlande du jour de la Fête de la Vie. Je me concentre de toutes mes forces et utilise le dernier stimpack que j’ai sur moi pour lui permettre de survivre.

Le chef des mercenaires Weequays me sourit le plus amicalement qu’il peut, et me donne une grande tape sur l’épaule.

« Vous avez les salutations d’Irrica la Hutt. » Jane se rappelle qu’elle appartient au Clan Gorensla, le Clan le plus gros du secteur.

Falen est à genoux devant les sarcophages, devenus des cercueils. Je sens toute la douleur du monde crisper son visage. Nous évacuons vite la zone, les services de sécurité de Toydaria pourraient venir nous chercher.

Une demi-heure plus tard, nous sommes sur une jetée, en bordure du quartier commerçant. Falen, Jane, Ildriss et moi-même nous éloignons des mercenaires et du caisson contenant encore le Toydarien. Il est en effet temps de mettre les choses au point.

Très calmement, sans animosité, Falen parle :

« Jane, je comprends votre position et cette décision de reprendre votre sabre. Cependant, j’ai agi pour sauver des vies, car chacune me semble importante. Vous avez concentré l’effort sur le sauvetage de Walisi et c’est tout à fait louable, d’autant qu’il pourrait apporter des informations concernant le cristal. Mais je pense que nous avons un pouvoir qui implique des responsabilités. La responsabilité de sauver ceux qui sont sans défense. J’ai vu mes camarades mourir alors que je n’étais encore qu’un enfant au sein du Temple Jedi. J’ai vu des clones et anciens Jedi massacrer mes camarades sous mes yeux, sans pouvoir rien faire car je n’étais pas assez fort. J’ai entendu leurs hurlements alors qu’Anakin Skywalker les massacrait. Je me suis juré que, plus jamais, je ne laisserai qui que ce soit mourir si j’ai la possibilité de le sauver. C’est pour cela que je ne vous ai pas suivi et ai essayé de sauver les prisonniers de ces sarcophages. Et j’ai constaté une nouvelle fois que je n’étais pas encore suffisamment apte à sauver autant de vies que je le souhaite. Je ne sais pas si les choses auraient pu tourner autrement. Mais je sais que si je les avais abandonnés, je n’aurais pas pu me regarder en face, ensuite. De la même manière que je me suis jeté sur le droïd pour couvrir Ildriss et que j’ai attiré l’attention des autres pour vous éviter d’être attaqués, il me semblait être de mon devoir de tenter de sauver ces prisonniers et de soutenir la retraite des mercenaires. J’ai conscience du fait que vous avez fait face à un terrible péril en affrontant cette femme à vous deux. Et je comprends tout à fait que vous vouliez me retirer ce sabre suite à cela. Mais comprenez qu’il m’est impossible d’abandonner qui que ce soit si j’ai la possibilité de lui venir en aide. »

« Je n’attends pas de vous que vous me pardonniez, mais simplement que vous compreniez ma position, ma volonté et mon intention. Et je vous présente mes excuses pour vous avoir mises en danger. »

Il lui rend gravement le sabre-laser qu’elle lui avait prêté. Et celle-ci répond :

« J’ai de la compassion pour vous et Nu-Ada, au vu de vos erreurs respectives. Si j’ai bien suivi vous avez voulu extraire au milieu d’une bataille des gens qui n’était la cible d’aucun conflit et d’aucun rapport de force et en les sortant de leur salle où ils étaient en sécurité à l’instant T, maintenus en vie par leur sarcophage, Ils sont devenu témoins de ces conflits et en sont tous morts. Nous étions là suite à une vision d’Ildriss sur ce cristal, en faisant confiance à la force. Faire confiance à la force c’était protéger ce cristal, et comprendre pourquoi il apparaissait dans les visions de notre amie Zabrak. Nous n’avons pu le faire car vous tous avez choisi une voie qui a mis en péril cela, en vous basant non pas sur les intuitions de la Force, mais sur votre orgueil quitte à mettre en danger les gens que vous vouliez sauver, et vos compagnons. En repoussant les assauts de ce groupe et de cette femme, nous avions une chance de les sauver, car la situation serait devenue plus calme. Vous n’avez pas fait confiance à la Force et à ce qu’elle nous indiquait dans la vision d’Ildriss, et vos sentiments personnels sont passés avant. Puissiez-vous progresser et comprendre cela. »

J’adore cette façon qu’a Jane de confondre compassion et condescendance. Des gens en sécurité ? Prisonniers dans un endroit secret, maintenus en stase avec un cristal manifestement farci de choses pas très jolies, si l’on en croit les faits comme quoi une femme Sith a tout fait pour s’en emparer. D’autre part, elle a exécuté ces prisonniers car ils étaient des « témoins gênants ». Elle était donc venue dans l’idée de les éliminer, ce qu’elle aurait fait avec ou sans notre intervention, elle les aurait trouvés. Et, naturellement, nous n’avons fait que des « erreurs ». Cette fois, c’en est trop. Je croise les bras, et je campe fermement sur mes pieds.

« La Force ne m’a montré aucune vision qui aurait pu influencer mon jugement. Par contre, mon cœur a hurlé que je ne pouvais pas abandonner Falen d’une part, la personne qui me fait le plus confiance dans ce groupe, et ces prisonniers soumis à des tortures épouvantables d’autre part. Et je crois que ma seule erreur est de continuer à suivre une personne qui prétend faire confiance à la Force, et est capable de faire preuve d’une telle froideur. »

« La seule façon que je vois de progresser, c’est de m’éloigner de vous, Jane. Je l’ai compris depuis longtemps, je ne le reconnais que maintenant, mais mieux vaut tard que jamais. J’en ai assez de votre aptitude à charger les autres de culpabilité tout en vous déresponsabilisant des dégâts que vous provoquez. J’en ai plus que marre de supporter votre sècheresse de cœur, qui vous pousse à rejeter les personnes qui ont vraiment envie de progresser, abandonner les prisonniers innocents, uniquement pour alimenter votre fierté personnelle. Ce n’est pas comme ça que je vois la façon de suivre la voie de la Force. Et sans doute pas comme ça que le Conseil des Jedi de Falen l’aurait enseigné ! Moi, je ne veux plus me battre avec vous. Je repars à l’antenne de l’Alliance la plus proche, j’aurais moins l’impression de collaborer avec des machines de guerre ! »

Je regarde alors Falen.

« Si Falen veut me suivre, il est le bienvenu. »

Puis la chasseresse Zabrak.

« Si Ildriss veut me suivre, je l’accepterai. »

Et enfin, je soutiens le regard plus cynique que jamais de la Disciple de Niman.

« Par contre, je ne veux plus jamais vous voir, à moins que vous ne m’apportiez une preuve sérieuse de remise en question, et que vous ne cessiez de vous considérer comme une héroïne exemplaire, ce que vous n’êtes pas. »

Falen fait une petite moue, et répond calmement :

« Je suis désolé Nu-Ada mais je n’ai pas changé ma position concernant l’Alliance rebelle : je ne collaborerai pas avec eux, ni ne les rejoindrai. Je comprends votre volonté de travailler avec eux mais je ne partage pas cette inclinaison. Les Jedi ont servi la République, autrefois, ils en étaient devenus le bras armé, et la République est devenue l’actuel Empire galactique, non sans éliminer la grande majorité de l’Ordre. Les erreurs du passé permettent d’apprendre, non pas de les réitérer. Vous êtes libre de vos choix et, si vous souhaitez continuer à servir auprès de l’Alliance, je ne vous en empêcherai pas. En revanche, je ne les rejoindrai pas. »

Il conclut avec un sourire amical. De son côté, Jane déclare tout aussi simplement :

« Ne vous inquiétez pas, Nu-Ada, si un jour vous voulez de l’aide pour ne pas aller vers le Côté Obscur, qui visiblement est le chemin que vous prenez, je serai là pour vous aider à en sortir. »

Sans doute à grands coups de menton, de menaces et de sabre-laser… Je n’ai même plus envie de répondre. Cette Twi’lek de malheur ne le mérite pas.

Je repars donc vers le Stingray, récupère Bolter, et envoie un message à l’Alliance pour qu’ils viennent me chercher. Je suis fatiguée de me faire ballotter dans tous les sens et d’être celle sur qui toutes les fautes sont perpétuellement balancées par des personnes d’aussi mauvaise foi. Je compte sur le capitaine Schmidyo pour me réaffecter auprès de personnes ayant de vrais idéaux, et pas un pseudo-professionnalisme qui n’est que le vernis d’un bloc de cynisme concentré.

Je ne sais pas ce que je vais devenir. Je pense que le combat de l’Alliance est suffisamment étendu pour que je trouve un autre endroit où trouver vraiment ma place. Je pense me renseigner sur la condition actuelle sur Dathomir… Peut-être qu’il y a moyen d’aider certains autochtones plus ouverts ?

Quoi qu’il en soit, je quitte la Septième Compagnie. Je souhaite que les vrais égarés soient les seuls à se planter, sans embarquer les autres, fussent-ils de bonne volonté. Quant à Falen, j’espère sincèrement qu’il parviendra à restaurer au moins une infime partie de ce qu’il a perdu. Que la Force soit avec lui !