Histoire des Neuris

Les origines

La tradition établit généralement le berceau des Neuris dans la région de Tamgaly, dans l’actuel Kazakhstan, aux environs de 1500 av. J. C. C’était une tribu d’Asie Centrale, proche des Scythes, crainte pour ses sorciers réputés.

Les Neuris étaient un peuple de chasseurs, proche de la nature et soumis à l’autorité d’un conseil de chamans. Volontiers mystiques, ils éprouvaient à la fois du respect, de l’envie et de la crainte pour le loup. Ce prédateur rusé et social, féroce mais protégeant les siens, présentait à leurs yeux plus d’un point commun avec leur tribu.

Inquiets de la puissance grandissante de leurs voisins Scythes, les chamans Neuris réalisèrent un puissant rituel, liant pour l’éternité l’âme de leur peuple avec celle du prédateur. Pour cela, les sorciers du clan capturèrent autant de loups et de louves que d’hommes et de femmes adultes de leur tribu. Arrachant son âme à l’animal, ils l’insufflèrent à l’homme, par le sang et la magie, tissant des liens que même le temps et la mort ne sauraient rompre. Ce jourlà, les shamans de la tribu forcèrent à tout jamais leur peuple et ses descendants à la cohabitation spirituelle avec le prédateur.

Tous les lycanthropes qui vivent sur Terre aujourd’hui portent le sang de ces Neuris des origines dans leurs veines.

Chaque membre adulte de la tribu se vit ainsi doté de capacités extraordinaires pour chasser ou pour combattre leurs ennemis. Mais désormais, deux personnalités habiteraient leur esprit, et il en serait de même pour les générations futures, le loup se réincarnant éternellement dans les descendants de son premier hôte.

L’enchantement le plus puissant jamais réalisé par les sorciers d’Asie centrale allait ironiquement sonner le glas de leur autorité sur leur peuple. Sous l’influence des loups qui habitaient ses membres, la tribu se délita petit à petit. En effet, le loup préfère vivre en meute d’un nombre d’individus limité, sous l’autorité d’un Alpha plutôt que d’un conseil de sorciers. Les conflits au quotidien causés par la cohabitation de tous ces lycanthropes compliquèrent la vie au sein d’un clan d’une taille aussi importante que la tribu. De plus, personne n’avait anticipé que, parfois, le loup pouvait prendre les commandes pour remplir ses propres objectifs ! Ce ne fut pas sans conséquences sur la vie quotidienne des Neuris.

Petit à petit, la tribu se divisa en plus petites communautés, s’éloignant les unes des autres et s’affranchissant de plus en plus de l’autorité du conseil pour la confier à un chef unique choisi parmi eux. Cette diaspora naissante quitta finalement le giron ancestral et partit découvrir le monde, infiltrant au fil des siècles la plupart des cultures humaines.

Aujourd’hui encore, les descendants de la tribu des Neuris se désignent sous ce nom, en souvenir du rituel originel et de ce lien qui les unit tous, où qu’ils vivent.


Un peu d’histoire…

Au cours des siècles, les Neuris se sont répandus à travers l’Asie et l’Europe, au rythme des conquêtes et des migrations des peuples au sein desquels ils s’intégraient : les Scythes, leurs plus proches voisins, d’abord, puis les Kazakhs, les Huns, les Tartares, les Mongols, les Slaves, les Turcs, les Germains, les Celtes, les Saxons, les Vikings puis les Indiens d’Amérique…

Des peuples plus civilisés comme les Grecs puis les Romains comptèrent également dans leurs rangs de nombreux Neuris. Le poète Virgile témoigne en avoir connu un.

Des traces de leur passage sont décelables dans toutes les cultures eurasiennes, au travers du mythe du Loup-Garou ou parfois de la sacralisation qui était faite du loup. Ainsi, Osiris sous forme de loup était avatar de victoire pour les Égyptiens de l’Antiquité, sans doute une preuve de la participation de Neuris aux batailles de l’époque.

Cette empreinte des Neuris sur les peuples expliquent aussi en partie la peur et l’image négative que le loup évoque pour beaucoup de peuples, notamment dans l’Occident moderne. Les lycanthropes (ou lycans, en abrégé) ne se sont pas fait prier pour participer aux guerres et autres massacres d’Asie comme d’Europe.

Plus encore, on raconte qu’au XVIe siècle, une puissante alliance de meutes regroupant plus de cent cinquante lycans tenta de prendre d'assaut Constantinople. L'assaut fut repoussé par la garde du Sultan devant le palais mais de nombreux Neuris parvinrent à s’échapper. Dès le Moyen Âge et jusqu’à tard dans l’ère contemporaine, l’homme pourchassa ces « loups-garous » avec rage et vigueur. L’Église joua un grand rôle dans ces persécutions et les lycans se trouvèrent souvent sur le même bûcher que les sorcières, en compagnie de pauvres bougres victimes de singularités de la nature, de déficiences mentales ou simplement de la vindicte de leurs voisins. Ces siècles de chasse et de destruction poussèrent les Neuris à la plus grande prudence et à la clandestinité la plus totale, une clandestinité qui perdure encore de nos jours.

Quand les Européens commencèrent la colonisation de l’Amérique, ils eurent la surprise de rencontrer des Neuris amérindiens, descendants des lointaines expéditions vikings. Rares furent cependant les rapprochements Blancs/Indiens rendus possibles grâce à cette « parenté ». Au contraire, il y eut de nombreux combats fratricides entre meutes amérindiennes et meutes européennes. Si elles partageaient des ancêtres communs, elles avaient adopté la culture des hommes parmi lesquels elles vivaient et, la plupart du temps, elles se sentaient plus proches de ces hommes que de leurs cousins d’outre-Atlantique.

Le XVIIIe et le XIXe siècle furent marqués par de nombreux récits de bêtes massacrant des villageois dans les campagnes, la plupart du temps le fait de tueurs bien humains ou de bêtes sauvages mais en de rares cas des Neuris, souvent Solitaires, étaient impliqués. Cela poussa de nombreux pays à se doter de chasseurs spécialisés dans l’éradication des « monstres sataniques ». En France, ce fut la création des Luparis par Napoléon 1er.

Les Neuris ont beau se cacher, ils font partie de la société des hommes et sont impliqués dans leurs conflits. Ainsi on trouva des Neuris dans les deux camps durant les deux guerres mondiales. Conscient de l’existence d’un monde occulte, les nazis notamment n’hésitèrent pas à utiliser leurs Werwolfs ; des Neuris acquis à l’idéologie nazie, comme troupe de choc et spécialistes de l’infiltration. En France, beaucoup de Neuris rejoignirent le Maquis, notamment dans le Gévaudan.


… et un peu de géographie

Aujourd’hui, on peut trouver des Neuris de l’Alaska au Japon, en passant par tout l’hémisphère Nord.

Il n’y a pratiquement pas de meutes dans l’hémisphère sud, à part en Australie où une tragique guerre civile, à l’image du comportement des hommes, a conduit à l’extermination des meutes indigènes par les Neuris européens.

Peut-être est-ce dû à la présence d’autres peuples change- ormes – ou âme-doubles – dans ces zones : budas d’Afrique, naguals d’Amérique du Sud ou autres. Pour autant, les Neuris restent les change- ormes les plus nombreux et les plus disséminés partout dans le monde.


Les Neuris en France

Il n’y a plus de pays des lycanthropes à proprement parler. L’histoire garde cependant trace de pays lycans disparus, comme la Lycaonie au sud de l’actuelle Turquie ou l’Arcadie, une région de notre Grèce, ou l’Irlande parfois surnommée « pays du leu », ou « pays du loup », dans les contes.

La France reste très liée à l’héritage des Neuris. Aucun autre pays n’a davantage de contes et d’anecdotes historiques sur le loup et le loup-garou dans son patrimoine écrit et oral. On pense bien sûr à la Bête du Gévaudan mais aussi à celle des Vosges, au Lai du Bisclaveret, à Mourioche, à Moyset dit l’Homme Noir et aux Meneurs de Loups, une liste loin d’être exhaustive. Au Moyen Âge, le loup-garou partageait avec la Sorcière le statut de créature du diable, s’attaquant aux troupeaux, aux enfants et terrorisant les populations. Cet héritage s’explique par la présence importante des Neuris dans ce pays jusqu’à aujourd’hui encore. Plusieurs dizaines de meute vivent toujours en France.

Et parmi elles, la vôtre.